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Musique

Lomepal et Katerine, « fragiles » et fiers de l’être 

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Lomepal et Katerine, "fragiles" et fiers de l'être 
Photo : Felipe Barbosa pour Les Inrocks

Dans une interview accordée aux Inrock, Lomepal et Philippe Katerine ont abordé la question de la « fragilité ». Une caractéristique qui rapproche les deux artistes.

Au cours de l’interview, Azzedine Fall et Pierre Siankowski (journalistes pour Les Inrocks) ont interpellé Katerine et Lomepal sur la notion de « fragilité ». Un caractère très présent dans le rap français actuel. Le personnage que Philippe Katerine incarne depuis le début de sa carrière est, en effet, caractérisé par son coté pommé, complètement décalé. L’artiste s’exprime ainsi à ce sujet, affirmant « qu’il se reconnait dans l’idée de se présenter comme un artiste fragile« . Il va plus loin, déclarant qu’il se perçoit même comme « minable ou pathétique parfois« .

Si l’archétype du mec moyen était autrefois peu populaire dans le monde du rap, ce costume est aujourd’hui assumé par bon nombre d’artistes. On reconnait dans certains rappeurs ce « pauvre type », un peu perdu dans le monde, flemmard et conscient de sa médiocrité. Cette description rappelle sans doute Orelsan qui s’impose aujourd’hui comme l’incarnation de ce personnage. Peu charismatique, symbole de la défaite sociale, des galères de la vie quotidienne (amour et profession), le rôle de celui qui n’a rien de mieux que soi devient un modèle. Ce « Monsieur Tout-le monde » qui transpire la vie réelle.

Monsieur Tout-le-monde, le héros d’une génération ?

À première vue, on pourrait, d’ailleurs, le prendre comme une forme de facilité. Mais en réalité, endosser ce rôle permet de rompre les codes de l’égotrip très présents dans le rap. Les rappeurs, souvent critiqués pour leur vantardise montrent ainsi un nouveau visage. Lomepal correspond, à sa manière, à cet anti-héro auquel le public va s’identifier. Une caractéristique qu’il partage donc avec Katerine qu’il décrit comme un « précurseur là-dedans« . À ce sujet, Lomepal a d’ailleurs déclaré :

« Aujourd’hui, les jeunes aiment les êtres humains imparfaits mais qui brillent grâce à un talent ou un génie particulier. La nouvelle idole contemporaine, c’est un Monsieur Tout-le-monde qui a une touche de génie et qui ne se prend pas trop au sérieux. »

Cette nouvelle forme de célébrité permet ainsi aux artistes de conserver leur style et personnalité tout en ayant une certaine reconnaissance. Dans cette même idée de se glisser sous les traits d’un individu lambda, Lomepal a souhaité abandonner son nom d’artiste pour ne devenir simplement qu’Antoine Valentinelli, son véritable nom. Une volonté, une nouvelle fois, de déjouer les codes du rap, en ne devenant qu’un « Monsieur Tout-le-monde » qui rappe. D’ailleurs, tout au long de l’interview, les journalistes s’adressent à Lomepal en l’interpellant par son prénom, Antoine. Fait plutôt rarissime dans le monde du rap où les artistes sont incarnés par leurs pseudonymes.

La street-cred, si longtemps nécessaire à la popularité d’un rappeur, ne devient alors que dérisoire. Sans réelle influence sur l’art, aucune.

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