Musique
Disiz : et si on (re)parlait de « Qu »ils ont de la chance »
L’album Pacifique de Disiz fête, ce 9 juin, ses quatre ans. L’occasion pour nous de replonger dans le morceau tristement célèbre « Qu’ils ont de la chance ».
Nombreuses sont les musiques de Pacifique à fêter leurs 4 ans, et « Qu’ils ont de la chance » est le morceau de Disiz le plus écouté de l’album sur Spotify, talonné de près par « Splash » Coïncidence ? Sûrement pas. Cet anniversaire musical est l’occasion de revenir sur ce morceau tristement réussi. Oui ce sont les termes choisis pour définir ce titre brillant et captivant. Nous sommes en 2021, et les émotions restent intactes. Ce single continue de jouer avec nos coeurs tant le texte est singulier et puissant. La détresse humaine face aux joies de l’au-delà, c’est ce qu’exprime La Peste.
À travers ce titre, le rappeur idéalise scrupuleusement l’autre monde et vente les bien-faits du ciel. Nos étoiles brillent éternellement et ils sont bien mieux la tête dans les nuages que les pieds sur terre. Honnêtement, on pourrait en parler tous les ans de « Qu »ils ont de la chance ».Avec deux livres à son actif, une chose est certaine, Disiz maîtrise de fond en comble la langue française. « Qu’ils ont de la chance » comptabilise plus de 7.800.000 de streams, et se place logiquement comme l’un des incontournables de sa discographie.
Disiz use de métaphores saisissantes
Pour comprendre un peu plus en profondeur, il faudrait commencer par le refrain, et Genius sera d’une grande aide. Celui-ci est lapidaire, limpide et bien sûr il revient trois fois : «Mais qu’ils ont de la chance d’avoir quitté ce monde. Bien sûr, ils nous manquent et ils nous manqueront.» Le but de Disiz ici est d’euphémiser la douleur humaine face à la perte d’un proche. Tout le monde s’identifie facilement, et c’est sa manière à lui d’accompagner une personne qui fait son deuil. Pour aller plus loin, le lyriciste veut faire comprendre que face à votre malheur, c’est un réel soulagement pour le défunt. Il sera bien mieux enterré…
…Enterré, ce n’est pas exactement ce que Disiz espère. Dès le premier couplet, l’artiste expose admirablement cette antithèse : «J’veux qu’on m’enciele, pas qu’on m’enterre.» L’opposition entre le mot « terre » et le mot « ciel » a un sens bien précis pour lui. Décédé, Disiz préfèrera monter aux cieux plutôt qu’on l’enterre comme le veut la tradition. Enfin, quand on y repense, cette expression pourrait facilement se démocratiser, car spirituellement, elle n’est pas fausse.
Alors que Disiz glorifie la mort, une part en lui reste toujours autant attachée à la vie sur terre. N’est-il pas discrètement attaché à cette vie sur terre ? Si personne ne part, la vie ne le dérange pas, et il le dit lui-même. «J’aurais aimé qu’on soit du miel», comprenez à travers cette phrase que Disiz préfèrerait être éternel. Enfin le miel est un aliment qui ne se périme pas, et qui part déduction ne meurt jamais.
Quatre ans plus tard, nous pouvons toujours surfer sur la vibe de Pacifique. Que Disiz se rassure, son projet ne vieillit pas. Puis en attendant son prochain album, replongez dans un océan de références musicales. Il vous (re)fera flotter sans problème.
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