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Booba vs Sinik : les coulisses violentes d’un clash mythique
Dans notre dernière vidéo Voix-Off, on revient sur une confrontation mythique entre Booba et Sinik, au bon milieu des années 2000.
Quand deux mastodontes du rap français se clashent, évidemment, ça fait des étincelles. Booba et Sinik, c’est l’histoire d’une confrontation iconique entre deux monuments des années 2000. Une rivalité violente et incisive, qui cache une période de parano et une réponse avortée de Sinik. Dans notre dernière vidéo Voix-Off, nous revenons sur cette confrontation iconique de la scène rap, agrémentée de quelques révélations dévoilées par Sinik il y a quelques mois.
Booba : «Les négros sont déclassés par Pokora, Diam’s et Sinik»
Pour re-situer brièvement, nous sommes en 2007 : à l’époque, quelques artistes occupent le devant de la scène rap. Parmi eux : Sinik, qui a sorti en 2005 et 2006 deux albums aux succès colossaux : La main sur le coeur et Sang-froid, et d’un autre côté, Booba, en plein âge d’or, qui sort tout juste de l’immense Ouest Side, publié en février 2006. Le hic : Booba n’aime pas Sinik. Du tout. Et il va le faire savoir dans beaucoup, beaucoup, d’interviews. Ce dernier critique sa street-crédibilité, associée à celle de Diam’s, et regrette que la banlieue soit représentée via leurs deux images. Tout ça, avant de l’attaquer ouvertement dans le morceau “DUC”, dans Autopsie vol. 2.
«Les négros sont déclassés par Pokora, Diam’s et Sinik, la honte négro !»
Booba fait gonfler les hostilités, et diffuse même des photos de ces artistes sur scène, sifflés par son public. Sinik expliquera plus tard que ce n’est même pas cette punchline qui va l’agacer, puisque selon lui, elle le valorise plus qu’autre chose. C’est plutôt l’obstination dont fait preuve Booba dans la plupart de ses interviews, notamment une très médiatisée sur La Méthode Cauet, en janvier 2007, qui va alerter Sinik. Pourtant, avant ça, le rappeur du 9.1 raconte qu’il n’y avait aucun antécédents concrets entre les deux rappeurs. Exceptée une rumeur, comme quoi Booba aurait voulu signer Sinik, comme ce dernier le racontait récemment à Driver dans Featuring.
Sinik déclenche « L’homme à abattre »
L’accumulation de pics force Sinik à écrire une réponse explosive : “L’homme à abattre, carton jaune”. Le morceau se découpe en trois couplets virulents : d’abord, Sinik parle de lui-même : il valorise sa crédibilité et justifie son parcours au sein du rap. Il est ensuite plus frontal : il multiplie les références à la carrière de Booba et rappelle ses différents dossiers épineux. Le troisième étant une conclusion reprenant l’anaphore “La rumeur”. Le morceau est évidemment une grosse bombe au sein du rap : une guerre ouverte entre deux des plus gros vendeurs du moment
Pour Le Parisien, le journaliste Olivier Cachin ira même plus loin en précisant que : «Ça n’avait jamais été aussi direct. On entre dans le règne des codes postaux, c’est le 92 contre le 91». La réponse de Booba ne tardera pas : une poignée de semaines après, il sortira son “Carton rose”. Moins marquant, le morceau se veut aussi moins frontal : Booba se prête à un exercice d’égo-trip, entrecoupé de quelques références à Sinik. Il est moins dans le diss-track qu’un Sinik, qui a déjà fait ses classes dans le clash : pour rappel, au début des années 2000, il participait à Dégaine ton style, des joutes verbales au milieu des Ulis
«Ça va déclencher une guerre mondiale !»
Sinik va alors s’avouer déçu de la réponse de Booba et va même être confronté à un dilemme. Car en effet, il certifie à la fin de son diss-track : «Tant que tu parles, je réponds». Sauf qu’à la sortie de “Carton rose”, l’artiste hésite à faire durer le clash plus longtemps. «C’est la plus grosse erreur qu’on a faite dans ce clash, avoue-t-il à Driver. On avait dit : “Tant qu’il parle on répond », mais c’est claqué ce qu’il a fait ! On était dans une impasse. Je vais pas te mentir c’était le plus gros dilemme de ma carrière ! C’est la fois où on s’est le plus pris la tête.”»
Considérant la réponse de Booba pas à la hauteur, Sinik décide de ne pas publier de nouveaux morceaux, et laisse donc l’opportunité aux auditeurs de choisir entre les deux clashs disponibles. Pourtant, il avait bel et bien écrit une réponse, intitulée “Carton rouge” : un morceau encore plus violent, qui aurait fait passé le clash dans une toute autre dimension : «Le morceau était tellement vénère, sale, lourd et méchant en clash qu’on s’est dit : “Là, c’est autre chose”. Ça va déclencher une guerre mais mondiale !»
L’artiste précise qu’il a très vite compris qu’en ajoutant une autre réponse, sa carrière tournerait autour de ce clash. Il évoque également une période très complexe, pesante et parano : «À cette époque-là, c’était vraiment une période de parano. On m’a dit : “Sors calibré”. Pendant un an, je marchais et j’avais un calibre sur moi. Tous les jours. Parce que je me disais : je peux me faire allumer n’importe où, par n’importe qui». Toutefois, Sinik ne regrette pas d’avoir gardé ce morceau pour lui, ni même d’avoir répondu à Booba qui l’a pris plusieurs fois à partie médiatiquement. «J’crois que j’suis le premier avec qui il a pété les plombs dans le rap, déclare-t-il à Mouv. Ce qu’il a fait avec nous, il l’a fait avec tout le monde après. Comme on était les premiers, je pensais qu’il avait un problème avec nous.»