Orelsan est un personnage qui n’en est pas un

Aurélien Cotentin, 35 ans, est le jeune Normand qui se cache derrière le personnage d’Orelsan. Un personnage complexe, qui en est à la fois plusieurs, et à la fois pas vraiment un. 

À l’occasion de son passage au festival Art Rock à Saint-Brieuc, Orelsan s’est entretenu avec Ouest France sur ses réussites récentes et sa manière d’appréhender l’avenir. Une remarque particulièrement intéressante le questionne sur son positionnement musical, en soulevant le fait que la scène est un endroit ou on ne peut pas tricher.

« J’essaye de rester proche de ce que je connais. En fait, j’ai le personnage d’Orelsan qui est à la fois un personnage, et qui n’en est pas un. »

Orelsan, c’est donc un personnage qui ne triche pas. Mais qui a la faculté d’en incarner d’autres, pour raconter des histoires avec le plus d’impact et de sincérité possible. Revenons (desolée Orel, c’est pour la bonne cause) sur la polémique de mars 2009. Son premier album, perdu d’avance, sorti un mois auparavant, fait carton plein. C’est alors que le morceau « Sale pute » lance le débat. Il raconte l’histoire d’un homme qui apprend l’infidélité de sa copine et décide de lui écrire un mail abominable, sous l’emprise de la colère et de l’alcool.

Très contesté, et même attaqué en justice, il s’en est finalement sorti indemne sous couvert de la liberté d’expression artistique. « Sale pute » n’illustre en effet ni le caractère d’Aurélien, ni celui d’Orelsan. Il laisse à son personnage la liberté d’en incarner d’autres.

La complexité d’Orelsan réside aussi dans le fait qu’il s’inspire autant des autres que de lui même. Alors que des morceaux comme « Notes pour trop tard » ou « Peur de l’échec » sont des dialogues clairement introspectifs, des morceaux comme « Tout va bien » ou « Raelsan » sont des incarnations parfaites de son personnage. Un rap tantôt poétique et nostalgique, tantôt égotrip et incisif, qui fait évoluer Orelsan en fonction des humeurs et des émotions d’Aurélien. Ils sont deux entités à part entière, qui fusionnent parfois en une, ou qui se dédoublent en 20 comme dans le clip « défaite de famille« .