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Rounhaa : «MÖBIUS c'est l'histoire de ma vie, en boucle» Rounhaa : «MÖBIUS c'est l'histoire de ma vie, en boucle»

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Rounhaa : «MÖBIUS c’est l’histoire de ma vie, en boucle»

© Ihnid

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À l’occasion de la sortie de son troisième projet, MÖBIUS, on a rencontré Rounhaa pour parler mode, prods et influences.

Artiste émergent de la nouvelle scène rap francophone, Rounhaa s’est fait repérer avec Yeratik et Horion. Amoureux du rap, il revient aujourd’hui avec MÖBIUS, véritable tour de force qui prouve une fois de plus sa versatilité. Naviguant entre kick et mélodies, le rappeur suisse semble désormais avoir construit son propre univers. Comprenant plusieurs collaborations avec Khali, J9ueve et Gio, MÖBIUS plonge ses auditeurs dans une nouvelle dimension. Avec des productions spectaculaires, un niveau qui ne fait qu’upgrade, Rounhaa emmène le public dans sa bulle, au sein d’un voyage musical planant et jouissif. Rencontre avec une promesse tenue de la nouvelle scène.

Salut Rounhaa, comment tu te sens maintenant que MÖBIUS est sorti ? T’as pu prendre un peu de recul sur ton travail ?

Musicalement parlant, faut que j’me pose et que je le réécoute à la bien pour avoir vraiment du recul. Ce que je pourrais dire, c’est que je suis grave content. J’ai eu des retours de fou, les gens ils ont capté. Les choses se passent encore mieux que ce que je pensais grâce au taf que j’ai fourni, grâce à Dieu. C’est cool.

Est-ce que tu peux m’expliquer le titre du projet ? 

Sans trop rentrer dans les détails, pour laisser de la recherche et du mystère, le ruban de Möbius, c’est un mot que j’ai aimé, visuellement parlant déjà. Le tréma sur le O, I-U-S à la fin, je trouve le mot élégant. Quand je l’ai découvert, je suis allé voir ce qu’il voulait dire. J’ai tout de suite trouvé le ruban de Möbius, et j’ai découvert que celui-ci était utilisé dans beaucoup de choses dans la vie de tous les jours. Par exemple, le sigle du Crédit Agricole ! Le signe de l’infini vient aussi de ce ruban. Quand j’ai commencé à faire ce projet, je savais déjà qu’il allait s’appeler comme ça. Même avant Horion, mon dernier projet avant MÖBIUS. Quand j’ai commencé à faire le projet, musicalement, à parler, à écrire, je me suis dit que j’allais parler des mêmes choses dont j’avais déjà parlé, mais en mieux. En plus clean. Et en plus contrôlé. Et j’ai capté que j’étais toujours dans la même boucle, dans les mêmes problèmes. Ça prenait tout son sens. C’est vraiment l’histoire de ma vie, en boucle. C’est pour ça que je l’ai appelé comme ça.

C’était quoi l’idée derrière la cover ?

La cover va un peu plus en profondeur dans ce délire-là. Il y a le démon qui a une clé, devant une serrure qui s’apparente à être la sortie. On dirait qu’il nous fait une proposition. Est-ce que t’y vas ? Est-ce que tu prends la clé ? Qu’est-ce que tu fais ? La cover est une question. Ce projet, il représente un peu ça, pour moi. Par rapport à mon éthique et à ma vie, la musique c’est un milieu qui est spécial et très paradoxal. Par rapport à ce que je veux faire dans ma vie. J’ai envie de construire une famille, dans la vraie vie je suis très introverti, je parle pas beaucoup de moi. Quand je ne vais pas bien, ça ne se voit pas. C’est un immense paradoxe. T’es introverti, tu fais des morceaux que tout le monde écoute. La cover représente vraiment ce paradoxe. C’est à dire qu’il y a la porte de sortie devant moi, mais la clé est peut-être pas aussi bien que ça *rires*.

T’es introverti, et pourtant tu te livres beaucoup dans tes morceaux. La musique, c’est une sorte d’exutoire ?

C’est grave bateau, mais en vrai c’est exactement ça. Quand les problèmes te restent trop longtemps dans la tête, ils pourrissent. Il faut les faire sortir. Et ma manière de les faire sortir, c’est écrire, faire de la musique. Pas forcément sortir de la musique, mais en faire.

T’as eu des retours du public ? Ça donne quoi ?

Les gens kiffent. J’ai l’impression qu’ils ont compris. Heureusement, il y a aussi des gens qui ne kiffent pas. Tant mieux, en vrai. Enfin, après, il n’y en a pas beaucoup *rires*. Il faut chercher, mais j’ai eu 2-3 délires. C’est ça la musique, et le rap particulièrement. C’est un challenge. Il faut qu’il y ait des embûches. Mais j’ai pas trop vu de bons arguments. Et puis en règle générale, ils ont capté. Ils ont compris la musique de la manière dont je voulais qu’ils la comprennent. Et ouais, ça se passe. Je suis content. Maintenant, ça me pousse juste à faire mieux et j’ai encore plus la dalle. Je ne me sens pas rassasié.

© Paitaaa

Rounhaa : «À part la musique, il n’y a pas grand chose qui me maintient debout»

Quand t’as annoncé la sortie de ton projet, t’as publié un petit message sur tes réseaux. «J’me suis senti coincé de fou. J’ai réfléchi. J’me suis pris la tête, beaucoup, sûrement trop». Qu’est-ce que tu voulais dire ?

Quand je parlais de me sentir coincé, c’était par rapport à ma vie. Moi, à part la musique, il n’y a pas grand chose qui me passionne, qui me maintient debout. Déjà, je trouve que ça c’est triste. Par exemple, moi, j’aimerais trop kiffer l’école. J’aimerais trop être un fou des études. Il y a des gens qui sont comme ça. Quand je dis que je me suis senti coincé, c’était par rapport à ça. Est-ce qu’il y a vraiment que la musique ? Quand j’ai sorti Horion et tout mes projets avant, j’étais satisfait mais je sentais que je pouvais aller plus loin. Après, tu fais plein de musique pendant longtemps, tu ne te rappelles même plus si t’es chaud, si t’es pas chaud, c’est spécial. Hormis la musique, dans la vie de tous les jours, comment t’évolues ? Est-ce que t’évolues ?

Tu dis que l’école, ce n’est pas ton truc. Pourtant, tu as fait des études en arts appliqués, option création de vêtements. 

J’ai quitté ces études pour la musique. C’est vraiment ma deuxième passion. Je regrette pas, mais c’est dommage que j’ai du lâcher ça. C’était une école qui me prenait énormément de temps et d’énergie, que ce soit mental ou physique. Dans l’école où j’étais, la mode, ça devait vraiment être ta life. Et moi, ma life, c’est la musique. C’est pas autre chose. 

La mode est aussi une forme d’art.

C’est de l’art, oui, mais je faisais de la haute couture, et avant d’être de l’art, c’est d’abord des mathématiques, une précision de fou malade. Si tu rates un seul point, tu peux plus vendre ta pièce. C’est des prises de tête de fou, des réglages de problèmes. Un motif, une couture, devant, derrière, pour que ça se rejoigne… Des trucs de fou. C’est vraiment complexe. Le seul moment où il y a de l’art dedans, c’est au dessin. C’est à une seule étape du processus. Comment tu conçois ton vêtement quand tu le dessines ? Ta créativité, elle tourne. Ça s’appelle du stylisme. Ce que je faisais, c’était du dessin de mode, du patronage, de la couture, des retouches. Il y avait plein de disciplines dans ce que je faisais, et l’art représentait vraiment une petite partie. À côté de ça, je faisais ce qu’on appelle une maturité professionnelle en Suisse. C’est à dire que j’avais mes cours de couture, mais aussi du français, des maths, et tout.

Ces études t’ont appris des choses que tu peux mettre à l’œuvre dans ta musique ?

Bien sûr, de fou. Une rigueur de fou. Quand je suis rentré là-dedans, j’ai commencé à capter comment on conçoit un vêtement. Et en fait, concevoir un vêtement, c’est tout prévoir. Vraiment tout prévoir. Et ça m’a aidé de fou dans ma musique. Ce morceau-là, il va faire quel effet ? Ce morceau-là, est-ce qu’il serait bon sur scène, est-ce que je le clippe ? Quand je suis en train d’écrire un morceau, je pense déjà à la scène, au clip, à plein de choses. La mode, ça a développé un muscle par rapport à ça.

Encore sur le texte que t’as publié sur les réseaux, tu dis «j’suis toujours dans la montée à rêver de la descente, dans mon paradoxe». Ça veut dire quoi ?

T’es en train de monter un escalier, tu te dis bon, c’est quand que je descend un peu quand même ? Pas forcément descendre, mais c’est quand que c’est plat au moins ? Être dans la montée à rêver de la descente, c’est un paradoxe. Peut-être qu’en vrai, pour descendre, il faut se retourner et reculer. C’est dans ce sens-là. Toujours faire l’effort, en rêvant du jour où je serai posé. Mais est-ce que ça va arriver ?

 

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Sur MÖBIUS, on a l’impression que tu te fais encore plus plaisir sur les prods, sur le style, les temps et tout par rapport à Horion. Il y a même des vibes un peu électro. Comment tu choisis tes prods ?

De ouf. En fait, sur tous mes autres projets, je n’étais pas tout seul à faire mes choix. Je travaillais avec des gens avec qui je ne travaille plus aujourd’hui. C’est le vrai premier projet où je me suis vraiment écouté, à 2000%. Du coup, quand il a fallu prendre des décisions, choisir des prods… Si on prend la prod de « MUSIC SOUNDS BETTER WITH YOU », c’est la première fois où il y a une prod un peu électro et que ça ne me bloque pas. Je ressens simplement l’émotion qu’abel31, qui a fait la prod, a mis dedans. Et let’s go. Je ne me pose pas plus de questions que ça. Dès qu’il y a l’émotion, le truc, que je sens qu’il y a quelque chose à faire, j’y vais.

T’as feat avec J9ueve, Khali et Gio sur ce projet. Est-ce qu’il y a d’autres artistes avec qui t’as pas encore collaboré et avec qui tu aimerais le faire sur la scène rap actuelle ?

Non. Moi, mon rappeur préféré de mon âge, c’est Khali. Et c’est le sang de fou. J’ai déjà collaboré avec lui, et ça va continuer à fond. C’est le plus chaud. Donc j’ai pas trop d’autres envie de collaborations. Après, musicalement, ça peut se faire. Je ne dis pas que ça ne va pas se faire. Mais une envie, vraiment, j’en ai pas actuellement.

Quelles sont tes influences ?

Mes vraies influences, en tout cas françaises, c’est Disiz, Alpha Wann et Laylow. C’est des gars que j’ai vraiment écouté, qui m’ont touché sur plein d’aspects. À part eux, il n’y en a pas vraiment d’autres. Après, quand je dis influence, je le dis sans avoir peur de ce que ça peut vouloir dire. Mais je parle d’une influence quand j’étais plus jeune. C’est des gens que j’ai écouté, qui m’ont fait aimer la musique. Pas forcément une influence qui va me pousser à faire un morceau de telle ou telle façon, mais c’est eux qui m’ont fait kiffer. Bien sûr, il y a un patronat, forcément. Tu peux ressentir plein d’aspects d’artistes dans mon univers, vu que c’est ce que j’ai écouté, c’est ma base musicale.

En parlant de Disiz, t’as récemment signé à Sublime, son label. Pourquoi ?

Ils ont une putain d’équipe. Et c’est logique. Par la force des choses, les planètes s’alignent toujours. Il y a une putain d’ambiance, ils ont capté ce que je voulais faire. MÖBIUS, j’ai quasiment tout fait tout seul, et à la fin, ils ont mis le petit coup de collier qu’il fallait.

Du coup, t’assures les premières parties de Disiz pendant sa tournée. Tu kiffes ?

À fond. C’est trop stylé. C’est une bête d’expérience. Chaque ville, il se passe un bail. Tu kiffes, tu fais kiffer les gens. C’est trop bien. C’est une opportunité incroyable de faire le tour de la France à mon niveau. Et même d’aller dans d’autres pays, on était à Bruxelles là. C’est trop cool.

Tu comptes faire des scènes de ton côté ?

On est en train de voir ce qui est possible. Sans trop donner d’infos, c’est incontournable en vrai. La scène, c’est hyper important pour moi. J’ai envie de faire vivre le truc en live.

En quelques années, t’es passé d’Outsider à un artiste hyper prometteur qui est en train de se propulser sur le devant de la scène. Qu’est-ce qui a changé pour toi ?

La musique a la même place. C’est de la passion, avant tout. Ce qui a une place différente, c’est ce que j’en fais, comment je la sors, comment je la défend ? Mais la musique, c’est toujours la même. Le kiff, le pur kiff.

T’as des projets pour la suite ?

Non, j’arrête, c’était mon dernier projet *rires*. Bien sûr que j’ai des projets pour la suite. On va voir comment ça se profile, mais ce qui est sûr, c’est qu’on va encore plus faire les choses à fond. Encore plus faire de la bonne musique.

Que peut-on te souhaiter alors ?

Des bonnes prods *rires*. Et être riche, aussi.

Un mot de la fin ?

S/o à Interlude. Let’s go, c’était bien cool.

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