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Que représente vraiment « Balance ton quoi », l’ode féministe d’Angèle ?
Pour le clip de « Balance ton quoi », Angèle a de nouveau fait appel à son amie Charlotte Abramow, qui a réussi haut la main la mise en image de cette ode au féminisme.
Une chambre d’un tribunal consacrée exclusivement aux affaires de sexisme ? C’est l’idée lumineuse d’Angèle, Charlotte Abramow et Ophélie Secq pour amorcer l’illustration des problématiques du morceau « Balance ton quoi » dans son clip. Voilà donc la jeune chanteuse belge qui enfile tour à tour les vêtements et rôles de juge, avocat de la défense, victime, et même coupable sur le rythme entraînant de sa chanson.
Pour les accusés, prouvant par leur diversité, l’enracinement (parfois inconscient) du sexisme au cœur de toutes les couches de la société, la sentence finit par tomber, et elle est irrévocable : « l’Anti-Sexism Academy ». Comme pour notre société dans son ensemble, le temps de la rééducation (ou de l’éducation) des « condamnés » est venu. Ainsi, Angèle endosse ensuite le rôle de « Feminist-in-progress », pour tenter d’inculquer ces valeurs aux nombreux étudiants de l’Anti-Sexism Academy, dans le cadre d’un apprentissage qui ne fait que commencer.
« Faudrait peut-être casser les codes »
Le harcèlement sexuel, le consentement, l’égalité salariale, les violences gynécologiques, la liberté vestimentaire … Toutes ces problématiques au cœur des combats féministes pour l’égalité et le respect sont abordées finement tout au long du clip. Et cela en mettant l’emphase sur l’importance de la justice, et surtout de l’éducation dans une scène de comédie où les élèves Pierre Niney et Antoine Gouy s’enferment dans d’autres travers sexistes en tentant de comprendre ceux qui les habitent. Une scène particulièrement évocatrice où, Pierre Niney, symbole de l’homme classe et du beau gosse, se glisse sous les traits d’un beauf, naïf et inconscient des problèmes liées au harcèlement. On note également l’apparition furtive de Nikita Bellucci, qui incarne plus que jamais le combat lié au harcèlement après sa retraite du monde pornographique.
Encore une fois, l’esthétique et l’humour du clip pensé par Charlotte Abramow vient appuyer d’avantage ce message véhiculé dans la chanson d’Angèle. Jusque dans les uniformes de l’Anti-Sexism Academy, créés par la marque de vêtements féministe « Meuf Paris », qui seront déclinés dans une mini-collection pour la vente, et pour lesquels les bénéfices seront entièrement reversés à deux associations féministes. Un clip à l’apparence légère, mais qui cache sous ses airs bienséants des problèmes à la peau dure.
« Pour une fille belle, t’es pas si bête »
En effet, si on pourrait à première vue ne croire qu’à un énième clip édulcoré aux revendications superficielles, « Balance ton quoi » est plus qu’accusateur. Dans l’après du mouvement #MeToo, il s’impose comme l’une des premières chansons françaises à succès à voir le jour en cohérence avec cette ère de libération. Fatiguées des préjugés, elles sont nombreuses, à l’image d’Angèle, à avoir exprimé leur ras-le-bol sur le net au cours des dernières années. Et ici, cette chanson leur rend hommage avec des messages aussi forts qu’essentiels. D’ailleurs, le titre du morceau fait directement référence à l’affaire Weinstein, duquel avait découlé le fameux #Balancetonporc.
Ainsi, Angèle, icône de beauté depuis le succès de son album Brol n’a pas peur de montrer qu’elle peut se balader sans être rasée si ça lui chante. Dans la même lignée, elle ne se gêne pas pour apprendre à des hommes plus vieux qu’elle qu’une femme dit « non » tant qu’elle n’a pas dit « oui ». Un combat nécessaire pour la jeune femme, qui elle aussi subit quotidiennement les maux du patriarcat, puisqu’elle est constamment comparée à ses parents ainsi qu’à son frère. Un peu comme si elle était incapable de réussir sans eux, parce que femme.
« Même si tu parles mal des filles, je sais qu’au fond t’as compris »
Surtout, le clip répond à un profond besoin. Celui d’avoir un support par lequel expliquer aux petits comme aux grands comment instaurer des rapports sociaux égalitaires. Aussi, il glisse des clins d’oeil dénonciateurs à de nombreuses actualités, comme celle de cette jeune femme jugée consentante parce qu’elle portait un string en Irlande. Enfin, il permet d’apaiser ne serait-ce qu’un peu les tensions en posant des mots, et des images, sur des situations particulièrement délicates. Et ce, sans jamais s’imposer puisqu’il promeut l’empathie, raison pour laquelle les femmes sont elles aussi présentes dans cette école fictive, auprès des hommes.
Consciente que nous avons tous à apprendre en matière d’égalité, Angèle offre alors une réponse décomplexée et tente même avec son acolyte Charlotte Abramow de raconter avec ironie des situations pourtant récurrentes. Nécessaire, le clip de « Balance ton quoi » fait alors beaucoup de bien, en ce qu’il reflète, avec cette « Anti-sexism Academy » où les hommes portent des fausses poitrines, un message encourageant.