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Georgio, le retour de flamme
Avec son troisième album XX5, le rappeur parisien signe un retour éclatant. Avec la flamme rap de ses débuts, il dévoile un visage à mi-chemin entre ses deux précédents projets.
Avec Héra, il avait explosé de milles feux au cœur de la scène hip-hop. Un projet caressant des couleurs rock, pop, saupoudré d’une plume exquise et d’un sens de la rime aguerri. Georgio a pris le temps de trouver l’inspiration et l’envie nécessaire pour offrir à Héra le successeur qu’elle méritait. C’est avec XX5, que l’artiste a su se ressourcer, avec un album beaucoup plus rap, plus dur. Pour Radio Nova, il raconte avoir eu l’occasion de faire ce qu’il voulait avec Héra, mais qu’il ressentait désormais l’envie de retourner dans ce qui avait construit son personnage.
« Je me suis dit : « Ok, je veux faire ce que j’ai envie de faire ». J’avais envie de revenir avec un truc plus rap, plus dur. En même temps, je ne voulais pas perdre le côté espoir, le côté musical. »
XX5 réunit les différents visages affichés par Georgio jusque-là. Tantôt mélancolique, tantôt puissant, tantôt harmonieux. Accompagné par Vald ou Isha, l’album traverse plusieurs ambiances, parfois paradoxales. Les titres se chevauchent au fil des émotions de l’artiste, inspirées par une guitare ou une production beaucoup plus puissante, plus dure. Décomplexé, et désormais aidé par une communauté forte qui le soutient, l’artiste a été conforté dans ses idées, son idéologie d’espoir. XX5 est motivant, riche et bienveillant.
Georgio, dans l’ombre
Malgré le succès incontournable de son dernier album, malgré une tournée sans promotion à guichets fermés, Georgio constitue une énigme pour le rap français. Très discret, humble dans ses interviews et sobre dans sa promotion (aucune théorie, aucune extravagance de communication), l’artiste semble être presqu’un OVNI dans un rap extraverti et clinquant. À l’image d’autres artistes qui, comme lui, ont réussi à se forger une solide communauté sans surmédiatisation, il est difficile d’appréhender le succès de ce nouvel album, et ses retours.
Pourtant, l’artiste ne jouit pas moins d’une certaine prestance, qui le hisse d’ailleurs en tant qu’égérie de Dior. Une preuve puissante de son esthétique si particulière, incorporée dans ses morceaux, mais également dans ses clips. Toujours très léchées, les productions visuelles de l’artiste construisent un opus coloré et énigmatique. « Miroir », dernier clip en date de Georgio, avec son montage dynamique et son histoire poignante, accentue la plume et le story-telling affuté de l’artiste.
Avec ses 17 morceaux, étalés sur plusieurs univers, Georgio réussit un nouveau coup de maître. Dans sa volonté, l’opus est peut-être moins avant-gardiste que l’était un Héra, qui offrait une perspective inédite entre le rap et le rock. Plus éclectique, XX5 propose un portrait mature et durci de l’artiste. Et, une nouvelle fois, ça fonctionne.