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Musique

Laylow : parlons des prises de positions fortes derrière « L’étrange histoire de Mr. Anderson »

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L’étrange histoire de Mr. Anderson de Laylow renferme plusieurs postures fortes, des violences conjugales aux violences policières. Parlons-en. 

L’étrange histoire de Mr Anderson n’est pas qu’un simple album. C’est un véritable film auditif qui se déroule le long des 20 tracks, où Laylow nous invite à une expérience musicale et visuelle.  Si la remise en question personnelle est au cœur du projet, le rappeur n’hésite pas à prendre position sur des sujets houleux.

La violence : le quotidien du personnage de Jey

Le héros du projet, « Jey », est dans une tourmente aussi délirante que peut l’être Tyler Durden dans Fight Club. Une voix oppressante, celle de Mr Anderson, le poursuit à travers les différentes tracks de l’album. Elle l’incite à poursuivre ses rêves, à s’émanciper de son quotidien léthargique, fait de sorties et de glande avec ses potes. Après un échec à rentrer en boite dans « Ça va pas être possible », Jey passe chercher à boire dans un night shop. Mr Anderson l’accueille à la caisse, l’incitant à se reprendre en main: «Tu vas encore aller trainer c’est ça ? Tu vas boire, fumer». Nous sommes à la track 10, la moitié de l’album. Jey est perdu face à cet homme moralisateur qui le bouscule dans sa perception de la réalité. Une réalité qui va venir le frapper en plein visage.

Le morceau « Voir le Monde bruler » va cristalliser un point de chute dans la trame du projet. Il illustre la connivence sociale, l’influence du groupe, la mauvaise gestion de l’alcool. Jey semble toucher le fond dans ce morceau fleuve de cinq minutes parsemé de plusieurs interludes. Les trois amis errent dans la nuit, ivres, ayant été refusés à une soirée. Pour seul exutoire, Jey et ses compères tabassent un homme innocent. L’un des morceaux les plus visuellement aboutis qui se conclut sur une interaction entre le personnage et sa mère. La déchéance du personnage est si puissante, qu’il est temps pour Monsieur Anderson de réagir.

La réaction de Mr. Anderson

Que vit-vraiment Jey ? Un rêve ou la réalité ? Ce questionnement existentiel, au coeur de l’intrigue, va prendre place dans « Spécial » en feat avec Nekfeu, où Laylow finit par se mettre une balle en pleine tête. Mr Anderson débarque finalement et rassure l’infirmière : «Ne vous inquiétez pas, il est juste dans un coma profond. Tout va bien s’passer». Arrive alors l’un des moments forts de l’album : le morceau » Lost Forest ». L’intro pose les bases avec un sample de « F*** Tha Police », le classique de NWA. S’en suit un refrain où Laylow fait une référence au livre d’Agatha Christie « 10 petits nègres » pour raconter cette virée nocturne entre amis qui dérape : «10 petits négros dans la vallée, le monde voudrait les avaler». Une soirée gâchée par le bruit des gyrophares et une arrestation au faciès.

A l’image du roman où chaque personnage est tué l’un après l’autre, le dénouement du morceau est fatal. Ici, la police va pousser les trois amis à s’entretuer en leur donnant une arme, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Face à ce dilemme mortel, les amis s’entre-déchirent sous fond de rancœurs et de reproches. Une façon de soulever les conséquences que peuvent engendrer la difficile relation entre la police et les populations des cités, dont on connaissait déjà l‘engagement de Laylow. Une interlude visuelle qui offre un moment théâtrale invraisemblable et fort en émotions rappelant la scène finale de la Haine. Mais ce moment est-il bien réel ?

Laylow, entre rêve et réalité

«Hé ho ! Arrête de faire cette tête là, c’est bon, tu vas pas crever. Tu vas pas crever parce que tout c’que tu viens d’vivre, c’est un rêve». Mr Anderson vient nous rassurer sur l’interlude « C’est eux contre nous » : tout ceci n’était qu’une illusion, crée par ses soins, destinée à faire réagir Jey. Si cette altercation policière relève de l’imaginaire, la suite s’avère plus dramatique. Cette fois-ci, la violence est bien réelle : Laylow est réveillé par les cris de sa voisine, battue par son copain. Ce moment décisif de l’album va enclencher le morceau « Help », d’une mélancolie brutale :

«Elle a crié à l’aide pendant des heures, mais bien entendu l’enfer c’est pas nous, l’enfer c’est les autres.»

S’en suit l’interlude, « Tu Comprends Maintenant ? « , l’occasion pour Laylow de mettre en lumière le fléau des violences conjugales et l’indifférence qu’elles suscitent. Ici, Jey prend enfin position face à la léthargie de ses amis, préférant jouer à FIFA que de se préoccuper de la voisine en détresse. Ce passage de l’album cristallise cette bascule dans la tête de Jey, qui semble enfin vouloir s’émanciper.

Le personnage de Monsieur Anderson apparait comme le « gardien » face aux excès du personnage et offre la possibilité pour Laylow de mettre en lumière des problématiques sociétales bien réelles. Par un travail sur les interludes d’un réalisme et d’une immersion déconcertante, certains « positionnements » arrivent à se dégager de l’univers complexe et onirique de « L’étrange histoire de Monsieur Anderson ». Ces passages de l’album traduisent la prouesse de Laylow à transporter l’auditeur dans un univers cinématographique. Mais pour l’artisite, il ne s’agit pas uniquement de créer un univers visuel et immersif, mais bien aussi de dire des choses.

 

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