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« Life Is Good », un album rafraîchissant pour un Nas réinventé

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Life is good un album rafraichissant pour un Nas réinventé

Le 17 juillet 2012, Nas publiait son 10 ème album studio, Life Is Good. Un disque pour le moins étonnant qui a montré un nouveau visage d’un vieux briscard du rap. Retour sur cet album majestueux.

2010, Nas divorce avec Kelis, chanteuse avec qui il était marié depuis 5 ans et enceinte de sept mois . La même année, il subit un contrôle fiscal qui lui fera perdre plusieurs millions de dollars à cause de taxes impayées durant l’année 2006. Il sort également un album collaboratif avec Damian Marley, Distant Relatives. Voici ce qui a influencé majoritairement Nas pour son 10 ème album solo, Life is Good. Si le titre est pour le moins optimiste, les thèmes abordés dans l’opus se veulent plus sombres. La cover déjà contraste avec le titre. On y voit le rappeur, assis dans un costume de luxe, l’air dubitatif, sceptique et même triste, avec la robe de mariée de son ex femme sur les genoux, seul habit qu’elle a laissé en quittant Nas.

Le premier single « Nasty » sort le 9 août 2011 et sera clippé en octobre. Un son agressif sous forme d’ego trip, illustré par une vidéo où l’on voit le rappeur déambulé dans une Rolls-Royce avec un manteau en fourrure et des bijoux à n’en plus compter. Il revient alors dans son quartier pour donner tous ses objets de valeur aux petits qui l’adulent et retourne dans son studio kicker ses rimes. Une façon de dire qu’il est de retour.


Le deuxième single « The Don » sort lui en avril 2012. Un son dans lequel Nas part encore en ego trip et expose sa réussite dans le clip, une référence directe au 40 ème anniversaire du Parrain. On commence alors à avoir peur. Les deux premiers extraits de l’album montrent un Nas parlant de bijoux et d’alcool, certes avec les compétences lyricales qu’on lui connait, mais tout de même. On s’interroge déjà sur la qualité de l’album et on se demande si le rappeur n’a pas fait l’album de trop pour honorer son dernier projet avec Def Jam. Il faudra attendre le 13 juillet pour avoir la réponse, et là, c’est la surprise.

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Un rappeur nostalgique

Les premières notes de l’album contrastent immédiatement avec les singles: du piano, du violon, un beat doux. Le rappeur commence et dès les premiers mots, nous avons le fil conducteur de l’opus. Dans « No Introduction », on retrouve un Nasir nostalgique, triste, qui nous ramène à l’époque où il avait « faim » car pauvre, où il vendait de la drogue, avant de parler avec « Biggie dans son 4×4 Lexus » et de devenir le millionnaire qu’il est aujourd’hui. Un air nostalgique qui occupe une grande partie de l’album et que l’on retrouve sur plusieurs chansons.  « A Queens Story », une chanson dans laquelle l’artiste parle de sa vie d’avant dans le Queens, où il rend hommage aux « soldats tombés », le tout une nouvelle fois sur fond de piano qui s’embrase dans le 4 ème couplet. Nas retrace son parcours également dans « You Wouldn’t Understand » et « Back When », magnifique chanson accompagnée de chœurs qui vous fera vibrer.

Un homme torturé par ses passions et ses démons

Avec Life is Good, Nas expose sans concession ses luttes personnelles et relationnelles. Dans « Daughters », l’homme dépeint sa relation avec Destiny, sa fille. Il voit grandir impuissant Destiny, qui commence à fréquenter des garçons et s’expose sur les réseaux sociaux. Il avoue avoir eu du mal à élever sa fille seul, que les bijoux et une école privée ne suffisent pas.

« World’s an Addiction » aborde les luttes de chacun face aux démons qui nous entourent. Nas étale ainsi la vie d’un millionnaire qui, bien qu’ayant la richesse, combat la solitude par la drogue et les femmes. Il en vient ensuite à ses propres faiblesses:

« Tellement de vices, les miens les filles bien sûr, je suppose qu’on a tous une définition différente de la richesse, pour moi c’est les femmes, les voitures, les cigares et les bonnes bouteilles ».

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Il termine en parlant d’un médecin qui est à bout, et qui bien que supposé aider les autres, craque et part consommer de la drogue pour essayer d’encaisser la récente séparation avec sa femme. Le tout est raconté avec une intro frappante et un refrain marquant d’Anthony Hamilton, puis conclu avec un final de violons qui prend aux tripes.

Mais si il y a une chanson qui résume bien l’album, c’est « Reach Out » en featuring avec Mary J Blige, avec qui il a eu une courte aventure au début des années 2000. Dans cette chanson, Nas exprime clairement qu’il existe un dilemme permanent en lui:

« Je peux me retrouver dans des dîners pour la campagne présidentielle, mais je continue de passer le joint à des membres de gangs sur un banc/ Quand tu es trop street pour être dans le cercle d’Hollywood, et trop riche pour être dans le quartier qui t’as bercé/et que tu es devenu meilleur que les légendes que tu pensais être les meilleures/ et que tu deviens trop grand pour rester avec une femme avec qui tu pensais faire ta vie » ou encore « J’ai une vie magnifique, souvent je rêve de pouvoir amener mes potes ».

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L’album est ainsi résumé en ces quelques vers: Nas est pris entre deux mondes. L’homme est torturé, entre son ancienne vie de ghetto et sa vie actuelle remplie de richesse, vie qui l’entraîne dans des problèmes relationnels avec son ex femme et sa fille. L’artiste est dans un cercle vicieux et semble perdu. « Stay » est aussi très explicite. Sur fond de soul / jazz accompagné d’un saxophone, Nas raconte cette haine qu’il peut y avoir dans une relation de couple. S’en suit « Cherry Wine » en featuring avec la regrettée Amy Winehouse, chanson dans laquelle le rappeur décrit la femme parfaite qu’il voudrait. L’album en version standard se termine sur « Bye Baby », qui aborde une nouvelle fois l’échec de son mariage, mais aussi la naissance de son fils Knight en pleine procédure de divorce lors de l’été 2009. L’artiste dit au revoir définitivement à Kelis. Mais la magie se poursuit avec la version deluxe qui propose 4 autres très bon sons « Nasty », « The Black Bond », « Roses » et « Where’s the Love », plus une émouvante chanson iTunes bonus « Trust ».

Nasty Nas n’est jamais loin

Si Life is Good est un hymne à la musique, le MC compétiteur n’est jamais loin. Ainsi le deuxième son de l’album lui est très boom bap. « Loco-Motive » en featuring avec Large Professor pue les années 90, et on se retrouve en 1994 quand Illmatic était dévoilé au monde. « C’est pour ceux restés en 90 » dit Nas à la fin de la chanson.

Le rappeur dévoile également toutes ses qualités techniques dans « Accident Murderers », « Nasty », « The Don » et « The Black Bond ». A noter que l’on aurait pu se passer de Rick Ross qui ne colle pas forcément avec les thèmes de l’album, et de « Summer On Smash » qui fait un peu tâche au milieu de cette magnificence. Pour finir nous devons souligner le très bon travail de production de No ID et Salaam Rami, qui ont produit les 3/4 de l’album, et qui ont su donner vie aux exigences de Nas, et rendre ce projet majestueux avec des samples très bien choisis.

Life is Good est plus qu’un album rap, c’est un album de musique à part entière. C’est un album sublime où piano, violon, saxophone, rap boom bap, nostalgie, tristesse, ego trip s’entremêlent pour former un tout varié d’une beauté rare, tout en restant cohérent. Nas s’est totalement réinventé et a fait un virage à 90 degrés pour changer totalement de style, lui qui a proposé la même recette plutôt redondante pendant ses trois derniers albums solos. Très bien reçu par la critique, l’album a été nommé « meilleur album de 2012 » par The Source. Après 4 ans d’absence, Nas est donc revenu avec un projet très réussi, et a su dissoudre le nuage de doute qu’il y avait au dessus de sa tête. Nasir n’est jamais aussi bon que lorsqu’il doit prouver une énième fois qu’il est bien l’un des plus grands rappeurs de l’histoire. De ses moments les plus difficiles, il arrive toujours à se remettre en question et à partager ses expériences en proposant un renouvellement de sa créativité, à l’image de Stillmatic et God’s Son. Finalement, ce sont ses propres mots dans le livret de l’album qui illustrent au mieux ses sources d’inspiration : « Thank you love… Thank you hurt… Thank you fear… Thank you anger… Thank you happiness… Thank you death… Thank you life… »

Bonus

En 2011, DJ Premier a participé au projet « RE:GENERATION Music » organisé par Hyundai. Cette initiative avait pour but de recréer, réinventer la musique de façon différente. Ainsi, le légendaire producteur a fait appelle au Berklee Symphony Orchestra pour créer un beat somptueux. Et qui est venu poser quelques rimes pour l’occasion ? Nasty Nas en personne. Le résultat est éclatant et est illustré par un clip splendide.

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