Musique
Ziak, le phénomène au bandana
Avec son dernier morceau, Ziak semble annoncer la sortie prochaine d’un projet. Zoom sur un artiste devenu incontournable en quelques mois.
Ce week-end, Ziak a sorti un nouveau morceau par surprise : « Ça suffit ». Ce morceau s’accompagne d’un visuel, où l’on semble comprendre qu’un projet devrait bientôt arriver. De plus, le rappeur a créé un compte Twitter, sur lequel il a publié ce qui pourrait être la cover de ce projet. Enfin, un compte à rebours a été créé, annonçant la date du 28 octobre prochain. À l’orée de la probable sortie de son premier projet, on s’est donc penchés sur l’artiste et son début de carrière tonitruant.
— Ziak (@ZiakimboCC) October 21, 2021
Une percée exceptionnelle
Ziak, c’est un artiste du 91, affublé d’un bandana noir, à la voix si charismatique. Entre janvier 2020 et mai 2021, le rappeur va publier une dizaine de morceaux, en totale indépendance. Sorti de nulle part, il va s’imposer à la scène rap francophone, jusqu’à décrocher un contrat chez Millenium. Une percée exceptionnelle.
A l’ère de la drill, Ziak a pris le train en marche. Mais plus que suivre simplement le mouvement, il en a été l’un des principaux artisans. Largement inspiré par ce qu’il peut se faire de l’autre côté de la Manche, le rappeur n’a pas fait que le recracher bêtement. Il y a apporté ses propres codes, ses propres images, se démarquant ainsi de la masse. Enfin, il a réalisé des performances exceptionnelles, comme le morceau « Galerie », véritable prouesse technique de production d’abord, mais de flow aussi. L’un des plus gros bangers de cette année.
Un bandana noir et une dose de mystère
La première chose qui frappe chez Ziak, c’est ce bandana. Ce bandana noir, calé sous sa capuche, lui permettant de garder son identité secrète. Un accessoire qu’on retrouve notamment chez les drilleurs UK, qui veulent rester anonymes car bien souvent affiliés à des gangs. Cette inspiration se retrouve aussi dans son esthétique, son style et sa gestuelle. Un pur produit de la drill UK, en somme. Son bandana impose aussi une aura mystérieuse, que Ziak cultive à la perfection. Culture africaine, phases en arabe, d’autres en créole haïtien, références à l’islam et au christianisme, les envolées lyricales de Ziak partent dans tous les sens, semant le trouble quant à ses origines et ses influences culturelles. Avare en interview, Ziak n’est finalement que le fruit d’un personnage de l’autre côté de l’écran, dont les seules interventions médiatiques prennent la forme de punchlines.
Le 14 janvier 2020, Ziak ouvre donc sa chaîne YouTube, il y publie son premier morceau « Double Dash ».Mais la véritable secousse se fait ressentir une quinzaine de jours plus tard, à la sortie de « Raspoutine ». Et pour cause, l’entrée de Ziak sur le morceau est un concentré d’énergie, de violence mais aussi d’une écriture très imagée. Les lyrics de Ziak sont ultra violents. Inspirés par la drill UK, en témoigne des termes comme « ching » ou « opp » propre aux rappeurs de Londres, les thématiques paraissent, elles, assez basiques. Armes blanches, vente de drogues et joies du plaisir charnel, les thèmes abordés sont, au premier abord, des thèmes habituels dans le rap. Mais l’écriture de Ziak est fine, parfois même teintée d’un certain humour : «J’te plante dans le coeur, j’pleure pour le manteau».
Ces images, elles définissent en elles-même l’écriture du rappeur. Si certains termes ou gimmicks sont plus qu’empruntés aux drilleurs UK, Ziak ne dit rien comme personne. Lorsqu’il dit se balader avec un flingue, il l’exprime autrement : «J’ai un bail dans la poche tout froid qu’on imite en faisant trois avec les doigts» (« Flocko »). Le rap est un art très riche lyricalement, et Ziak fait partie des rares qui continuent à l’enrichir.
C’est quoi la suite pour Ziak ?
Tout cela a donc permis à Ziak de devenir, en moins de deux ans, l’un des artistes qui cristallise le plus l’attention. Sa voix d’outre-tombe et son esthétique sombre ne laissent personne indifférent. Le rappeur divise autant qu’il rassemble, et l’idée même de le voir nous montrer ce qu’il vaut sur un projet entier pique notre curiosité. Car c’est bien grâce à l’épreuve du premier projet qu’on pourra y voir plus clair.
Pour qu’un projet soit digeste, il a bien évidemment besoin de variété. Or, c’est sur ce point que Ziak est critiqué, beaucoup lui reprochant d’user et d’abuser du même flow. Ce sera l’occasion de savoir si le rappeur au bandana n’est qu’un phénomène qui commence à s’essouffler, ou s’il est bien parti pour durer et s’imposer comme l’une des nouvelles têtes d’affiche du rap français. Alors qu’on l’a notamment vu aux côtés de Maes et aperçu sur un morceau de Trafiquinté, sa diversité pourrait aussi se trouver dans ses collaborations.
Enfin, Ziak sera sûrement amené à se livrer plus en profondeur. Ayant déjà abordé en surface des thématiques plus personnelles, comme sa famille ou son rapport à la mort, le rappeur au bandana se devra de lever le voile sur certains mystères.
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