Musique
Kacem Wapalek : “J’aime ce côté poupée russe des textes”
C’est à l’occasion du festival Créa’Parc organisé à Clamart au printemps dernier, que l’équipe de 2HIF a rencontré le rappeur Kacem Wapalek.
En tête d’affiche de cette seconde édition du festival Créa’Parc de Clamart, une rapide présentation de l’auteur de « Marie Jeanne » s’impose. Originaire de Lyon, Kacem Wapalek s’essaie au rap sur le tard. Rapidement, il monte plusieurs projets avant de fonder le collectif hip-hop lyonnais L’Animalerie avec Lapwass. Il commence à se faire remarquer grâce à ses freestyles filmés le plus simplement possible. À l’image de son crew, Kacem Wapalek n’entend pas limiter sa musique ni ses textes à certains styles préétablis : il mélange jazz, fusion et d’autres styles à son hip-hop. Il s’initie ensuite au beatmaking afin de gagner en autonomie et de pouvoir offrir à son public sa propre vision du rap, l’important étant de pouvoir poser ses textes « sur n’importe quelle musique ». Il sort ainsi en avril 2015 son premier album ‘Je vous salis ma rue’, dont le titre en dit long sur son amour des jeux de mots.
Un amour prononcé de la scène
C’est au contact du public que l’artiste se développe. Sur les routes de France depuis 8 ans, il enchaîne les concerts. Il s’amuse et rappelle que s’il ne joue pas à Bercy tous les jours, il se produit bien plus que certains « grands groupes ». De la passion, mais peu de répit. Preuve en est : la veille de sa performance au Créa’Parc Festival, il était à Chambéry pour un concert. Il n’est donc arrivé sur le site seulement deux heures avant son concert. Pas de quoi l’empêcher de faire ses balances : pour permettre à son ingénieur de régler le son du micro, il est monté sur scène et a raconté des histoires. Une bien belle manière d’entamer un show.
Bien que fatigant, ce rythme soutenu fait le bonheur de Kacem. Il voit ces tournées comme des preuves de la fidélité et de la confiance de son public, et fait son possible pour en être digne. A l’heure du numérique, les revenus des artistes sont principalement générés par les concerts et les produits dérivés. Kacem résume bien l’impact que cette succession de concerts a : “Pendant très longtemps la musique, je n’en vivais pas, mais je la vivais. Aujourd’hui, c’est les deux en même temps !”
Une plume unique
Mais au-delà des concerts, c’est dans l’écriture que Kacem Wapalek se retrouve et semble s’amuser. Il anime depuis plusieurs années maintenant des ateliers d’écriture dans sa ville d’origine. Le rappeur y voit la chance d’initier certains à cet art subtil et une manière de “planter une graine” en chacun des paroliers en herbe qui s’investit.
“J’aime ce côté poupée russe des textes. En plus, ça permet à ceux qui m’écoutent d’avoir la possibilité d’imaginer ce qu’ils veulent. J’aime bien pouvoir titiller la réflexion, la suggestion.”
Pour le lyonnais, il s’agit de donner plusieurs niveaux de lecture à ses textes. Il souhaite qu’une même personne puisse comprendre ses chansons différemment selon le moment ou l’âge auquel elle l’écoute. Il veut susciter la réflexion et non délivrer « une morale comme dans les fables de la Fontaine et imposer [ses] perceptions ».
S’il aime jouer avec les mots, les phrases et enrichir ses paroles, il s’amuse également à cacher des private jokes dans ses chansons pour que ses proches puissent s’y reconnaître.
“Le rap, ce n’était pas ma culture”
C’est son amour pour les mots et la musique qui l’a amené à découvrir le milieu du rap, sans pour autant se formaliser des codes établis. En effet, il voit chaque morceau qu’il compose comme un tableau, un tableau qu’il essaie de peindre d’une manière différente à chaque fois.
Bien que le rap ne soit initialement “pas [sa] culture », la liberté d’expression qu’il y a trouvé a su le séduire, pour le plus grand plaisir de son public : « Je suis bien trop content d’avoir un micro pour m’exprimer, et que personne ne tienne mon stylo. »
Et puisqu’il ne s’arrête jamais, Kacem Wapalek sera à l’honneur au Réservoir (Bastille, Paris) le jeudi 14 septembre dès 20h. Pour plus d’informations sur le concert, rendez-vous sur la page Facebook de l’event.