Musique
Blockstop balance le clip de « Whodunnit », envers et contre les médias de masse
Blockstop critique une société dominée par l’image et l’information en continu dans le clip de son titre « Whodunnit », extrait de l’album Wake Up In The Water.
Le message est on ne peut plus clair. Dans son nouveau clip, « Whodunnit », le groupe strasbourgeois Blockstop critique et se moque sévèrement des médias de masse dans une parodie de la télévision américaine.
Les musiciens Nicolas Schmidt (batteur et compositeur), Alexandre Tissot (claviers), Fabrice Toussaint (trombone), Denis Maire (basse), Jean-Yves Bender (saxophone), Sébastien Kolher (guitares), mettent en scène nos addictions aux réseaux sociaux et autres écrans qui dominent nos espaces visuels en continu. Le refrain scandé par le talentueux MC new-yorkais Eli Finberg (Mister E.), costumé dans la peau de plusieurs présentateurs TV américains. Bien entendu, les noms de chaînes et de présentateurs sont tous parodiés dans le clip. Voila qui en dit long sur les positions de ces jeunes artistes. Trop d’infos, tue l’info.
What happened last week ?
Another attack ? Where’d it happen ?
I don’t know, I didn’t read the caption.
Why, how, whodunnit ?
Who cares, who knows ?
We just see what we want like the Emperor’s clothes.
Les habits de l’Empereur (pour la petite histoire)
Comme le message visuel, l’écriture semble simple, efficace et sans fioritures. On peut lire dans un couplet : « Sur le net, juste du buzz, pas de volonté d’informer ni n’éduquer ». Pourtant le refrain fait une belle référence littéraire au conte d’Andersen « Les Habits neufs de l’empereur ».
Pour résumer, c’est l’histoire d’un empereur qui se fait arnaquer par deux brigands qui promettent de lui confectionner un apparat luxueux et magique. En effet, seules les personnes intelligentes seraient susceptibles de le voir vraiment.
En fait, les deux charlatans feront illusion pendant de longs mois et réussiront un coup de maître. De peur de passer pour des idiots, les ministres et l’empereur lui-même prétendront voir l’avancement des travaux de la prodigieuse étoffe, finalement inexistante. Au bout du compte, et du conte, l’empereur se présentera nu comme un ver devant une foule qui continuera de faire semblant de ne pas voir.
Du titre du conte d’Andersen naîtra le nom d’une pathologie baptisée « syndrome des habits de l’empereur ». En gros, un diagnostic erroné peut être confirmé et répété par plusieurs professionnels de santé par un effet de « contamination ». Le parallèle avec les médias est réussi. Le copier-coller incessant dans le flux de l’information sur le Web est un fléau qui met en péril la qualité et la véracité d’un fait ou d’une histoire. Et le groupe dénonce brillamment un phénomène que bon nombre de professionnels du secteur commentent.
La seconde force du titre « Whodunnit », extrait de leur dernier album Wake Up In The Water (2016) réside dans le groove aéré de sa production, agrémentée d’une écriture lourde de sens. Donner à réfléchir, c’est aussi le rôle d’un groupe de hip-hop qui vit avec son temps.