Culture
Les cinq actions les plus marquantes d’Anonymous
Après cinq ans de silence, Anonymous a signé son retour pour apporter son soutien au mouvement Black Lives Matter. De quoi se souvenir des grandes opérations menées par le collectif.
Cachés derrière leurs masques inspirés de V pour Vendetta, les Anonymous bousculent les autorités depuis les années 2000. Se présentant comme un groupe de désobéissance civile, le collectif s’est formé sur Internet, au gré du mouvement hacking. Ses membres sont évidemment anonymes et semblent appartenir à plusieurs communautés d’internautes qui se regroupent derrière la défense de la liberté d’expression. Après quelques années discrètes, ils ont signé un retour en grande pompe après le tragique décès de George Floyd. Liés à la cause du mouvement Black Lives Matter, les Anonymous ont déjà mené plusieurs opérations.
Et aussi, Anonymous diffuse « F*ck The Police » sur des radios de police
Le projet Chanalogy
Nous sommes en 2008, et c’est la toute première fois que le groupe va oeuvrer dans le hacking de données. Anonymous s’attaque alors directement à l’Église de la Scientologie, une secte qui pense, entre autres, que les humains sont des être immortels qui ont oublié d’où ils venaient. Tout commence en janvier 2008, alors que certains sites publient une vidéo de Tom Cruise qui fait l’éloge de la scientologie. Cependant, les droits d’auteur de cette vidéo appartiennent à l’Église de la Scientologie. Et cette dernière préfère que l’impact de cette vidéo reste à une échelle interne. Au travers de ses avocats, elle fait donc retirer ces vidéos. Et égratigne Anonymous.
Le groupe poste alors une vidéo Youtube et appelle à une série d’assauts contre cette Église. Le groupe s’en est notamment pris à l’algorithme Google en faisant en sorte que, en cherchant des données sur l’Église de la Scientologie, l’on tombe sur des sites d’opposants à la doctrine. Dans une nouvelle vidéo, Anonymous a appelé à manifester le 10 février de la même année devant les bâtiments de l’Eglise de la Scientologie. Le tout en arborant le masque de Guy Fawkes, dont l’usage avait été popularisé par le film V pour Vendetta. La lutte d’Anonymous prenait alors ses marques, et définissait la liberté d’expression et le combat contre la censure comme leurs principaux objectifs.
Anonymous et le Printemps Arabe
Dès l’émergence des premiers signes de ce qu’allait devenir le Printemps Arabe, Anonymous a souhaité se placer comme un soutien de cette révolution. Tout a commencé en Tunisie, là où le groupe est devenu l’un des principales vecteurs d’information de la Révolution Tunisienne. Et qui a accessoirement conduit au départ du Président en poste depuis 1987. Si Anonymous a eu un rôle important en Tunisie, c’est parce que les médias de masse occidentaux ont mis beaucoup de temps à vraiment s’y ‘intéresser. Le groupe de hackeurs s’est donc mis à aider les révolutionnaires tunisiens en créant un « kit de secours », c’est-à-dire en leur diffusant un tutoriel qui donne des clés pour garder son anonymat. Et donc pour ne pas se faire attraper par la cyberpolice du gouvernement tunisien.
Cette aide d’Anonymous a donc beaucoup d’ampleur dans les pays arabes. Si elle n’a pas véritablement abouti en Algérie, elle a bien pris ses marques en Égypte. Anonymous a permis au peuple égyptien d’avoir accès aux sites censurés par leur gouvernement. Et, anecdote plutôt comique, le groupe s’est également attaqué aux gouvernement de Tunisie et d’Égypte en commandant un nombre incalculable de pizzas destinés aux ambassades des pays. Tunisie, Egypte, Iran, Lybie… Anonymous s’est intéressé à l’ensemble des pays qui se sont inscrits dans la lignée du Printemps Arabe pour leur venir en aide.
Opération Megaupload
Le 18 janvier 2012, le groupe Anonymous reprend du service, cette fois-ci non pas pour aider mais pour condamner. En effet, le groupe lance l’Opération BlackOut, en réponses aux projets des lois SOPA et PIPA auxquels le groupe s’oppose fermement. L’idée de ces projets de loi est de renforcer les pouvoirs des droits d’auteur et donner plus de pouvoir au gouvernement pour lutter contre le piratage. Les sites web, se sentant menacés, rétorquent. Google, Wikipédia, Firefox… Tous bloquent l’accès à leur site la journée du 18 janvier en signe de protestation. Le FBI, en réponse à tout ça, décide le lendemain de fermer le site Megaupload.
Alors, Anonymous entre en scène. Le groupe lance l’Opération Megaupload et s’attaque frontalement au FBI en fermant plusieurs de leurs serveurs. L’impact d’Anonymous se fait alors également grandement ressentir en France, puisque le groupe bloque le site de l’Elysée et y impose des messages contre les projets des lois SOPA et PIPA. À noter que l’Elysée s’était justement positionné en faveur de ces projets de loi.
Anonymous en guerre contre le viol
En 2012, Anonymous se lance après ça, dans la lutte contre les viols. Le groupe publie une campagne internet dans laquelle ils condamnent un viol qui a eu lieu dans l’Ohio, à Steubenville. Le 11 août, au cœur d’une soirée, une jeune fille se réveille nue, et en vient à la conclusion qu’elle a été droguée afin que l’on abuse d’elle. Deux jeunes hommes ont dans la foulée affirmé avoir eu des relations sexuelles avec elle. Alors que l’affaire allait être classée sans suite, Anonymous est venu rajouter son grain de sel en diffusant une vidéo que les agresseurs avaient prises, avant de la supprimer le lendemain. L’affaire a alors pris des proportions mondiales et des manifestants se sont rendus à Steubenville. En mars 2013, les deux violeurs finissent alors par être condamnés pour viol.
Même cas de figure à Maryville, dans le Missouri. En 2012 également, une jeune fille de 14 ans se fait violer par un homme de 17 ans… L’affaire finit par être classé sans suite. À partir de là, la victime devient, en plus de cela, harcelée car traitée de menteuse. Anonymous contacte alors la famille pour lui venir en aide. Le 13 octobre 2013, Anonymous réclame la réouverture d’une enquête lors d’une vidéo Youtube. Le violeur finira par écoper de deux ans de prison de ferme. Pour mise en danger d’une mineure cependant, et non pour viol.
Depuis Charlie Hebdo, la croisade contre le djihadisme
En réponse à l’attentat survenu en 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo qui ont coûté la vie à douze personnes, Anonymous annonce se lancer dans le piratage de sites djihadistes. Le groupe de hackeurs fait notamment tomber dans la foulée le site Ansar Al Haqq, connu jusqu’alors pour être un forum de discussion privilégié pour les djihadistes français. En mars de la même année, le groupe rend public 9200 comptes Twitter affiliés à Daech. Il leur est cependant reproché une dénonciation pas très précise, qui englobe par exemple des universitaires qui n’ont au final rien à voir avec l’organisation terroriste.
Le retour du collectif en 2020, après cinq années discrètes, relèvent toutefois de plusieurs questions : s’agit-il réellement du groupe originel ? Beaucoup ont remarqué que les canaux de communication utilisés et que les prises de parole venaient de comptes jusqu’alors inconnus. Si tout le monde peut se revendiquer du groupe, une seule ligne directrice le poursuit depuis les années 2000 : des prises de position fortes autour de mouvements sociaux.
Dans le reste de l’actualité, GTA s’est éteint pour rendre hommage à George Floyd