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« Mama Said Knock You Out », quand LL Cool J était au sommet

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Le rappeur a marqué son époque avec son quatrième opus, qui aujourd’hui encore continue de prospérer.

LL Cool J signifie « Ladies Love Cool James » et c’est vrai, James Todd Smith a été très tôt le premier sex symbol hip-hop. Mais ce n’est pas la seule chose pour laquelle la vedette de la série NCIS a été le pionnier. Il a été le premier rappeur à sortir un album chez Def Jam Recordings avec Radio en 1985, le premier à effectuer un titre cross-over r&b avec le culte « I Need Love » en 1987, le premier à porter la marque française Le Coq Sportif, à démocratiser les bérets Kangol, à s’afficher en col roulé dans un clip, et l’un des premiers rappeurs à effectuer un concert en Afrique, plus exactement en Côte d’Ivoire en 1988. Mettez du respect sur son nom.

Mama Said Knock You Out, un classique intemporel

Beaucoup seront d’accord pour dire que son quatrième album Mama Said Knock You Out est le plus grand album de LL pour tout un tas de raisons parfaitement valables, aujourd’hui plus encore qu’hier. Surtout parce que ce classique hip hop paru en 1990 cristallise tout ce que représente le très charismatique rappeur du Queens âgé de 22 ans. A commencer par la pochette. Une belle carrure d’athlète, les poils humidifiés par la sueur qui dégouline sur des pectoraux sertis d’un épais collier qu’on devine en or sur ce cliché en noir et blanc, le poing gauche serré dans la main droite décoré d’un énorme poing américain avec moulé « Cool J »  incrusté de diamants. C’est viril, sportif, luxueux, d’une férocité élégante et provocante. Notre compétiteur est prêt à monter sur le ring avec son microphone pour en découdre, tel un boxeur bien parti défendre sa ceinture, dans les règles de cet art noble qu’est le rap.

Cover de « Mama Said Knock You Out »

Après les légendaires Rick Rubin et DJ Pooh, le coach sportif de LL Cool J pour Mama Said Knock You Out est un dinosaure toujours vivant : Marley Marl. Pour donner une idée, Marley Marl était en quelque sorte l’homologue Eastcoast de Dr Dre. Co-créateur du mythique collectif J.U.I.C.E. Crew (Big Daddy Kane, Kool G Rap, Roxane Shanté, Biz Markie…) et concepteur du premier album d’Eric B & Rakim, Paid in Full, disque qui a révolutionné la science du Mcing en 1986, ce producteur incroyable lui aussi originaire du Queens a sublimé l’art du sampling en posant quelques fondamentaux du son rap made in NYC. Son influence était telle qu’il a suscité de nombreuses vocations, ne serait-ce que pour DJ Premier ou Pete Rock. En 1990, imaginez, LL/Marley Marl était une des combinaisons rappeur/producteur ultime, et historique forcément, destinée à mettre au tapis la concurrence.

Smart & Smooth

Compétiteur certes, mais jamais violent, ni vulgaire contrairement au gangsta-rap qui incendiait la Californie. La touche funk de Marley Marl dès la première piste, le culte « The Boomin’ System », souligne surtout la grande classe de LL Cool J. La plupart de ses égotrips, notamment « Eat’Em Up, L Chill » et « Illegal Search », lui permettent de développer son attitude smart et décontractée tout en souplesse. Beaucoup de royalties ont d’ailleurs été reversées à James Brown puisque pas moins de six de ses œuvres ont été samplées pour la confection de ce disque incontournable.

Smooth est un autre adjectif indissociable de LL. Lui qui a été un pionnier des crossovers rap/r&b, il retente l’expérience avec succès avec « Around the Way Girl » et « 6 Minutes of Pleasure », un mélange  rap/new jack swing (un des styles urbains majeur autour des années 90) avec des choeurs masculins pour le refrain, histoire d’alimenter sa facette de lover qui lui collait déjà à la peau. Intéressant de voir comment cette chanson a également initié le son rap love de LL jusqu’à « Paradise » sur 10 douze ans après.

Le développé couché et les tablettes de chocolats, ce n’était pas que pour la frime et affrioler la gente féminine. Quand l’auteur de « Rock the Bells » bombait le torse ce n’était pas que pour faire le beau. Il se jetait dans l’arène à mains nues et haussait le ton comme sur le morceau-titre « Mama Said Knock You Out », ou dans une moindre mesure sur le tout aussi redoutable « Murdergram », grâce à un tempo capable de causer autant de dommage qu’une prod des Bomb Squad des Public Enemy pour comparer avec ce qui était comparable à cette glorieuse époque. Avec une telle présence au mic, et ces scratches furieux sur le refrain, pas étonnant que LL Cool J ait reçu le Grammy Award de la meilleure chanson rap en 1992.

Dans les autres traditions du rap, représenter son quartier était un devoir dont il s’acquitte avec « Farmers Blvd » en compagnie de Big Money Grip, Bomb et HIC. Voyez le tableau, de la pure musique hip-hop qui sortait des ghettoblasters, le nom donné à ces immenses lecteurs radio-cassettes qu’on portait par dessus l’épaule. Vous l’avez compris, Mama Said Knock You Out n’a rien d’un exercice et déjà le tout premier extrait « To Da Break Of Dawn » aurait dû mettre la puce à l’oreille puisqu’il visait ce rigolo de MC Hammer et deux rivaux, Kool Moe Dee et le sulfureux Ice-T, en n’utilisant que des coups réglementaires : rien de personnel, on ne se confronte qu’avec des rimes et jamais en dessous de la ceinture. Même un titre de l’acabit de « Mr Good Bar » où l’esthétique de la rime prime, il valait mieux le prendre au sérieux. Ou avec un plus d’humour en ce qui concerne « Milky Cereal » sur lequel il met en avant ses compétences de séducteur hors-pair en jouant sur les marques de céréales.

Mama Said Knock You Out de LL Cool J est ce que le Hip Hop new-yorkais pouvait offrir de mieux en 1990. Cet album qui a pris des petites ridelettes, a pour mérite d’être la meilleure découverte de la ville cette année-là. L’opus nous rappelle cette façon tout à fait unique de rapper, d’écrire, de faire prods. Aujourd’hui, difficile d’imaginer qu’avant d’avoir une carrière d’acteur à plein temps, LL était ce rappeur séducteur durant des années. Mama Said Knock Out achevait les années 80 pendant lesquelles il a été le rappeur solo numéro 1 et s’ouvrait aux années 90, une nouvelle décennie de succès pour notre rap superstar. La portée de ce disque très important s’est ressentie jusque dans les années 2000 et 2010, à travers les Cool Kids ou même Run The Jewels.

Article écrit par Sagittarius.

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