Musique
Jeff Bass nous raconte les dessous de « Lose Yourself » 15 ans plus tard
Lors d’une grande interview pour Billboard, Jeff Bass, le producteur et partenaire de longue date d’Eminem est revenu sur l’un des plus grands succès du Slim Shady : « Lose Yourself ». Hip-Hop infos France a décidé de vous traduire quelques passages.
Billboard : Comment as-tu rencontré Eminem pour la première fois ?
Jeff Bass : Il envoyait déjà ses mixtapes et son travail, toujours prêt à travailler, il était vraiment passionné. Quand on a débuté ensemble, mon frère et moi bossions déjà avec des artistes sérieux. Il est venu et on lui a donné une chance. On l’a pris comme si il était l’un des nôtres, on a commencé à prendre soin de lui. Son éthique de travail était toujours impeccable. Le gamin pouvait travailler 20 heures par jour, facilement. Mon frère et moi avons œuvré pour ça et on a travaillé beaucoup, beaucoup d’heures. Beaucoup de personnes ne pouvaient plus sortir avec nous car on travaillait constamment, mais Eminem était un soldat. Il était très affamé, alors on est resté avec lui tout ce temps.
Combien de temps avez-vous mis pour enregistrer « Lose Yourself » ?
Nous avons commencé « Lose Yourself » en septembre 2001, et le morceau est sorti en 2002. Donc ça a pris environ un an pour tout compléter. La musique était presque complète mais les voix et les mots n’étaient pas à 100% finalisés. Donc je dirais qu’il a fallu un an pour développer la chanson.
À quel point Eminem est-il créatif ? Est-ce qu’il demande une aide sur le coup, ou vient t-il avec une idée et vous approuvez ça plus tard ?
En général on faisait comme ça. Je faisais la musique et la piste. Je préparais tout et je lui montrais, il aimait ou pas. Sinon, on s’asseyait, sans aucune musique, et on construisait quelque chose. Je ne pouvais pas lui expliquer en terme musical à l’époque, mais il semblait comprendre quand je lui disais qu’on allait faire une chanson gaie, triste ou énervée. Il peut comprendre ces émotions, c’est comme ça que je pouvais communiquer avec lui.
Quand vous avez terminé la chanson, avez-vous remarqué qu’il y avait quelque chose de différent ?
La seule chose qu’on a remarqué, honnêtement, c’est que la piste était vraiment bonne. On ne savait pas pourquoi c’était si bon, mais il y avait un truc qui nous inspirait confiance. Ce n’est que lorsqu’il a eu le script de 8 Mile qu’il a pu mettre les lyrics. C’est juste venu comme ça. Mais quelque chose à propos du mode de la musique nous a touché. On arrêtait pas de la retirer de l’ordinateur pour la réécouter, voir si elle pouvait faire naître quelque chose en nous.
Qu’est-ce qui a changé entre le premier jour de la création du morceau jusqu’à ce qu’il soit terminé ?
La guitare principale qui y est maintenant. Avant, il y avait des guitares rock et distordues pendant les refrains. Elles ont été retirées et remplacées par le clavier. À l’origine, c’était un peu plus rock.
Penses-tu que la guitare est l’aspect le plus spécial de la chanson ?
La guitare chunky dans la chanson se marie très bien avec les drums. Comme si ça motivait. Ce n’est pas si complexe : c’est juste deux ou trois accords qui attrapent ton âme. Comme tu peux le voir durant ces 15 dernières années, des athlètes professionnels l’ont utilisé pour se motiver. Encore aujourd’hui, tu peux la voir à la télé tout le temps, durant les matchs de Football (américains). 100 000 personnes secouants leurs mains en écoutant cette chanson. C’est tellement motivant.
Tu n’étais même pas à la cérémonie des Oscar, alors où étais-tu ce soir là quand vous avez gagné ?
Je regardais chez moi car ma femme venait d’accoucher et je voulais être avec mon bébé. J’espère qu’un jour il sera reconnaissant de ça (rires).
Lors de la remise de l’Oscar pour « Lose Yourself », les applaudissements étaient fous. Comme si tout le monde était d’accord sur le gagnant. Comment c’était d’entendre et de voir ça ?
D’être accepté par les pairs et tous les genres de l’entertainment est incroyable pour être honnête. C’est pour ça que je suis allé dans le business de la musique, pour toucher les gens et voir si je pouvais toucher les gens. Manifestement, la combinaison de la musique et des paroles a touché des millions et des millions de personnes, et pour ça, j’en suis très reconnaissant.
Qu’est-ce que ça fait de regarder le succès de cette chanson et de voir ce qu’elle a fait pour le Rap Game dans son ensemble ?
C’est plutôt incroyable, surtout parce que ça vient d’un gamin blanc et de deux producteurs blancs (rires). Juste de briser les barrières raciales, parce que la culture Hip-Hop est une culture noire. Je pense que les artistes comme Eminem, mon frère et moi ont aidé à briser des barrières.
Ça aide aussi à changer le sujet à propos des races dans le Rap.
Tout à fait. Je n’ai jamais entendu quelque chose de négatif à propos d’Eminem en ce qui concerne son authenticité dans le Hip-Hop. Il est Hip-Hop, nous étions tous Hip-Hop. C’est comme ça qu’on vit. Peu importe ta couleur de peau.
Lire l’interview dans son intégralité ICI.
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