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Sex Education : la série qu'on aurait rêver d'avoir durant notre adolescence Sex Education : la série qu'on aurait rêver d'avoir durant notre adolescence

Culture

Ce que Sex Education a à vous apprendre en matière de sexe

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Comme une grande soeur, la nouvelle production Netflix vient guider son public en pleine puberté dans les périples de leur sexualité. En usant de l’auto-dérision, la série offre une réponse décomplexée à tout un tas de questions importantes, que les jeunes se posent parfois aux abords de l’âge adulte.

Ce n’est pas sans difficulté que certains parents tentent d’apprendre à leurs enfants les commandements de base de la sexualité. Bien souvent maladroitement, ceux-ci se heurtent (trop) souvent à une barrière générationnelle, qui les empêche d’interagir à ce sujet sans la moindre gêne. D’ailleurs, ce malaise est représenté dans la série avec la mère d’Otis, sexologue, qui espionne l’intimité de son fils jusqu’à chercher des traces de spermes dans son propre lit. Face à tant d’incompréhensions, le pari de Netflix avec Sex Education était donc d’offrir un support qui répondrait aux interrogations des jeunes sur leurs désirs sexuels.

Un pari aussi nécessaire que réussi, puisque les récentes tentatives de Marlène Schiappa en France ont bel et bien témoigné des lacunes françaises en matière d’éducation sexuelle. En effet, hormis quelques cours abstraits dont mon inconscient se rappelle encore, tantôt avec le sourire aux lèvres, tantôt avec horreur, les jeunes sont lancés dans le vaste univers du sexe sans le moindre avertissement. Alors si, rassurez-vous, on a sûrement dû vous dire que les préservatifs sauvaient des vies, et qu’une partie de jambes en l’air pouvait parfois, par inadvertance, faire de vous un parent. Mais si vous avez passé le cap de la première fois, vous savez que, le sexe, c’est bien plus que ça.

En matière de sexe, le « normal » n’existe pas

Que ce soit Adam et son pénis si gros que tout le bahut s’en moque ouvertement, ou Maeve, la déjantée qu’on accuse de coucher un peu trop, les personnages du show proposent un large panel de personnalités, aussi différentes les unes que les autres. Portant chacun leur bagage de stéréotypes, ils ressassent avec brio des problèmes pouvant émerger lorsqu’on ne sait pas encore comment ça se passe. Eric a peur d’affirmer la partie Drag Queen de lui, quand Aimee voit la masturbation féminine comme une punition. Dans leurs galères, les personnages vont toutefois apprendre à s’affirmer, et à s’épanouir au sein de leur vie de lycéens comme les autres, et ce notamment grâce à Otis, qui s’amuse à donner ses conseils sexuels aux récréations, alors qu’il ne l’a lui-même jamais fait.

Comble du comble, il est le seul personnage qui parvient à relativiser sur la situation de tous, bien qu’il soit particulièrement stressé à l’idée de s’engager personnellement dans des pratiques sexuelles. Qu’importe leurs qualités, aucun d’entre eux ne se sent totalement confiant avec son corps, un message pour le moins révélateur d’une jeunesse sans modèle en matière d’estime de soi. Le conseil transmis par Sex Education est ainsi plutôt bateau, bien que véridique : apprenez à vous aimer avant de vouloir aimer les autres.

Car oui, si on peut simuler une confiance en soi et prétendre être heureux en public, au lit, comme le rappellent les épisodes, difficile d’être plus à découvert. Et pourtant, la beauté de cette première saison réside dans son approche pudique de la question, puisqu’on ne voit pas apparaître les personnages dans leur plus simple appareil. Évidemment, cela n’empêche à la série de posséder ses scènes explicites, toutefois attentive à ne jamais dévoiler la nudité dans son intégralité. Une délicate image adaptée à un public jeune, bien qu’elle conserve malgré tout des scènes aussi décalées qu’embarrassantes. Ici, la peur de ne pas être assez bien pour autrui est réduite à néant par des personnages aux caractères volontairement irrévérencieux.

Démystification et ode à l’acceptation

Loin d’être insipide, la série épate aussi sur une prise de position rare chez ses concurrentes: elle montre les envers du décor d’un monde d’adulte trop souvent mystifié. Que ceux qui doutent de leurs disgrâces se sentent rassurés, avec Sex Education, personne n’est parfait et surtout, personne n’est mis sur le carreau. Avec beaucoup de naïveté, tout le monde finira par trouver chaussure à son pied. Là encore, ce ne sera pas sans obstacles : Jean Milburn, mère d’Otis, tombera amoureuse de son plombier, qui n’est autre que le père de la petite amie de son fils (vous suivez toujours ?) tandis que la continuelle pression infligée par les mères lesbiennes de Jackson le conditionnera à aimer Maeve que par volonté de désobéir à ses parents.

Touchants dans leurs maladresses, les adolescents de la série vivent des situations qui nous apparaissent familières : éprouver sans le vouloir du désir pour une amie, vivre une première fois totalement pourrie ou encore vouloir se vanter auprès des copains d’une vie sexuelle active quand il n’en est rien… Tout y passe ! On retient notamment le personnage d’Eric, queer vivant dans une famille noire très païenne. Tellement effrayé à l’idée de ne pas être accepté par ceux qu’il aime, le personnage en perd la foi et vit par procuration. Pourtant, ses parents, non pas insensibles aux spécificités de leur fils finiront par l’accompagner, qu’importe ce qui l’anime.

Mais attention, la série ne se veut pas donneuse de leçons, bien au contraire, celle-ci s’appréhende davantage comme une thérapie: faire la paix avec qui on est, et essayer d’inclure chacun dans la communauté. Elle ne tente pas non plus d’arrondir les angles ou de rendre la sexualité des ados parfaite, bien au contraire. Maeve dans ce sens est-elle aussi intéressante, puisqu’elle est la féministe par excellence, populaire malgré elle, qui hésitera longtemps avant de dévoiler qu’elle vit en réalité sans parents dans une caravane dont elle ne parvient que très difficilement à payer le loyer. Dans un monde adolescent très rude, où les 13-18 ans adorent critiquer ce qu’ils ne connaissent pas chez l’autre, Sex Education vient remettre en question tout un ensemble de clichés. Clichés qui, on le rappelle, ont leur importance, quand des shows comme 13 Reasons Why rappellent ce que l’effet du groupe peut parfois causer dans l’esprit d’un jeune encore en développement.

Finalement, tout le monde s’en fout qu‘Otis soit puceau à 18 ans, que Maeve ne puisse compter avec assurance ses partenaires sexuels ou qu’Aimee se soumette pour être populaire. Ça passe dans la série et pourtant, en dehors de la fiction, la réalité est parfois tout autre. Raison pour laquelle Netflix tente de mettre à genoux ses codes puériles qui ont souvent la peau dure.

Le teen drama dans son excellence

La production s’applique donc avec minutie à prouver à ceux qui regardent que ne pas être la star de l’école, n’avoir jamais eu de partenaires ou ne pas être attiré par des individus du sexe opposé n’est pas une tare. Et à titre personnel, je pense que ce speech fait du bien. Pire encore, il soigne, un peu comme si l’évident se devait d’être répété. À coup de sexualité positive et de mises en exergue des doutes de la jeune génération, Sex Education arpente les abîmes démystifiées d’une adolescence qui n’est finalement pas nécessairement la meilleure période d’une vie comme on nous l’a tous vendu. Parfois légitimement comparée à Skins, elle use et abuse d’un humour britannique décalé pour appuyer des points de vues qui dérangent. Peut-être trop parfaite en son genre, on pourrait toutefois lui reprocher de vouloir surfer sur la vague en voulant à tout prix inclure le plus de minorités possible.

Cependant, qu’importe ses motifs, la série se veut emphatique, véritable hommage aux « teen dramas » avec ce sous-ton important et nécessaire, qui fait d’elle une série à recommander aux adolescents en devenir. Véritables exemples, les adolescents du show, interprétés par de très bons acteurs, et surtout leurs quotidiens sont rassurants et attendrissants. Grâce à une complicité établie dès les premières minutes avec les téléspectateurs, Sex Education narre ainsi avec ambition une vision sans tabou des fardeaux de l’adolescence. La sexualité y est peinte avec beaucoup de subtilité, avec le soin toutefois d’apporter un semblant de compréhension à ces jeunes qui se pensent seuls au monde.

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