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Musique

404Billy : « Je me devais de recharger les batteries »

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404Billy aurait du poser sur un morceau avec Damso et Nekfeu

Au sein d’un vendredi 10 décembre très chargé 404Billy a fait son retour avec la mixtape 100. Rencontre avec un rappeur unique en son genre.

L’imagerie est sombre et la musique n’est pas plus lumineuse. Depuis 2018, 404Billy s’emploie à développer son univers où les couleurs se font rares. Après deux années plus silencieuses, le rappeur a signé son grand retour d’une mixtape assassine : 100. Loin de se mettre quelconque pression, 404Billy le fait pour ses fans, sa Nation. C’est souriant et détendu qu’il nous a parlé de ses débuts et de cette mixtape. Une mixtape qui lui a permis de recharger les batteries et d’ouvrir un nouveau chapitre dans sa carrière, qui devrait être ponctué d’un album. Entretien avec le rappeur le plus sombre du game.

Billy comment tu vas ? Comment tu te sens à l’idée de sortir de cette nouvelle mixtape ?

404Billy : Tranquille. On sort la ‘tape, pas de pression. On fait ça pour ceux qui nous suivent et voilà, pas de prise de tête.

Ça va faire un an après le dernier projet…

Deux ans même. 21Visions je le compte pas comme un projet. C’était un petit truc comme ça, des sons qui trainaient. On a décidé de les balancer comme ça parce que ça faisait longtemps qu’on avait pas sorti quelque chose. Mais c’est pas un projet que je compte parmi mes projets à part entière. Donc pour moi ça fait deux ans, depuis Supernova en décembre 2019.

T’as décidé de prendre ton temps avant d’opérer ton retour ?

Ouais, à un moment donné j’ai testé des trucs aussi. J’ai pas été deux ans sur le projet, j’ai fait des trucs et on va dire que j’ai passé un an sur le projet max. Et encore, je suis gentil. On parle en mois. Ça a été plutôt rapide, la plupart des sons que j’ai gardé dans le projet je les ai enregistré vers la fin, dans les deux trois mois qui ont précédé la fin du projet.

Ça commence à faire pas mal de temps que t’es dans le rap. Quel regard tu portes sur ce début de carrière ?

Pour moi ça a vraiment commencé en 2017-2018. Ça a vraiment commencé à Hostile, en 2018. Faut savoir que je suis dans le rap mais sans y être en fait. Je fais du rap, mais je suis un peu à l’écart, dans mon coin, je fais mon truc, même si je peux faire des feats. Je suis arrivé j’ai balancé ce que j’avais à balancer et j’ai pas appris à faire connaissance avec le game, Mais je prends mon temps, je balance mes trucs et ça arrivera quand ça arrivera. Peut-être qu’être une superstar ça arrivera jamais, peut-être que ça sera le cas, on peut pas savoir.

T’en as envie de ça ? D’être une superstar ?

Non moi j’ai envie de rester dans ma musique, pas de faire autre chose pour aller chercher un public. Et je veux juste avoir une communauté solide et faire ce que j’aime. Après si un jour ma communauté me fait remplir un Bercy, je vais pas me plaindre.

Surtout qu’aujourd’hui rien n’est impossible, quand on voit le succès de certains rappeurs comme Freeze ou Alpha qui sont dans ce genre de carcan. Ça t’inspire ?

C’est bien pour le rap, après m’inspirer… Chacun son parcours. Mais par exemple un Freeze il est sur la tendance drill aussi, ce qui peut aider. Mais pour avoir écouté des trucs de lui à l’ancienne, c’est bien, ça prouve que tu peux rester dans ton truc et qu’un jour ça t’arrive. C’est pas une inspiration, c’est plus une validation de ce que je disais depuis le début. J’avais raison. Je pensais déjà que c’était possible et ça me l’a confirmé.

@lou_bet

Retour en 2019, juste après Process aurait du sortir un album. Tu en avais parlé mais cet album n’est jamais sorti. Pourquoi ?

Moi j’étais chaud, je me disais que j’allais faire un album. Mais on avait décidé de sortir un projet 4 titres, qui devait être Supernova, mais finalement comme je suis généreux avec ma Nation, je voulais leur donner un vrai projet. Et après ça j’ai eu des galères personnelles. Puis, quand ça a été le moment de revenir, je me suis dit que c’était trop tôt pour sortir l’album. Il n’y a pas assez d’attentes. Pour moi un album c’est sacré, surtout que je suis en train de bosser vraiment un univers autour. Donc quand j’entends cette mixtape, même si elle est très bonne, je me dis bien que c’est pas mon premier album.

Donc t’es en train de bosser dessus ?

Voilà. Après je préfère rien dire de plus parce que si je redis ça et que je ressors pas l’album on va me dire que je suis un menteur (rires). En fait je suis dessus, et je pense que quand les gens vont l’écouter ils vont comprendre pourquoi ça a mis du temps.

En sachant du coup que t’as un album qui arrive après, comment tu vois ce projet ?

Ce projet, c’est plus pour les gens qui me suivent. Si ça ramène d’autres gens c’est bien. Ça reste dans la même veine que ce que j’ai toujours proposé. Il y a une évolution, c’est pas la même chose non plus, mais on reste cohérent. Je vais pas passer du coq à l’âne. Après j’ai pas de pression, je sais que je vais pas faire des chiffres énormes. Que je vende 5 CD où 100.000 je m’en fous. Parce que c’est pas comme si j’étais le buzz du moment, je sors mon truc et ça peut flop. Zéro pression, tranquille. Je fais ça pour la Nation, ils vont kiffer et si il y a d’autres gens qui veulent venir qu’ils nous rejoignent.

Est-ce que ça veut dire qu’avec l’album il y aura une intention d’aller chercher ceux qui te suivent pas forcément ?

En fait, je veux toujours rapper pour les gens qui me connaissent parce que c’est eux qui te suivent, c’est eux qui te défendent, qui likent tes trucs, qui partagent tes trucs, qui streament… Donc ça veut dire qu’il faut qu’ils aient la fierté d’aller voir leur potes et de leur dire d’écouter 404Billy parce que c’est lourd. Je vais pas changer mon délire pour aller chercher des gens. Je fais mon truc et voilà. J’ai pas envie de faire la même erreur que des artistes que j’ai suivi, même aux States, dont j’ai kiffé les mixtapes et quand l’album sort c’est un peu plus lisse, édulcoré. Je veux un univers bien bossé tout en étant du 404, c’est sombre et ça rap. C’est l’album que je suis en train de penser et je veux vraiment faire un univers autour de ça. Mais je veux pas que, parce que c’est un album je le rends plus lisse pour que ça passe partout. Ça m’intéresse pas.

Comme tu l’as bien précisé, 100 est une mixtape et non pas un album. Une dissociation qui peut parfois se perdre aujourd’hui. C’est important pour toi ?

Exactement. Pour moi un album c’est différent d’une mixtape, c’est plus une histoire, c’est plus un univers. Après c’est comme ça que je le perçois tu vois. Une mixtape c’est plus… Tu craches ta haine comme les mixtapes à l’ancienne, celles de Rick Ross, de Gucci Mane.

T’es très porté sur le rap US dans tes références d’ailleurs, je pense notamment à la phase sur Pooh Shiesty. T’as pas l’air d’écouter énormément de rap français.

Ouais je suis très cainri. Après je sais pas si ça se ressent forcément dans le projet là. Le rap français j’en écoute parce que mes cousins et tout en écoutent, autour de moi ça écoute du rap français. Et puis on est quand même en France, donc le mec qui dit qu’il écoute pas de son français c’est un menteur. Mais j’en écoute pas pour mon plaisir personnel.

Finalement les seules références sont à des mecs avec qui t’as collaboré comme PLK ou Guy2Bezbar. Comment tu choisis ces rares feats ?

Je feat vraiment quand je sens que le mec est dans mon délire. Guy2Bezbar par exemple on a pas le même délire, mais si on se pose une heure et qu’on parle de rap on va avoir les mêmes références. Je kiffe cette mentalité, même si on fait pas exactement la même chose, je sais qu’on est des passionnés. Je kiffe les gens comme ça. Benjamin Epps lui est plus à l’ancienne mais c’est pareil, c’est un passionné. On se comprend. Pareil avec Frenetik, pareil avec PLK. Et c’est des mecs qui rappent. Chacun à leur manière, mais un Guy2Bezbar il rappe, un Frenetik il rappe.

C’est un truc qui a évolué ça, ce retour aux rappeurs qui rappent.

À l’époque où j’ai sorti le feat avec Damso il n’y avait pas de rap. Je m’en rappelle, quand j’ai sorti Hostile, les gens disaient que c’était à l’ancienne. Alors que les sonorités n’étaient pas du tout à l’ancienne, c’était juste parce que je rappe tout au long du projet, qu’ils disaient ça. Maintenant ça a changé. Et ça prouve que le timing peut jouer parfois.Quand il y a trop de mélodies, les gens veulent du rap. Donc on passe au rap. Quand il y en aura trop, les gens voudront de la mélodie, ils voudront planer. Mais là les gens voulaient un renouveau, puis il y a eu l’arrivée de la drill. Même si je suis pas dedans, ça a aidé.

Sur le projet il y a quand même un morceau, « C’est pas interdit », produit par Richie Beats, qui est dans ces sonorités. Mais on pouvait s’attendre à plus te voir sur ce terrain.

Pour tout te dire, mon premier morceau drill était sur Supernova en 2019. C’était « Anti » en septembre 2019. J’étais parti au festival Wireless à Londres et j’en avais entendu là-bas, j’ai dit que ça allait arriver en France. Les gens me prenaient pour un ouf (rires). Mais ça a fini par arriver. Après je te parle d' »Anti », c’était pas la même drill que maintenant, que ce qu’à fait Pop Smoke et tout. Mais il y avait des sonorités drill.

Pour amener le projet t’as publié la série de freestyles « % ». Ils s’accompagnent de clips qui, comme au début de ta carrière, sont en noir et blanc. Pourquoi ce retour au noir et blanc ?

Je me devais de recharger les batteries. Pour moi ce projet là c’est comme recharger les batteries. J’ai eu des petits soucis persos, j’ai pas sorti de trucs depuis longtemps donc faut que je me remette dans l’état d’esprit que j’avais au tout début, même si on est encore au début pour moi, mais au tout tout début. Et je me suis dit que le noir et blanc c’était une bonne idée, sachant que ce projet est plutôt sombre. Je sais que ma communauté aime bien quand je fais des clips en noir et blanc. Donc voilà. Et c’est aussi un moyen d’ouvrir un nouveau chapitre. C’est une page qui se tourne pour moi. C’est comme si je revenais à 0%, que je recommençais depuis le début et je reviens à 100.

Donc c’est de là que te viens l’idée de ce pourcentage qui évolue au fur et à mesure ?

Ouais exactement. J’avais besoin de recharger les batteries, de repartir. Un nouveau départ, un nouveau truc. Et là, maintenant le projet c’est histoire de dire que je suis prêt pour la suite. Mais ça veut pas dire que je suis à 100% de mon niveau. Attention. Je compte évoluer encore. Le 100 ne correspond même pas à mon niveau, mais plus à mon état d’esprit. Mais j’espère que j’évoluerai encore, si je suis déjà à 100% là, je suis cuit.

@loub_bet

On te retrouve sur un projet sans aucun feats comme sur Hostile. Pourquoi cette envie de rester seul ?

Les feats que je voulais je les ai fait sur mes freestyles, donc je me suis dit que j’allais pas forcer le feat. Il n’y a pas vraiment d’autres rappeurs…

Et des collaborations avec des rappeurs américains c’est un truc auquel tu penses ?

Si il me respecte sur le morceau ouais. Si il me ramène un couplet qu’il a fait il y a 15 ans ça sert à rien. Mais je suis pas fermé, demain il y a moyen de faire un feat avec 21 Savage qui fait un putain de couplet, je le prends.

Sur la mixtape 100 on retrouve énormément Orion aux prods. Est-ce que tu peux me parler de votre connexion ?

Je l’ai jamais vu, il m’a envoyé des prods et après j’ai concocté mon truc. Mais pour l’album on va bosser autrement. Il est vraiment bon, je kiffe ce qu’il fait. Pour moi c’est un beatmaker dont on va entendre parler à coup sûr et que je veux booster. Je vais lui laisser prendre un peu plus de directives, qu’il mette sa touche et qu’il ait une D.A. Pour moi il a un grand avenir dans le rap. Personne ne le connaît, mais les gens qui vont écouter la mixtape vont le découvrir. Je kiffe faire ça, je fonctionne pas au nom. Sinon j’aurais pris des prods de beatmakers que tout le monde prend.

Cette ambition de se démarquer c’est un truc qui a toujours été présent dans ta musique. C’était donc le cas avec ce projet aussi ?

Là je voulais venir avec un son différent, je pense que c’est réussi. Pour moi un son comme « De temps en temps », c’est de la trap actuelle, mais pas celle qui se fait en France.

T’as toujours proposé un rap très sombre. D’où te vient cette part d’ombre qu’on entend dans tes morceaux ?

C’est un côté de moi. Je rap pour évacuer tout mes mauvais trucs, donc c’est normal que ça soit mes mauvais trucs qui ressortent. C’est une partie de moi aussi, j’ai vécu des choses sombres. C’est ce qui réside en moi en vrai, je réfléchis pas.

Sur le projet il y a un morceau qui diffère un peu de ce que t’as pu faire jusqu’ici, « Même Drapeau ».

C’est un story-telling que j’ai toujours voulu faire. Et là j’étais au studio, c’est ce que la prod m’a inspiré. C’est vrai que c’est un truc que j’avais pas forcément fait jusqu’ici, même si sur Process il y en avait un peu avec « Sombre Fan ». Mais sur « Même Drapeau » il y a en partie des expériences personnelles dedans mais surtout c’est un son dans lequel tout le monde peut se retrouver. Que t’ai grandi en quartier ou pas, être pote avec quelqu’un et juste ne plus lui parler par fierté, c’est universel comme thème. C’est pas le morceau que j’écoute le plus, parce que le story-telling je l’écoute une fois, et après je connais l’histoire, mais je pense que les gens vont aimer.

Ensuite il y a un morceau plus doux avec « Cadenas ». Il y avait eu « Karma » sur 21Visions qui était dans le même délire. Là aussi, comment ce morceau a vu le jour ?

Je voulais faire un truc un peu plus lumineux, mais tout en restant moi-même. je le trouve plus sombre qu’un « Karma » vu que c’est un morceau sur lequel Azul ramène sa voix harmonieuse. Là je suis tout seul sur « Cadenas », même si je fais cette voix aiguë au refrain. Je me suis dit que j’allais penser un peu aux femmes de la Nation, même si il y en a peu. Après je dis ça, peut-être qu’elles vont kiffer « Orphelin » (rires).

@lou_bet

À l’époque t’avais fait les premières parties de Damso. Une tournée et la scène c’est quelque chose qui t’attire ?

Ouais pourquoi pas. Déjà, si le covid nous laisse tranquille, parce qu’à ce qui parait ça repart. Mais si il y a des concerts à faire moi je suis toujours là. La scène c’est un truc que j’aime bien, c’est un exercice que je maîtrise assez bien. J’avais fait une tournée pour Process dans toute la France. Bon après il y a des endroits, c’est difficile. Je vais pas te mentir les mecs, c’est une ville au milieu de la France, ils sont quinze à écouter du rap (rires). Dans les quinze il y en a dix qui t’écoutent et qui viennent à ton concert, tu rappes devant dix personnes. Mais les mecs sont venus quand même, donc je me donne à fond, je suis avec eux, je les check. En vrai, même si ça commence à changer, la France c’est pas comme les States. Tu vas pas à Atlanta, Chicago et il y a beaucoup de monde. Là c’est des petites villes où personne n’écoute de rap. C’est pas un pays de rap la France, de base.

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Être la bonne surprise du vendredi 10, parce qu’il y a beaucoup de sorties. Et comme je t’ai dit les chiffres on est pas dedans, c’est plus les retours. On sait qu’on va vendre peu. Mais mon souhait c’est que le projet tourne bien et que pour la suite il y ait une plus grosse communauté, une plus grosse attente et que ça continue comme ça. Mais surtout pas de pression.

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