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«La fin d’une époque» : Freeze Corleone et la peur du mainstream

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freeze corleone
@camulojames

L’innocente vidéo de Wejdene, re-partagée par Freeze Corleone a provoqué quelques inquiétudes : sa néo-popularité et ses derniers penchants plus mainstream risquent-t-ils de corrompre la solidité de sa communauté ?

Des mois durants, une propagande est mise en place par Freeze Corleone et son équipe, arrivant ainsi à son terme : le rappeur, acteur principal de la scène du 667, a annoncé l’arrivée de son second album La Menace Fantôme, à coup de morceaux fracassants et d’un enchaînement de collaborations. Un regain de productivité après une légère trêve, pour abreuver sa communauté. Pourtant, malgré des titres plaisants où l’artiste affiche toujours un flow millimétré à la structure et aux propos ancrés dans un mimétisme constant, certains faits inquiètent la fan-base sectaire qui craint un polissement de sa musique.

En témoigne cette courte vidéo de Wejdene, re-partagée par Freeze Corleone, où la chanteuse se filme en train de chantonner le couplet du rappeur dans le titre « Anarchie » de Zesau. Si l’acte paraît désuet, cela soulève une question dont les fans de Freeze commence sérieusement à se poser à propos de sa popularité grandissante. Ces quelques rares signes de « mainstreamisation » efforcent certains fans à entrevoir (déjà) la fin du groupuscule underground que portrait l’artiste. «On vit les derniers moments où le public de 667 est de bonne qualité», s’épuise un internaute, parlant même de «la fin d’une époque».

«La fin d’une belle époque»

Mais ces signes, sont-ils bien réels ? On pourrait parler de sa signature en major, sous le label Neuve, branche d’Universal Music pour un contrat de distribution lui permettant de diffuser sa musique à grande échelle plus aisément. Une approche qui n’est pas censée corrompre son indépendance, mais plutôt renforcer son professionnalisme et sa force de frappe. On pourrait également parler de ses derniers enregistrements en studio avec DA Uzi et Koba LaD, des rappeurs plus populaires, qui partagent certainement moins les valeurs underground de Freeze Corleone. On pourrait enfin brièvement évoquer son passage chez Colors, où les murs orange qui l’entourent lui offrent une lumière inhabituelle.

Toutefois, de là à qualifier le nouveau statut de Freeze Corleone de plus « mainstream », le raccourci semble bancal. Si l’on peut remarquer ces quelques signes avant-coureurs, en l’état, rien dans son art ne laisse paraître un graissage de pattes. Son passage dans les locaux berlinois de Colors montre, certes, une utilisation d’un canal de communication “grand public”, mais également une musicalité dans la continuité de ce qui était proposé sur son projet précédent, Projet Blue Beam. Ainsi, les inquiétudes peuvent s’estomper, surtout que cela aura permis de repositionner l’album en 137ème place des Top Album comme le souligne le média Rverse.

Plus encore, d’autres arguments peuvent être avancés pour rassurer quant à l’avenir de sa musique tel que la tracklist du prochain album prévu le le 11 septembre qui n’affiche aucun conformisme avec la tendance. Les inspirations de Freeze, qu’il n’hésite pas à ériger dans ses morceaux, viennent finalement figurer en personne dans divers titres. Despo Rutti, Alpha 2.50 ou le Roi Heenok… Tant de noms qui ont toujours suivi les chemins exigus du rap pour arriver à leurs fins, ne se souciant pas de plaire aux autres ou de censurer leur message, dissout de tout transfuge.

Freeze Corleone et son étroite gestion des featurings

Alors de quoi avoir peur finalement ? La signature sous Universal Music ? En comprenant que ces derniers n’auront d’impact seulement sur la distribution et non sur le contenu artistique, on suggère que tout devrait se dérouler avec partialité. Dans ce cas, les photos au côté de DA Uzi ou Koba ont-elles de quoi inquiéter ? Il est vrai que cela reste l’acte qui effraie le plus pour ceux qui n’apprécient pas les deux rappeurs. Pourtant, on pourrait retourner l’idée : et si ce n’est pas Corleone qui va devoir s’adapter aux stars du rap, mais plutôt elles qui vont épouser son style ésotérique et complotiste.

Par des envies de grand écart hors de ses maquettes en soliste, Freeze se permet quelques “excès” pour gonfler sa notoriété. Mais toutes ces prises de risque peuvent s’avérer payantes sur le long terme car, en ramenant un plus large public à travers des apparitions dites “mainstream”, il invite de nouvelles communautés à découvrir l’univers qu’il tente de bâtir depuis le milieu des années 2010, celui qui ne cède pas à la facilité et qui reste concentré sur l’architecture si particulière de ses rimes. Installé confortablement dans son trône, Freeze Corleone ne fait qu’agrandir son empire sans ne jamais modifier sa doctrine même lorsqu’il fricote avec les puissants, préférant signer des traités de paix avec ces derniers pour sortir victorieux de ce jeu qu’est le rap.

Dans le reste de l’actualité, Freeze Corleone : ce qu’il faut retenir de la présentation de “La menace fantôme”

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