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Musique

Huntrill : «Tu peux raconter ce que tu veux dans ta musique, mais il faut aussi que ce soit vrai»

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Un pied à Dubaï, un autre aux Pays-Bas, la tête à Londres et les attaches en France : Huntrill a livré BigSTRaat, véritable passeport musical.

Il avait commencé en nous présentant sa Nouvelle Trap, puis, venu le temps de la Trillsaison, Huntrill avait affirmé sa musique en véritable héritière des mixtapes sur DatPiff, qu’il a tant écouté. La parenthèse REPLICA refermée, le rappeur a dévoilé ce vendredi 24 juin BigSTRaat. Un 12 titres frappé d’une tête de mort, symbole de son deuxième véritable opus. Entre les prods d’Hologram Lo’ et les couplets de Ratu$ et Rounhaa, on y (re)découvre un Huntrill à 100% de ses capacités, conscient de ce qu’il sait faire et d’où il veut aller. Les bruits de machines à billets rythmant toujours ses rimes riches, Huntrill a livré un projet plus que convaincant. On en a discuté avec lui.

Huntrill comment tu vas ? Comment tu te sens à l’heure de la sortie de BigSTRaat ?

Ça va, un peu fatigué. J’avais surtout hâte que tout ça sorte car on a beaucoup taffé dessus.

Est-ce que ça fait longtemps que tu bosses ce nouvel opus ?

Je dirais pas que ça fait longtemps que je suis dessus. J’ai bossé certains sons depuis l’année dernière. Mais, à partir du moment où on s’est concentré et qu’on s’est dit qu’on allait en faire un projet ça a été très intense. Donc c’est pas un truc que j’ai fait sur un an, mais à partir du moment où on savait qu’on allait sortir un truc, on a fait que bosser.

On va en parler mais avant ça on regarde un peu en arrière. Comment tu rentres dans la musique ? Quels sont tes premiers souvenirs d’auditeur ?

Je tombe dedans par les States direct. Toute la trap de l’époque, les mixtapes sur DatPiff, les Gangsta Grillz. De moi même j’ai tendu vers toute cette scène-là. Puis on m’a un peu plus influencé sur Londres. J’ai une grande attache à cette ville et j’y vais depuis tout petit. Donc ça a été Giggs, Youngs Teflon, Lethal Bizzle. Tous les trucs que mes cousins et cousines écoutaient quand on était petits.

«Quand j’étais petit, je me prenais un peu pour un cainri’»

En tout cas, tu vas directement chercher des artistes et de la musique qui n’est pas francophone ?

En général, je pense que les gens qui ont commencé par le rap français c’est souvent par leurs grands frères, parce que c’était hyper niché à l’époque. Et moi, mon grand frère, il n’était pas du tout dans ça. Quand j’étais petit, je me prenais un peu pour un cainri’ (rires). Donc non, j’ai pas de grands souvenirs liés au rap français. J’ai eu mes périodes, mais elles sont arrivées après. C’est pas par ça que je rentre dedans, même si j’ai eu une grosse période et que je ne vais pas la renier. Mais ce n’est pas mes débuts.

Et il y a donc un moment où tu te mets à rapper à ton tour. Est-ce que tu te souviens du moment, de l’époque, où tu te dis que c’est ce que tu veux faire ?

Wow, c’est une très bonne question parce que je t’avoue que les groupes par lesquels j’ai commencés, on m’a plus mis dedans parce que j’étais dans la cité. C’était en mode : « Viens, il y a un groupe qui se créée« . Et je pense que c’est vraiment quand tu sors un truc avec le groupe et que t’as des retours, c’est là ou tu te dis : « Ah ouais ça peut être chaud« . Et après t’as tes influences qui commencent à forcément rejaillir sur toi et tu te dis : « Mais en vrai je pourrais faire autre chose« .

Parce que j’étais dans un groupe qui était quand même assez trap et moi je voulais voir autre chose, et parler d’autre chose. Naturellement, je suis intéressé par d’autres sujets que les sujets qu’on peut évoquer dans ce genre de son. Tout ce qui est Rue et tout c’est cool, mais j’ai quand même une grande attirance pour tout ce qui est Mode, Voyages. J’ai quand même un certain personnage, et c’est là ou j’ai commencé à me dire que je pouvais proposer autre chose si je me concentrais vraiment.

Donc la vocation à s’émanciper en solo arrive tôt ?

C’est exactement ça. C’est pas pour lâcher le groupe mais je ne suis clairement pas le plus impliqué des impliqués dans la rue donc ça sert à rien de faire ma musique comme si c’était le cas. Je peux te lâcher quelques street shit, mais en vrai c’est pas ce qui me plaît le plus dans la musique que j’écoute, c’est pas ce qui me fascine le plus dans la vie. Donc rien que le fait de me concentrer sur moi, ma vie, ce que j’aime, m’a fait comprendre que j’avais mieux à proposer en solo.

Cette période en groupe a des répercussions sur toi quand tu te lances en solo ? Positives ou négatives ?

J’ai de grosses difficultés au départ parce que quand t’es en groupe, tu t’en fous de pas mal de choses. Concrètement on était sept, un truc comme ça, donc tu t’en fous totalement. T’es au studio, tu t’amuses. Tu fais un clip : c’est dans ta cité, en bas de chez toi, tu sais très bien que si c’est samedi il y aura tout le monde. T’as besoin de prévenir personne parce que l’information a déjà fait le tour, le son a déjà tourné. Même si le clip sort à 18h, que t’es en cours, tu t’en bats les reins, tu le partageras à 20h. Tout a déjà tourné. T’as pas forcément besoin d’être sérieux.

C’est ça qui m’a mis une grosse claque quand j’ai commencé en solo. Parce qu’au début j’étais pas entouré. Mais je voulais être sérieux dans mon truc parce que j’étais fasciné par les States. Et les States ils ont mis un accent sur l’image, très tôt. Rien que ça : avoir une belle image, avoir des beaux visuels. C’est quelque chose qui m’a toujours fait kiffer, donc quand j’ai pu me concentrer, ça a été une grosse claque de voir à quel point il fallait être sérieux pour pouvoir proposer ce genre de choses. C’est là où j’ai eu beaucoup de mal. Mais maintenant ça va mieux. J’ai pas forcément une équipe beaucoup plus fournie. Il faut apprendre à être partout, penser à tout. Des fois t’es seul au studio avec l’ingé, il faut savoir se débrouiller, payer les prods, l’uploader sur les plateformes.

«Si je sais que dans six mois, je peux faire mieux, j’attends six mois et je fais mieux»

Comme tu nous le disais, on retrouve tes influences dans la trap américaine, c’est quelque chose qui se ressent dans ta musique. Mais tu es aussi énormément porté sur l’écriture et l’importance des rimes. Est-ce que de ce côté là, d’autres ont pu t’influencer ?

Je pense que l’importance de l’écriture vient surtout de mes pré-requis en tant qu’auditeur. Pour kiffer un son, je dois prendre des gifles, et pour prendre des gifles, il faut des phases qui en mettent. C’est plus ma manière de kiffer le son qui fait que je fais juste les sons que j’aurais kiffé entendre. Avec ces questions, j’ai du mal à citer un tel ou un tel. C’est juste qu’en vrai, pour que je kiffe un son, faut me scotcher sur une punch, qu’elle soit bien placée sur la prod. Et j’essaie juste de créer ce genre de momentum. C’est ce qui fait que j’accorde de l’importance sur la rime. J’ai pas vraiment d’influences, ça peut m’arriver sur n’importe quelle langue, français ou anglais, faut juste que ça me scotche.

Avant Nouvelle Trap, t’as un premier projet, Starter Pack, qui n’est jamais sorti. Comment ça se fait ?

(Rires) L’info de fou. Je m’y attendais pas. (Rires). Starter Pack. Comment ça se fait ? Je pense que c’est ma manière de bosser. C’était censé être ma carte de visite Starter Pack, comme le nom l’indique. C’était hyper bien ficelé, je crois qu’il y avait quatre sons. Mais en vrai, je pensais juste pouvoir faire mieux. Et même si c’était très chaud à l’époque, je pensais pouvoir faire mieux. Et entre le moment où j’ai scellé l’EP, je me suis dit : « Vas-y on sortira Starter Pack« , je suis retourné au studio. Si je sais que dans six mois, je peux faire mieux, j’attends six mois et je fais mieux.

La sortie de Nouvelle Trap est pas si lointaine, mais on a l’impression que c’est un Huntrill différent que celui qui s’apprête à sortir BigSTRaat. Quels souvenirs tu gardes de cette époque ?

C’est l’Huntrill très en recherche. Même si j’étais déjà dans la bonne direction, mais je pense que je me cherchais encore, c’était un peu fébrile, un peu plus fragile dans le personnage. J’en garde des bons souvenirs. C’est l’époque ou ça commence à prendre, tu commence à avoir des retours qui sont au-delà de ta zone habituelle. Donc forcément c’est des bons souvenirs de voir que ça peut te soutenir depuis certaines villes. C’était les vrais débuts. On commence à kiffer en live, tu fais des salles devant 20 personnes, puis après il y en a beaucoup plus. T’as toujours à convaincre quand tu montes sur scène, parce que tu sais qu’on ne te connaît pas. C’est le bon charbon.

S’en suivra une petite période où on te perd un peu de vue. Puis, fin 2020, tu reviens avec Trillsaison. On a l’impression que ce projet est une sorte de nouveau départ dans ta carrière. Avec un peu de recul quel regard tu portes sur ce projet ?

Il y a un peu de ça. Je pense que ça se fait aussi naturellement. Je suis plus énervé, je ne suis plus en mode carte de visite. J’ai vraiment envie de rapper, je me sens vraiment dedans. Maintenant je rappe comme si je faisais vraiment partie du truc, et c’est pour ça qu’il y a un gap temporel entre Nouvelle Trap et Trillsaison. Je me suis concentré sur ce que je sais faire le mieux, j’ai réfléchi à là où je voulais aller, et c’est comme ça que je peux faire un Trillsaison.

Au sein de Trillsaison, il y a notamment Louis DonDada qui pose deux prods. S’en suivra REPLICA, entièrement produit par ses soins et plus globalement l’impression que t’as créé des vrais liens avec toute cette équipe. Quelle importance a cette rencontre avec l’écurie DonDada dans ta musique ?

Déjà c’est lourd, parce que quand tu reçois des retours de gens qui sont établis comme ça dans le jeu et que toi même t’écoutes un peu, ça a forcément son poids. Après sur la création, la production musicale, j’avoue que c’est plus Louis avec qui je bosse vraiment, qui donne beaucoup son avis. Le reste c’est plus de simples retours. C’est des artistes au même titre que moi, donc je vais pas attendre d’eux qu’ils m’aiguillent ou quoi que ce soit, par rapport au rôle que peut avoir Louis.

«Le fait qu’Hologram Lo’ et l’équipe DonDada soit là, c’est cool»

Pour tout te dire on pensait qu’il y avait de vraies relations professionnelles avec le label. Le clip de « Le Jour De La Signature » était notamment sorti sur DonDada Télévision…

Coup de trafalgar (rires). C’est une question qu’on me pose énormément en off, mais la relation qu’on a est plus importante qu’une signature ou qu’un contrat. Je suis dedans, c’est juste qu’en ce qui concerne le business, ça serait plus avantageux que j’affirme ma marque. Parce que je suis arrivé avec Trap Basel concrètement et j’y ai sorti tous mes projets. Le fait qu’Hologram Lo’ et l’équipe DonDada soit là, c’est cool. Mais on a jamais parlé de cet aspect contrat parce que c’était presque automatique dans nos têtes que je suis dans l’équipe. Je suis venu aussi pour affirmer mon truc, faire ma place. Ça reste une forte affiliation, beaucoup plus en privé qu’en public, et c’est mieux qu’un contrat. C’est carrément des potos.

Parlons donc un peu de REPLICA. Comment le projet s’est construit ?

Comme on le disait, sur Trillsaison, Hologram Lo’ avait deux prods. Et quand j’arrive sur la fin du projet, mix/mastering, il me dit : « On a deux sons, viens on en bosse un de plus et on sort un EP« , sans savoir forcément sur quoi je taffais. Mais si j’enlevais ces deux là, le squelette de mon EP changeait complètement. Et même si l’opportunité était grandiose, je ne pouvais pas sacrifier mon petit EP, pour un 3 titres. Donc je lui ai dit : « Si j’enlève ça, mon squelette il est foutu« .
Mais en vrai, pas de galères. On taff, on se voit beaucoup en studio, donc il y allait forcément avoir deux, trois, quatre, cinq prods pour faire un truc. Et tout au long de l’année 2021, on a fait que de l’échange de prods. Même si j’étais pas forcément en France et lui non plus, mais on s’est quand même envoyé des packs. Je pense qu’on a fait facile une dizaine de sons sur cette année 2021. « Bitcoin » et « Rotschild Flow » sortaient du lot, donc on s’est dit qu’on allait en faire un troisième dans cette esthétique pour en faire un EP. Au final, ça aura duré toute l’année REPLICA. Et ça a mis presque entre parenthèses le fait que moi je bosse sur un projet.

D’ailleurs l’EP est une petite parenthèse musicale entre Trillsaison et BigSTRaat. Contrairement à ces deux-là, très trap, REPLICA a une esthétique un peu plus boom-bap et old-school.

Ouais grave. C’est que lui il fait des prods qui sont hyper bizarres, vraiment difficiles. Même si sur BigSTRaat, il fait des trucs qui sont un peu plus dans mon champ, mais elles ont toujours sa patte. La plupart des prods qu’il m’envoie, de base je les prends pas. Et il me dit : « Non, t’inquiète, ça c’est pour toi« . Et les trois prods de REPLICA ça s’est passé comme ça.

Tout ça nous amène aujourd’hui à BigSTRaat. Avant cette année, il y avait eu deux projets en deux ans, là en comptant aussi REPLICA on a eu droit à deux projets en quelques mois. C’est une véritable envie de se montrer plus productif ?

J’hiberne après ça (rires). Non plus sérieusement, désormais je suis mieux entouré. Ma manière de taffer à changer, j’ai plus besoin d’aller pêcher sur YouTube ou quoi, j’ai des compos, j’ai des sessions, ce qui fait que je peux faire plus de bons sons dans un laps de temps plus serré. Donc j’espère que ça va continuer comme ça. Après ça dépend des sons que je peux produire aussi. Je m’en suis toujours foutu des dates, c’est vraiment que la qualité qui prévaut.

C’est aussi ton projet le plus long, avec douze morceaux. Là aussi il y avait l’envie de produire plus où c’est par la force des choses ?

Un mix des deux. Il fallait sortir du format court. Il faut prouver. On fait genre on s’en fout un peu mais il faut prouver que t’es capable de captiver pendant douze titres et faire douze bons titres, tout en se montrant cohérent. Et il y a autre chose. J’ai attendu la sortie de REPLICA pour enchainer. Donc j’ai continué à aller en studio, en studio et en studio. Au final je me suis retrouvé avec beaucoup plus que prévu dans ma short-list, beaucoup plus de bangers, et la sélection finale s’est agrandie. Mais j’ai même pas l’impression d’avoir bossé un douze titres. Et puis en considérant Trillsaison comme un EP et REPLICA comme un projet à part, BigSTRaat est mon deuxième véritable projet après Nouvelle Trap. Donc j’ai aussi eu plus de temps.

BigSTRaat, qu’est ce que ça signifie ?

C’est un surnom qu’on m’a donné aux Pays-Bas. J’y suis beaucoup, j’ai une équipe, j’ai des potos là-bas. Et c’est un des mots qui me captivait le plus là-bas : « Straat ». Je le dis souvent en ce moment, notamment dans mes adlibs. C’est vraiment tout bête, ça veut dire la rue.

Huntrill BigSTRaat

D’ailleurs, dans ta musique les destinations étrangères ont toujours été présentes. Au départ c’était Londres. ensuite il y a eu Dubaï et sur BigSTRaat il y a donc les Pays-Bas. T’as même une phase dans « Terminal 7 » où tu dis : « Je vois pas mon avenir dans ce pays« . Qu’est ce qui t’attire autant à l’étranger ?

En vrai, il faut le vivre pour le croire. Je pense que c’est le calme. J’ai pas eu le vécu le plus simple. Je déteste pas la France pour ce qu’elle est mais surtout pour les souvenirs que je peux avoir ici. Donc quand je vais à l’étranger, c’est toujours un bol d’air frais. Même quand j’y vais pour une très longue période, même quand je m’inscris dans une routine comme en 2021 où j’ai passé la moitié de l’année à l’étranger, c’est un bol d’air frais. Ce qui est pas toujours vrai quand t’es dans une routine et que ça devient un peu chronophage, mais le fait d’être loin de là ou je peux avoir des mauvais souvenirs c’est un bol d’air frais. Je suis pas en mode « Nique la France, nique le système ».  C’est surtout l’attrait d’ailleurs qui parle.

En écoutant le projet on s’est fait la réflexion qu’il aurait limite pu s’appeler Nouvelle Trap 2. Il y a eu le raz de marée drill, et la trap paraît moins en mouvement qu’à une époque en France. Il y avait une volonté d’insuffler quelque chose de neuf dans tout ça ?

Clairement ça aurait pu s’appeler Nouvelle Trap 2. Ça a toujours été la raison pour laquelle je fais de la musique et c’est pas pour rien que mon premier projet portait ce nom. Si je ne peux pas ramener quelque chose de nouveau, autant écouter le reste. Je suis toujours dans cette démarche là : pouvoir ramener ce qu’il peut manquer. Sans être arrogant du tout. C’est juste que si je rapporte pas ma touche ça sert à rien que je le fasse. C’est toujours mon leitmotiv quand je fais mes projets. Donc ouais, il aurait pu s’appeler Nouvelle Trap 2, parce que ça reste de la nouvelle trap. Mais j’avais envie de marquer le coup avec quelque chose de plus officiel que juste un Volume 2. Mais je garde la cartouche pour un futur truc.

C’est ce qui t’amuse le plus en studio la trap ? T’as l’air de prendre énormément de plaisir tout au long du projet, chercher des mélos ou parfois des tucs plus tranchants.

Ouais clairement. Après, il y a la drill aussi qui est assez drôle pour moi, avec mes « Fuck la drill », où je peux vraiment me lâcher. Mais t’as tout le champ des possibles dans la trap, t’y fais vraiment ce que tu veux. J’ai clairement envie d’y prendre du plaisir. En plus maintenant, comme j’ai dit, je taffe avec des compositeurs donc ça peut être des prods à la carte comparé à avant, à l’époque Nouvelle Trap où c’était impossible de modifier des prods. Je peux plus me lâcher et on s’amuse.

Parlons un peu des featurings et de Ratu$. Pourquoi tu le ramènes sur le projet et comment la connexion s’est faite ?

De base, je me souviens qu’on parlait avec Hologram Lo’. On parlait de rap français, on se foutait de certains trucs et je contrais pas mal de ces arguments. Il a fini par me poser la question : « Mais toi qui est-ce qui t’a mis une gifle en rap français là ?« . Et je lui fais un audio : « C’est Ratu$« . Il me dit : « On est hyper connectés. Vas-y vous irez en studio ensemble. » Donc ça c’est fait comme ça. Et après, la connexion se fait, on commence à se capter, mais pas direct pour faire de la musique. Ça reste au studio, mais c’est pas pour nous. Il y a tout un éco-système qui fait qu’on peut s’y croiser pas mal de fois. Parce que ça traîne en studio tout le temps. Sans même faire du son, mais ça y traîne.

Du coup avec Ratu$, ça se connecte et un jour il y a cette prod qui tombe. Je pose dessus, ça lui parle et let’s go. Ça s’est fait vraiment naturellement. Ratu$ c’est quelqu’un qui est très focus sur l’humain. Et c’est même lui, quand on s’est rencontrés pour la première fois, qui m’a dit : « Viens on passe du temps ensemble, tranquillement, et le son se fera quand il doit se faire« . Du coup, on a pas mal discuté, traîné et il y a une certaine authenticité chez lui qui me parle. Tu peux raconter ce que tu veux dans ta musique, mais il faut aussi que ce soit vrai. C’est quelqu’un qui accorde de l’importance à ça aussi. Et ça se ressent sur le morceau. On se connaît donc on a pas peur de lâcher des idées, quand c’est pas bon on sait se le dire, et c’est naturel.

Vient ensuite une collaboration plus inattendue, mais plus séduisante aussi : celle avec Rounhaa.

Carrément. Elle s’est pas faite dans la même démarche, mais elle s’est faite dans le même état d’esprit. C’est comme ça que je pense mes featurings, parce qu’habituellement je n’en fais pas. Avec Rounhaa, on s’était follow peu après REPLICA. On s’était DM vite fait et j’écoutais un peu ce qu’il faisait. Il sort son album, MÖBIUS, et le premier single, « MUSICS SOUNDS BETTER WITH YOU », j’avais kiffé mais je savais que c’était pas forcément ce que j’ai l’habitude d’écouter. Je lance son album, et ça kick de fou. C’est un truc de ouf ! Je me suis dit : « Mais c’est un fou ce type, il est pas normal » (rires). À partir de là, je savais qu’il me fallait son truc.

Je le DM, je lui dis de venir kicker comme ça sur l’album des autres. Lui direct ça lui parle. Au final le son est hyper digital, un peu dans l’ambiance de son album, et j’ai réussi à avoir ça tout en restant moi même. Elle est là la beauté de ce son. C’est qu’en fait, personne n’a fait de compromis. On a juste trouvé l’équilibre parfait entre nos deux musiques. L’association des blases est assez inattendue mais aussi dans le son qu’on a proposé.

Si on oublie Alpha Wann sur REPLICA, c’est tes deux premières collaborations. Est-ce que c’est un truc qui te plaît et que t’as envie de renouveler par la suite ?

Ouais. Mais vu que j’en ai pas fait beaucoup et que pour l’instant je suis satisfait de 100% d’entre elles, je vais tout faire pour que ça continue comme ça. Je veux pas aller n’importe où, n’importe comment. Je veux surtout faire en sorte que ça se passe tout le temps bien et que je puisse travailler qu’avec des artistes qui me mettent des tartes. Et je me dis pas que je vais forcément en faire plus parce que c’est pas ma manière de travailler. Mais voilà, le prochain qui me mettra une gifle je l’inviterai, et ainsi de suite.
En tout cas je me gène moins qu’avant. Je pense que ça va aussi avec ton actualité. Les feats que j’ai, je les ai eu autour de REPLICA. J’ai une sortie, on voit ce que je fais, ce que je sais faire, donc c’est plus facile. Alors que quand t’es mi-2021, que t’as rien sorti depuis six mois et que ta dernière sortie c’était un EP, t’écoutes un truc et c’est chaud, tu te dis pas que tu vas l’inviter. Tu laisses tomber.

Après, quand on parle de collaborations c’est un peu particulier. J’ai l’oeil beaucoup plus porté sur les compositeurs plutôt que sur les artistes. Si on parle de mecs avec qui je voudrais travailler je parlerais plus de compositeurs et j’ai réussi à en avoir pas mal dans mon projet. Surtout que c’est une dinguerie ce qu’il se passe en compo en France aujourd’hui. C’est le moment de leur accorder de l’importance, parce qu’ils sont carrément dans le même wagon que nous. Faut qu’ils montent avec nous et qu’on montent avec eux.

«Le rêve ultime ça serait de faire une tournée»

T’en parlais un petit peu avant. La scène et le live c’est quelque chose qui te plaît ?

Je kiffe la scène. Après j’ai surtout eu des scènes où c’était à moi de convaincre le public. J’ai jamais eu des scènes où j’arrivais et mon blase était établi et je peux poser le micro ça rappe pour moi. Donc ça a toujours été des challenges et des défis et c’est ça que je trouvais lourd. Après ça fait longtemps que j’ai pas eu de scènes, donc c’est toujours quelque chose d’excitant mais il y a peut-être une petite forme d’appréhension maintenant. Le rêve ultime ça serait de faire une tournée. Et c’est ce projet qui nous dira ce à quoi je peux prétendre. Mais j’irai dans cette direction quoi qu’il arrive. Et si c’est pas ce projet, ça sera le prochain.

En 2019 tu parlais de la Réussite comme : «Être content de ce qu’on a fait à 100% musicalement». Est-ce qu’aujourd’hui Huntrill a réussi ou il reste encore des choses à accomplir ?

Lorsque moi je me permets de vous proposer un douze titres, je sais que je suis au max de ce que je peux faire à ce moment-là et je suis 100% sûr de moi et de mon talent. Après, forcément quand je retournerai au studio, la barre sera encore plus haute et je réussirai à l’atteindre dans un certain laps de temps. Et si ça prend un an, dans un an je re-proposerais un truc où je serais à 100%.

Mais quand je dis que la Réussite c’est ça pour moi, c’est dans le sens où si demain je propose un projet, soyez sûr que j’aurais pris le temps de tout essayer. Même quand t’as des sons comme « thugFeelings », des sons un peu love, c’est des trucs que je faisais déjà depuis longtemps et qui aurait déjà pu être dans Nouvelle Trap. Mais je me sentais pas forcément prêt, parce que je savais que je pouvais mieux le faire. Et là je considère que « thugFeelings » c’est vraiment ce que je peux faire de mieux à ce moment-là. Donc il est dans le projet.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Que tout le monde kiffe le projet. J’ai donné 100% de ce que je pouvais. Que les gens comprennent là où je veux aller. Le reste, on travaillera deux fois plus et si c’est pas avec celui-là, ça sera le prochain.

Huntrill – BigSTRaat

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