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On a rencontré l’artiste qui féminise les albums de rap
Nombreux sont les artistes qui se lancent dans l’illustration de certains de leurs rappeurs préférés. Juliana Kicin fait partie de ceux-là, au détail près qu’elle change la donne, en remplaçant les hommes sur les covers des albums… par des femmes. Nous l’avons rencontrée.
Grande passionnée de musique, Juliana travaille dans une salle de spectacle et pourtant, c’est surtout grâce à ses talents graphiques qu’elle a commencé à se faire un nom. Pour cause, celle-ci est à l’origine d’un concept innovant, par lequel elle détourne certaines des meilleurs covers en les féminisant. Une drôle d’idée, qui a émergé d’abord avec la pochette du célèbre Commando de Niska. D’une simple regard posé un peu trop longtemps sur la photographie réalisée par Koria, la jeune femme s’est vue dessiner les traits d’un nouveau type de portraits.
Dessinant depuis son plus jeune âge, son idée de départ n’était toutefois pas préméditée, d’ailleurs elle le dit elle-même : « Je voulais juste utiliser des éléments de la pochette pour créer un personnage un peu comme Lara Croft, et finalement je me suis retrouvé à remplacer le visage de Niska par celui d’une femme ». Au début donc, elle nous explique : « Je n’avais pas réellement d’arrière-pensée, je savais juste que je ne me voyais m’arrêter là et que je voulais continuer d’explorer ce nouvel horizon. »
De nouvelles covers pour les femmes… et pour le rap
Puis plus tard, lorsque certaines réactions ont commencé à pointer le bout de leur nez, Juliana a voulu donner à son sens à son travail : « J’ai trouvé des explications à ce que je faisais bien après. J’aimais le rap depuis toujours, c’est même mon genre musical préféré. En revanche, je savais que le discours dans ce milieu était quasi exclusivement masculin. Actuellement, il n’y a presque que des hommes, et en continuant ce projet, je me suis dit que ça pourrait sûrement permettre à certains de réaliser que l’inverse était possible; et que les femmes pouvaient elles aussi s’y imposer. »
« L’idée, c’était de démocratiser un peu l’image de la meuf dans le rap en quelque sorte. » Toutefois, si Juliana est bien consciente de l’importance de ses illustrations pour le monde rap, elle ne se revendique pas comme « une activiste féministe dans le monde hip-hop ». Oui, car son intention est avant tout de « développer son style artistique », bien qu’elle soit contente que ses illustrations puissent aussi convenir à un message plus vaste. Convaincue que la place des femmes dans le rap-jeu est en train de changer, elle est optimiste et espère que bientôt, son message sera dépassé et qu’elle n’aura plus à se poser de questions à ce sujet.
Réunir, sans jamais s’imposer
Mais quand on l’interroge sur les retours reçus sur ses œuvres, la jeune femme n’hésite tout de même pas à partager ses doutes : « J’ai longtemps cru que ça agacerait que je remplace des figures respectées par leur communauté comme PNL ou Booba sur leurs propres pochettes« . Cependant, ça n’a pas été le cas, puisqu’elle nous a immédiatement assuré : « Les réactions ont finalement toutes été très bonnes. J’ai été surprise de voir que c’était surtout des mecs qui réagissaient à mes créations. Sur mon profil Instagram, les filles sont souvent plus timides et j’ai trouvé ça super étonnant que ce soit les hommes qui s’expriment sur ce que je faisais dans mon coin. Ça me plait que ces covers puissent toucher le regard des hommes comme celui des femmes. » Enfin, cette dernière a également eu la chance d’être remarquée par les rappeurs des pochettes qu’elle revisite, qui ont presque tous partagé ou approuvé ces versions féminines, à l’image de Lomepal ou encore Sfera Ebbasta.
Du coup, depuis, Juliana n’a pas cessé de s’exercer : Hamza, Lomepal, S.Pri Noir, Drake ou encore Disiz… Tout le monde y passe… sauf les rappeuses… Mais celle-ci semble bien déterminée à vouloir régler ça à l’avenir. Et comme tout artiste, elle ne manque pas d’idées et se projette déjà : « La suite, ce sera lorsque j’aurais fait le tour des rappeurs, j’irais voir du côté d’autres genres musicaux. Et après, qui sait, courant septembre je sortirais peut-être un artbook avec une sélection de mes pochettes, puisque j’en ai beaucoup que je n’ai pas posté sur Insta ». Il nous faudra donc suivre le parcours de la dessinatrice de très près.
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