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Scylla tout en poésie et émotion avec « Masque de chair »

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Le rappeur belge s’est offert un nouvel opus accompli dans son univers sombre et parsemé d’une richesse lyricale incroyable.

Comment pourrait-on prétendre réaliser une chronique respectable quand l’album en question caresse les plus belles plumes littéraires françaises ? Baudelaire, Hugo, Verlaine, tant de noms évoquant un patrimoine culturel riche. Scylla, lui, nous vient de Belgique, mais incontestablement, la langue de Molière ne lui réserve aucun secret. Comme ses aïeux poètes, il maîtrise des notions trop absentes du le hip-hop moderne : la passion et l’émotion. Masque de Chair est un joyau lyrical, orné de messages profonds et de productions harmonieuses. Ainsi, aux exigences imposées par la critique artistique, je répondrai qu’aujourd’hui, je choisis de troquer mon clavier journalistique contre une prose soigneuse et poétique.

Masque de chair

« L’exercice du rap à texte se heurte souvent à des contraintes, Celles de délaisser la musique pour des rimes plus prononcées :

Se contenter d’un piano et débiter ses complaintes, C’est supplanter la mélodie par une plume riche et acérée.

Pour son Masque de chair, Scylla aspire une somptueuse musicalité, Des instrumentales originales, parfois des couplets chantonnés.

« La tête ailleurs » et ses airs, en est l’exemple parfait, Alors qu’une couleur symphonique sublime ses couplets.

Qui peut aujourd’hui pouvoir prétendre allier le fond et la forme, A l’heure de la trap indigeste et du « vrai rap » difforme ?

Quelques douces notes de piano et une écriture planante, Vous font réfléchir sur le rap et comment il s’apparente.

Heureusement que des artistes comme Scylla nous interpellent, Heureusement qu’ils sont capables de sublimer l’originel,

Ce « Rythm and Poesy », si important, si oublié, Heureusement que cet opus vient balayer le rap français.

Quinze morceaux d’une profondeur parfois si déconcertantes, Une sublime émotion aussi perturbante que brillante,

Des paroles capables de bousculer la passion de l’auditeur, Masque de chair est un bijou, paré de profondeur et de valeurs. »

Un rubis parmi les cailloux

Derrière ces quelques vers plus ou moins explicites se cachent un projet terriblement sensé. Au fil des morceaux, Scylla jongle entre noir et blanc, entre pessimiste et espoir, entre pianos mélancoliques et violons entraînants. Souvent, l’obscurité prend le dessus, mais accouche de musiques poignantes : « Celui qui va mourir vous salue » ou « Le fantôme sous les toits ». En termes de flow, l’artiste se montre un peu plus timide, malgré quelques fulgurances, notamment un rythme plus rapide dans « Arrête tes couilles! » ou un chantonnement entêtant dans « La tête ailleurs ». Pour le casting, Scylla fait dans la sobriété avec seulement deux invités, B-Lel et l’excellentissime Furax Barbarossa.

Le seul point noir semble se retrouver dans une certaine redondance marquée par une prise de risque moindre.  Les titres gravitent autour du même thème et les productions, pourtant toutes élégantes, ne font pas dans l’extravagance. Masque de chair se démarque plus par sa sincérité et sa conscience que par sa musicalité. Mais dans l’objectif que l’opus se fixe, dans cette volonté d’allier le « rythme » et la « poésie », le projet est quasiment parfait. Si Scylla continue de montrer qu’il est sûrement le meilleur parolier francophone, à des années lumières de la définition contemporaine du « rap ». Bluffant.

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