Jay-Z parle à cœur ouvert dans une longue interview au New-York Times

En parallèle de sa tournée 4:44, Jay-Z a accordé une longue interview au New-York Times. L’occasion pour lui de se confier sur de nombreux sujets.

Recevoir Jay-Z en interview, c’est forcément un grand moment. Un privilège qui a cette fois été accordé au New-York Times. Interrogé par le journaliste Dean Baquet, Shawn Carter a ainsi pu parler à cœur ouvert et évoquer pendant 35 minutes, de nombreux sujets : son dernier album bien sûr, mais aussi sa relation avec Kanye West, ou encore son évolution personnelle en tant qu’homme, père et fils. Dans tout ce lot de révélations, il a également confié que par le passé, il était parti sur un projet d’album commun avec Beyoncé. Un projet qui a malheureusement tourné court, enfin presque.

« Travailler avec Beyoncé a été bénéfique pour notre couple »

« A un moment, nous travaillions ensemble sur un projet et c’est devenu LEMONADE. Finalement, elle est partie et a fait ses trucs de son côté, car elle a senti qu’elle devrait sortir ses mots en premier et qu’elle devait partager ses vérités avec le monde. Le cœur de son propos n’était pas basé le fait de « Je dois dire ça parce que je sors un album. », mais bien parce qu’elle avait des choses sur le cœur. C’était juste vraiment honnête. »

Il a continué de développer son propos en expliquant que travailler avec sa femme avait eu en quelque sorte, l’effet d’une thérapie de couple : « utiliser l’art comme une séance de thérapie, ce n’est pas toujours évident, mais cela nous a fait du bien. Nous avons eu beaucoup de conversations. Finalement, j’étais vraiment fier de la musique qu’elle a faite, et elle aussi était vraiment fière de l’art que j’ai sorti. Nous avons vraiment un respect réciproque pour notre travail. Je pense qu’elle est incroyable. La plupart des gens s’en vont, et le taux de divorce est de 50% parce que la plupart des gens ne peuvent pas se voir. La chose la plus difficile dans ce genre de cas, c’est de voir la douleur sur le visage de quelqu’un lorsque c’est vous qui l’avez causé, et ensuite de faire face à vous-même ». 

Retrouvez les extraits les plus poignants de l’entretien de Jay-Z ci-après.

Jay-Z au sujet de ses tensions avec Kanye West

« J’ai parlé à Kanye l’autre jour, juste pour lui dire qu’il était mon frère. Oui, j’aime Kanye, mais notre relation est compliquée … Kanye a rejoint mon label, donc j’ai toujours été comme son grand frère. Sauf que nous sommes également tous les deux des artistes et c’est normal qu’il existe un esprit de compétition sous-jacent avec ton grand frère. Cela n’empêche pas que nous nous aimons et respectons l’art de chacun ». 

Malgré cette fraternité et ce respect réels, Jay reconnaît tout de même qu’il subsiste des tensions entre eux.

« Oui, mais ce sont des choses qui arrivent dans de longues relations, vous savez. J’espère que quand nous aurons 89 ans, nous regarderons tout ça avec du recul et en rigolerons.  Il va y avoir des complications dans notre relation, mais nous devons les traverser. Et la seule façon de passer au travers est de nous asseoir et d’en discuter. Il n’empêche que ce sont des choses avec lesquelles je suis mal à l’aise et qui me sont inacceptables. C’est ce que je ressens.  Mais je reste aussi persuadé que le lui ai fait du tort moi aussi. Personne n’est parfait. Pour y tendre, il faut faire des efforts ».

Sur le rap et son héritage

« Je pense que le rap est un sport de jeune homme, en d’autres termes que j’en ai bientôt terminé. Le rap parle du don de la découverte. Il y a beaucoup de sons est frais et nouveau, on entend très souvent dire « c’est la chanson la plus hype jamais sortie. Je veux dire, j’ai travaillé cette substance (la musique)… Je l’ai étiré pendant très longtemps.

Malgré tout, je n’ai pas encore l’impression que les gens me regardent comme si j’étais « La Chose » À la fin de la journée. Le rap, c’est la découverte de la vérité. Le rap, les gens pensent que c’est la plus grande chose, mais c’est vraiment petit. C’est presque comme une tendance. Préfères-tu être une tendance, ou être Ralph Lauren ? Ou alors, préfères-tu être une tendance, ou être éternel ? Je suis celui qui a regardé la Joconde et qui s’est dit « mec, ça va être cool dans 40 ans ». Je veux être pareil et faire tout mon truc en m’identifiant à la vérité. Être le plus jeune, le plus chaud, le nouveau, le plus branché, ça ne compte pas pour moi ».

Au sujet de Barack Obama

« Il a fait du mieux qu’il a pu, il n’est pas un super-héros. Et c’est injuste de placer les manques et les problèmes non-résolus sur cet homme juste à cause de sa couleur. A quoi pensiez-vous ? Il a passé huit ans au pouvoir et il doit corriger les erreurs ce que les 43 présidents avant lui ont fait. En huit ans. C’est impossible. »

Jay-Z parle politique

« Je crois en les gens. Je veux ce qu’il y a de mieux pour les gens. J’aime les gens. Vous savez, je ne suis pas de ceux qui votent républicain juste pour économiser plus d’argent. Ce n’est pas une finalité. Il ne s’agit pas de savoir qui a plus d’argent ou qui a plus de maisons que son voisin. Vous avez gagné de l’argent ? Achetez ce que vous voulez. Mais il ne faut pas oublier ce qui est important. Sans les gens, être riche serait très ennuyeux.  »

Jay-Z face au racisme

« Il y avait une grande phrase de Kanye West dans l’une de ses chansons (« Never Let Me Down »: «Le racisme est toujours vivant, ils ne font que le cacher.» Faites un pas en arrière. Je pense que quand Donald Sterling a été expulsé de la N.B.A., c’était une erreur, parce que quand vous renvoyez quelqu’un, bien sûr, c’est qu’il a fait quelque chose de mal, non ? Mais vous renvoyez également tous les autres dans la clandestinité. Il aurait pu simplement être pénalisé, mais se débarrasser de lui a juste fait que tout le monde est retourné dans la clandestinité, rendant ainsi le dialogue impossible. La seule bonne chose qu’a permis l’élection de Donald Trump, c’est que maintenant, nous sommes obligés de passer par le dialogue. Maintenant, nous avons la parole à grande échelle; il a fourni le tremplin pour libérer la parole ».

A propos de ce que doit être la force d’un homme

« La chose la plus forte qu’un homme peut faire est de pleurer. Pour exposer ses sentiments, être vulnérable face au monde. C’est cela la vraie force. Si vous vous sentez comme quelqu’un que vous devez protéger, ce n’est pas réel. c’est un masque ».

Sur l’homosexualité de sa mère Gloria Carter

« Nous n’en avons jamais parlé. Jusqu’à très récemment, maintenant nous commençons à avoir ces belles conversations, et à apprendre à se connaître. Nous étions toujours de bons amis, mais maintenant nous sommes de très bons amis. Et nous parlions juste en tant qu’amis, jusqu’à ce qu’elle était amoureuse. Elle peut être elle-même [maintenant]. Elle n’a pas besoin de se cacher pour ses enfants en croyant qu’elle va les embarrasser. C’est le passé, maintenant, elle peut juste vivre sa vie entière, sa vie entière, et être elle-même. «