Musique
Denzo : «Je suis le narrateur du ghetto»
Denzo a dévoilé La soif, son quatrième projet à tout juste 20 ans. On a pu le rencontrer pour la sortie de son nouvel EP.
Polyvalent tout le long du projet, Denzo raconte son quotidien et se présente comme « Le narrateur du ghetto ». Il a soif et sa productivité dans le rap en est la preuve. Passionné, il perçoit sa carrière dans le rap sur le long terme. Et il nous a étayé sa passion, ses ambitions et ses inspirations.
Je t’ai découvert il y a 2 ans lors d’un concert pour l’émission Dans le club d’Arte. Tu passais juste avant Arsenik, tu as complètement enflammé la salle alors que les gens ne te connaissaient pas forcément à ce moment-là. Depuis, tu as sorti Atrocité 2 et ton premier album : La pépite. Quel retour tu as eu sur ce premier album ?
Ce que je retiens de ce premier album, c’est qu’il y a beaucoup de personnes qui ne me connaissaient pas sur cette facette chantée et il y en a beaucoup qui ont kiffé. Musicalement parlant j’ai poussé encore mes limites. Entre Atrocité, Atrocité 2 et La pépite j’ai découvert tout ce que j’étais capable de faire. Atrocité : je sais bien écrire, Atrocité 2 : je sais faire turn-up les gens, et l’album je peux faire des hits. Maintenant sur le projet que je viens de sortir La soif je fais un mélange des trois projets.
Tu reviens cinq mois après La pépite, tu avais ce besoin de revenir vite avec un nouveau projet ?
Si je pouvais fonctionner comme ça, plein de projet, plein de projet, je le ferais. Je veux que les gens sachent que je suis productif.
La soif, c’est un EP, Est-ce que tu travailles différemment sur un album que sur une mixtape ou sur un EP ?
Non, un projet c’est un projet. L’album c’est juste différent parce qu’il y avait beaucoup de beatmaker, on a fait un séminaire, il a pas été travaillé comme les autres. Mais en vrai de vrai pour moi un projet, c’est un projet. Quand on dit album, c’est plus budget et CD dans ce sens-là. Mais dans La pépite, tu vas retrouver les mêmes punchlines que dans La soif voire même tu peux en trouver des mieux dans La soif. Moi je suis créatif, j’évolue.
Tu as déjà fait pas mal de projet, c’est ton 4ème, on en oublie ton âge. Cette productivité montre aussi ta détermination, ça vient de là le titre : La soif ?
La soif, ce sont mes potes qui m’appelle comme ça et quand j’ai écouté le projet, bah c’est La soif ! C’est moi, c’est la dalle ! J’ai sorti un album et je ressors un truc, dedans je rappe, ce sont mes combats, mon quotidien, la dalle de la réussite, c’est tout ça.
Si tu devais retenir un adjectif pour définir ta musique, ce serait ça ?
Ouais, La soif, la détermination.
Dans La soif, il y a un morceau qui s’appelle Génération 2000 est ce que tu penses que cette soif que tu as, ça représente aussi ta génération ?
Je pense que ça représente ma génération, surtout dans les quartiers. Tu as vu ce sont les mecs de ma génération qui en veulent, qui veulent dépasser les grands. La Génération 2000 ça allait vraiment bien avec le concept La soif.
Dans ce projet, il y a 1 featuring c’est avec Dalton dans Dans la street, c’est un featuring évident non ?
Dalton, c’est celui avec qui je rappais dans mon groupe 3GC, après il a fait mes backs. Dalton en fait il rappais plus trop, mais il restait connecté. Il est tout le temps avec moi, il connaît tous mes sons, c’est mon reuf. C’est un featuring évident, carrément le son je ne savais pas qu’il allait être dans La soif. On l’a fait comme ça et après, j’ai écouté tous les sons et il était dedans. J’ai vraiment plein de sons et là, je suis déjà sur le deuxième EP.
Et le fait qu’il n’y est pas d’autre featuring, tu voulais revenir seul ?
Comme dans La pépite il y avait beaucoup de feat, la je suis revenu avec un truc ou c’est plus moi. Le prochain quand il y aura un feeling avec un mec on feateras, je pense que dans le deuxième il y aura des feats.
Tu commences l’album avec Lettre à un leader en disant « Le narrateur du ghetto » qu’est-ce que ça représente pour toi cette expression importante du projet ?
Quand je dis « Le narrateur du ghetto », je raconte une vie de n’importe qui. Par exemple, il y a plein de mec en prison qui m’ont envoyé ce son et m’ont dit : je me reconnais dans ce son. Et quand je dis « le narrateur du ghetto », tu peux me raconter ta vie et je vais m’inspirer de ça pour écrire un morceau et la tournée à la manière ghetto. C’est pour ça je suis le narrateur du ghetto, je m’inspire de tout. Je suis un citoyen du monde mais je ramène tout au ghetto, à ce que je vis.
Lettre à un leader, c’est un story-telling, c’est quelque chose que tu aimes bien les story-telling dans le rap ?
Ouai ! Il y a L’impasse de Kery james ou X et Y de Kery James aussi ! C’est un truc qui est bien et qui se perd surtout. Du coup un petit dans le projet c’est bien, j’ai voulu en faire un.
Comme on a dit le projet montre ta détermination, mais aussi : ta polyvalence. Tu fais des morceaux différents et tu t’essayes à pas mal de chose. Pour toi, c’est important en tant qu’artiste de montrer que tu es à l’aise dans des styles différents ?
C’est trop important, tu prends un mec qui a déjà fait sa carrière, Booba par exemple. Si tu lui ramènes 2 – 3 rappeurs de ma génération en écoutant les projets, il va savoir qui vas durer et qui vas pas durer. Quand je fais ça, c’est pour montrer que j’ai du bagage à mort. Dans 10 ans, pour moi ce sera simple tout ça. J’apprends, j’apprends et le moment où je ferais partie des artistes numéro 1, je vais connaître tous mes karatés. Je vais savoir tout faire et je vais imposer mon truc. C’est avec ça que les EP vont servir, par exemple il y a des gens qui ont écouté La soif qui ont kiffé, d’autre m’ont dit je préfère le Denzo d’Atrocité. La soif, c’est pour montrer les deux univers et petit à petit j’installe mon truc. Je vois sur le long terme.
Il y a souvent un côté acoustique dans les prods de ce projet, au début des morceaux on entend d’abord un piano ou une guitare seul, puis ensuite la prod, je trouve ça accentue l’importance de tes textes, comment tu choisis tes prods ?
Les prods je fais au feeling, la guitare c’est très important, le piano aussi quand c’est bien joué. Pour moi, une guitare peut servir dans un son mélancolique, dans de la trap ou de la drill, vraiment dans tout.
Tu as un morceau préféré du projet ? Moi, c’est Mal à la vie.
Ouais Mal à la vie beaucoup m’ont dit celui-là ! En fait les avis par rapport au meilleur son, toi tu auras le tiens, lui il auras le sien, un autre aura le sien. Chacun à son meilleur son. C’est ça que j’aime bien, dans 5 ans, tu vas réécouter, tu n’auras toujours pas de meilleur son, c’est le projet que tu vas aimer.
Avant La soif on a pu te retrouver sur le projet Classico organisé sur le morceau Quitte à les décevoir, comment s’est faite cette connexion ?
Jul m’avait déjà envoyé un message par rapport au morceau Ce monde. Il m’avait dit : « Continue ! Force ! tu vas tout niquer ! » j’avais beaucoup aimé. Après, quand il organisait le projet, il a envoyé un message à tous les artistes qui pensaient être bons pour le projet et qu’il aimait bien. Moi, il m’a envoyé un message, j’étais content, je suis descendu à Marseille. Il y avait tous les artistes. J’ai dit : « Moi, je pose en premier ». J’ai posé en premier direct.
Il y a de nouveau dans le rap des compilations. Est-ce que tu penses que dans un futur, on pourra avoir une compilation « Spécial Grigny » avec l’ancienne génération et la nouvelle génération ?
J’espère ! Quand Jul a fait 13 organisé juste pour Marseille, dans ma tête, je me suis dit direct faut que je le fasse pour Grigny. Même les grands de chez moi avant il faisait une mixtape : Représente ta rue, il y avait tous les mecs de tous les quartiers. Moi si demain je m’impose dans le game, j’aimerai bien faire des trucs comme ça. Jul ce qu’il a fait, toutes les têtes d’affiche devraient s’inspirer. Je lui ai dit à Jul : « C’est bien tu fais avancer les choses, tu fais avancer la musique, c’est l’histoire du rap ! »
La soif, de Denzo.