Musique
L’album Compton de Dr. Dre fête ses 2 ans, retour sur les meilleurs titres
Il y a deux ans jour pour jour, soit le 7 aout 2015, Dr. Dre sortait son ultime album Compton. Anniversaire oblige, retour sur les meilleurs titres du projet.
Souvenez-vous de ce jour béni du 1er août 2015, quand Dr. Dre prenait d’assaut les ondes de sa radio Beats 1. Les animateurs de The Pharmacy et les auditeurs s’en souviennent encore : c’est à ce moment, alors que plus personne ne l’attendait, qu’un grand monsieur du hip-hop annonçait la sortie de son nouvel album, 16 ans après la sortie de 2001, disque que de nombreux spécialistes et auditeurs considèrent encore aujourd’hui comme l’un des, voire le meilleur album rap de tous les temps. Detox est définitivement mort et enterré, mais en contrepartie, l’interminable attente qu’il a suscité touchait enfin à sa fin. Il était temps !
C’est donc une semaine pile après cette annonce tonitruante que le monde découvre Compton. D’abord prévu pour être la bande originale de Straight Outta Compton, le biopic sur NWA sorti la même année, cet opus sera finalement un album à part entière, dont le rôle étant de rendre hommage au quartier de son auteur. Musicalement, l’opus rassemble toute la palette musicale nouvelle génération du superproducteur, à savoir les grosses basses habillées de cuivres et de grosses guitares électriques. Au-delà de ça, Compton fut aussi l’occasion de montrer que le Doc savait toujours autant s’entourer. Outre les vétérans présents que sont Eminem, Ice Cube ou encore Xzibit & Snoop Dogg (qui offrent tous deux des couplets énervés), cet album a aussi permis de voir briller Kendrick Lamar, mais surtout de faire éclater au grand jour, les talents d’Anderson .Paak et de Jon Connor.
C’est donc à l’occasion de la deuxième bougie du projet, et pour fêter tout ce qu’il représente pour le hip-hop, nous avons choisi de vous faire découvrir, ou redécouvrir les titres les plus marquants de Compton.
#5 « Medicine Man » – Dr. Dre Feat. Eminem, Candice Pillay & Anderson .Paak
Symboliquement, il était impensable de ne pas faire figurer ce morceau dans ce top, pour la simple et bonne raison qu’il fit revenir sur le terrain musical, le duo historique Dreminem. Le mentor et son poulain aka Andre Young & Marshall Mathers. Si l’on peut regretter le fait que Dre n’ait pas produit le morceau, c’est l’un des derniers couplets sur lesquels le rappeur de Détroit s’est réellement illustré aussi bien en terme de flow, (criard, mais pas trop) que de textes. C’est un fait malheureux, mais ses quelques apparitions depuis, n’ont globalement pas fait l’unanimité auprès du public. Marshall revient nous au top, on attend ton album ! Mention spéciale également à Candice Pillay qui pose ici, une voix parfaite pour le morceau.
#4 « All in a Day’s Work » – Dr. Dre Feat. Anderson .Paak & Marsha Ambrosius
Outre l’intro signé Jimmy Iovine, c’est sur ce titre que l’on entend pour la première fois une voix qui restera dans les mémoires pour ses sonorités si particulières, celle d’Anderson .Paak. Dr. Dre quant à lui expose dans son couplet, le quotidien illicite dans lequel il a grandi, à savoir les rues de Compton ravagées par la drogue et le crime. C’est fort de son talent et de son amour du travail bien fait, que Dre réussira plus tard à devenir milliardaire. Une succes story relatée sur une production somptueuse qui nous a tous fait planer.
#3 « Deep Water » – Dr. Dre Feat. Kendrick Lamar, Justus & Anderson.Paak
Vous voilà en face du morceau le mieux construit de l’opus. Incontestablement. Ici, Dr. Dre utilise de nombreuses métaphores aquatiques pour évoquer le rap game. Un océan aux profondeurs abyssales dans lequel bon nombre d’artistes mal préparés finissent par se noyer (scène simulée à la fin du morceau par Anderson .Paak). Très oppressante, l’instrumentale garnie de sons aussi originaux que variés est elle aussi l’une des plus riches et réussies de l’album. Pour la sublimer, ajoutez-y un couplet assassin de K-Dot avec son lot d’interludes, pour favoriser encore plus l’immersion de l’auditeur.
#2 « Darkside/Gone » – Dre. Dre Feat. King Mez, Marsha Ambrosius & Kendrick Lamar
Une chanson qui puise sa force dans ses deux séquences parallèles finement découpées. Sur la première (Darkside), c’est King Mez qui impose son mode de vie de gangster d’une main de maître. De l’autre côté, Dre vient chanter son succès et sa longévité dans le game. Et une fois n’est pas coutume, on retrouve encore l’enfant prodige de Compton Kendrick Lamar qui signe un énième couplet mémorable. Enfin, la magnifique boucle de piano habillant les couplets respectifs de Dre & Kendrick n’est pas sans rappeler d’anciennes productions de Doc. Sans parler de l’apparition surprise, aux allures d’hommage, du regretté Eazy-E, longtemps en froid avec le Doc. Quel plaisir d’entendre sa voix scander « Eazy-E C-P-T OG from the other side ». De la crème pour les oreilles.
#1 « Animals » – Dre. Dre Feat. Anderson .Paak
« Animals » fut sans doute, et pour beaucoup, le morceau le plus attendu de l’album, et donc sans surprise le plus réussi. Comment pouvait-il en être autrement en sachant que celui-ci rassemblait pour la première fois sur une même prod, les deux plus gros beatmakers de l’histoire du rap que sont Dr. Dre et DJ Premier ? (qui réitéreront par ailleurs sur le titre éponyme de The Documentary 2 de The Game). C’est aussi « Animals » qui fit rayonner le mieux sur le projet, la voix enivrante Soul/R&B d’Anderson .Paak, que l’on entendait jusqu’à présent seulement sur des refrains et des interludes. Mais la plus plus grosse claque de ce morceau arrive à la fin, lorsque les deux producteurs légendaires échangent quelques mots sublimés par les scratchs de Preemo. Bref, aller et venir sur ce son c’est la garantie de ressentir des frissons à chaque écoute. Un ensemble de facteurs qui permettent à « Animals » d’obtenir sans conteste, le titre du meilleur morceau de Compton pour votre serviteur.
Pourtant bien différents de ce à quoi Dr. Dre nous avait habitué par le passé, Compton n’en demeure pas moins un projet solide qui démontre bien que même 16 ans après son dernier solo, le producteur aux multiples casquettes n’a rien perdu de son savoir-faire et de son perfectionnisme. Avec ce troisième album, Andre Young a également prouvé qu’il savait vivre avec son temps, en se renouvelant sans perdre son intégrité artistique. Comble du bonheur, et Anderson .Paak peut le remercier, son expertise pour repérer des artistes prometteurs n’a toujours pas trouvé son égal.
En définitive, et quoi que l’on ait pensé de cet opus, celui-ci marquera à jamais l’Histoire du hip-hop, de par sa qualité bien sûr, mais surtout pour la longue attente qu’il a définitivement annihilé. Attendra-t-il un jour l’aura de 2001 ? Seule la postérité nous le dira.