Musique
Festival Africolor : quand la France vit au rythme du continent africain
De novembre à fin décembre 2016, le festival de musique Africolor est revenu en France pour sa 28ème édition. Rétrospective.
Le festival Africolor c’est 154 artistes invités, 6 semaines de festivités, 39 scènes différentes, dans 20 villes de 6 départements d’Ile-de-France. De Saint-Denis à Montreuil, en passant par Bobigny, la région parisienne a vécu au même rythme que le continent africain.
Et si l’Afrique réveillait notre musique ? Oxmo Puccino, Stromae, MC Solaar… Le nombre de musiciens nés, ou originaires du continent africain, ne se comptent plus. L’Afrique influence la musique que nous écoutons. C’est la conviction du directeur du festival, Sébastien Lagrave. L’énergie, la vitalité démographique et le dynamisme économique vont réveiller l’industrie musicale occidentale. Il prévoit que, désormais, les futures grandes figures musicales naitront en Afrique.
Malgré une renommée limitée dans l’Hexagone, la programmation musicale est toujours à la hauteur. Africolor, c’est la rencontre des musiciens de tous les horizons, de tous les genres. Rap, reggae, électro-raï ou afro-blues, le festival vibre au son des vocalises et bouge au rythme des percussions.
2016 fut une année riche en artistes. On peut notamment citer BCUC (Bantu Continua Uhuru Consciousness), un groupe afro-psychédélique venant du Soweto qui se produit désormais en Afrique du Sud. Leur musique mélange rythmes ancestraux, percussions, Rock et Hip Hop, pour un résultat explosif.
Africolor, c’est aussi des musiques qui se fabriquent à l‘électricité. Solaire comme celle de Fatoumata Diawara. Lunaire, comme celle de Ann O’aro. Ou encore martienne, comme celle de Leontina Fall. Ces musiques sont des électrons libres qui s’entrechoquent et créent de nouvelles synergies.
La thématique de l’électricité est présente au festival, en particulier depuis 2011. Cette année, une bande de jeunes sénégalais s’était écriée « Y en a marre » à propos des coupures d’électricité récurrentes dans leur pays. Cette contestation est devenue un mouvement citoyen qui a, par la suite, renversé un président, Abdoulaye Wade, par des élections démocratiques.
Plus encore, Africolor organise aussi des débats, des rencontres, des ateliers ou des masterclasses. Ainsi, lors de l’édition 2016, Africolor a donné la parole aux « sentinelles de la démocratie ». En effet, le festival a proposé plusieurs événements consacrés au rap aux révoltes citoyennes. Comment la rap est-il venu au secours de la démocratie ? Les rappeurs Lexxus Legal, Ca-Valsero et Cheikh MC, tous trois nés en Afrique et présents au festival, ont exprimé leurs avis. Selon eux, le hip hop est l’art de la révolte, l’expression du ras-le-bol de la jeunesse et diffuse un message contre l’oppression pour libérer les peuples ! La scène musicale devient alors un instrument pour la nouvelle génération d’artistes, un lieu de liberté d’expression contre une classe politique corrompue.
Mélange des genres et des cultures, la 29ème édition de l’Africolor reviendra illuminer les scènes franciliennes l’hiver prochain. On espère vous y retrouver !