Musique
#10yearschallenge : À quoi ressemblait le rap en 2009 ?
Toute la communauté Instagram et Twitter s’essaie depuis quelques jours au #10yearschallenge, lequel s’agit de poster deux photos : l’une en 2019, l’autre en 2009, afin de comparer l’évolution. Ici pas de clichés, seulement de la musique, puisqu’on vous propose de revenir sur les rappeurs, morceaux et albums français et américains qui avaient marqué notre année 2009. Que sont-ils devenus ?
Le rap en France, c’était pas pareil
Oubliez le rap tentaculaire, dominant les charts tout au long de l’année. 2009 est une année plutôt légère dans le grand bain du rap français et le top 10 des albums oublie généreusement la fière catégorie hip-hop. Parmi les têtes d’affiche de l’époque, seul un a survécu à l’épreuve du temps : Orelsan. Avec son premier album Perdu d’avance, l’artiste commençait sa trilogie artistique qui s’achevait définitivement il y a quelques mois à travers un fascinant Épilogue. Son flow, sa décadence, sa singularité : Perdu d’avance a été le premier pas de la reconnaissance d’un artiste qui aura eu bien du mal à se sortir de sa longue polémique « Sale pute ». C’était peut-être perdu d’avance, mais dix ans plus tard, ça a plutôt bien fonctionné.
Un autre rappeur toujours en activité cartonnait avec son album Mes repères : La Fouine. L’artiste de Trappes, emmené par ses premiers classiques, « Du ferme », « Tous les mêmes » ou « Rap inconscient », s’emparait avec un ton décomplexé de la tête du rap français. Avec Sefyu et Soprano, ils écrasaient l’instrumentale sur l’excellent « Ça fait mal ». Classique parmi les classiques. De son côté, Sinik dévoilait son Ballon d’or, certifié disque d’or mais considéré comme un échec commercial après la domination forte du rappeur du 91 dans la décennie. On retiendra tout de même l’incroyable « Zone abandonnée » avec une nouvelle fois Soprano. Côté talents en manque de reconnaissance, Joke offrait son premier street-album Prêt pour l’argent tandis que Sofiane dévoilait sa seconde mixtape La vie de cauchemar.
Il aura fallu attendre la toute fin de l’année pour avoir le très gros succès hip-hop de l’année 2009 : SOS de Diam’s. Quatrième album de la zappeuse, l’opus conclut une décennie où elle s’est affichée comme le porte-étandard du rap en France. Il reste, hélas, le dernier en date de sa discographie, après une fermeture soudaine de sa carrière. Avec un double disque de platine, l’album reste l’un des plus complets de sa carrière, avec des morceaux fédérateurs et puissants, à l’image de « Coeur de bombe » ou « Enfants du désert ». Une lettre d’adieu parfaite, ponctuée par l’incroyable « Si c’était le dernier » qui, tristement, aura été le dernier.
Enfin, 2009 c’est également l’année d’un groupe qui balbutie ses premières punchlines dans le 75 avant de devenir le plus influent de la prochaine décennie. Avec le premier volume des Chroniques du 75 puis l’album L’écrasement de tête, la Sexion d’Assaut offre ses premières cartouches au rap français. On y découvre un groupe sûr de lui, de sa force et de sa puissance de frappe, chaperonné par Dawala, l’homme fort du Wati-B. C’est d’ailleurs avec cet étrange gimmick que le collectif va s’imposer en France avec « Wati Bon Son », en collaboration avec Dry, la moitié du groupe Intouchable.
Aux États-Unis, des classiques à plus savoir quoi en foutre
L’année musicale 2009 des USA pourraient se résumer à travers deux noms : Michael Jackson et Black Eyed Peas. Le premier est décédé en juin en laissant une trace indélébile sur le paysage artistique américain. Les seconds ont dominé toute l’année avec leur album The E.N.D. et leurs interminables classiques, « I gotta feeling » ou « Boom Boom Pow ». Le hip-hop a tout de même réussi à se frayer une place parmi les grands succès de l’année : Kanye West avec « Heartless », Drake avec « Best I ever had » ou encore Kid Cudi et son « Day and Nite ».
C’est d’ailleurs avec son morceau que l’artiste a entamé sa si brillante discographie, avec son album Man of the Moon: The End of Day. Cet opus, reconnaissable avec sa sublime pochette orange et violette, marque le début de l’ascension fulgurante de Kid Cudi au sommet du rap américain. Son titre « Pursuit of Happiness », bande originale du film événement Projet X va également faire de lui une star.
En parlant de stars, l’année 2009 n’a pas été avare en terme de grands noms. À commencer par Eminem et son album Relapse. Aux portes finales d’une décennie qu’il aura dominé de la tête et des épaules, le rappeur de Detroit balance un ultime opus tiraillé, divisant sa fanbase. Relapse est le récit d’une longue traversée du désert de Eminem où le « syndrome de la page blanche » et le décès de son ami Proof sont les causes de la sortie tardive de cet album, cinq ans après Encore. Sauvé de son addiction aux médocs, Relapse marque le renouveau d’Eminem prêt à aborder une toute nouvelle décennie, un an plus tard, avec Recovery. Dans les têtes d’affiche, on retrouve également Jay-Z, avec le troisième volet de The Blueprint avec, pêle-mêle, « Run this Town » avec Rihanna et Kanye West ou encore « Empire State of Mind » avec Alicia Keyz.
Ainsi, à l’inverse du rap français, les grands artistes de l’année 2009 occupent toujours une place particulière dans le rap actuel. Que ce soit les Black Eyed Peas, Eminem, Jay-Z, Kanye West ou encore Drake, tous ont sorti un album à succès en 2018. Comme quoi.