Musique
Luidji, Kay The Prodigy et Dosseh & Josman : les sorties de la semaine du 23 juin
Avant-dernier vendredi de juin, premier vendredi d’été, on fait le point sur les nombreuses sorties de la semaine.
Luidji – SAISON 00
Nous y sommes. Quatre ans après la sortie de Tristesse Business : Saison 1, Luidji présente son deuxième album Saison 00. Replongeant dans ses jeunes années, comme le laissait comprendre cette cover-photo souvenir, Luidji discute avec Alexis le temps de 14 morceaux tous plus contemplatifs les uns que les autres. Au gré de la tracklist, on retrouve des collaborations avec Tuerie, Astrønne et Ryan Koffi, et on redécouvre la musique de Luidji condensée en une oeuvre ambitieuse et réussie. Ce vendredi 23 juin est d’une douceur inouïe.
Esso Luxueux – LIAISONS DANGEREUSES
Le secret le mieux gardé du rap du 7.5 se dévoile enfin. Après quelques années à laisser planer l’ombre de son premier long format, Esso Luxueux livre aujourd’hui LIAISONS DANGEREUSES. Sur ce premier album, Esso laisse parler son rap référencé et son phrasé vaporeux le temps de dix morceaux de qualité supérieure. Qualité supérieure, c’est aussi le label à donner aux feats, LIAISONS DANGEREUSES accueillant ISHA, Deen Burbigo et EDGE. Décidément, ce vendredi 23 juin est un très grand cru.
Kay The Prodigy – Triple Kay Supremacy
Kay The Prodigy enchaîne. À la fin de l’année 2022, elle dévoilait Eastern Wind, entièrement produit par Mezzo Millo et s’inscrivait comme l’une des principales représentantes du mouvement sample drill en France. Aujourd’hui, et quelques semaines après avoir offert une version Deluxe de ce premier EP, Kay livre Triple Kay Supremacy. Le temps de sept morceaux, la rappeuse élargit un peu plus son prisme musical, se mesurant à des prods toujours plus fournies et techniques. Si Kay The Prodigy n’a ainsi rien perdu de sa plume parée d’un ego-trip excitant, elle laisse déjà entrevoir une capacité à surprendre et faire évoluer sa proposition, pour notre plus grand plaisir.
Cheu-B – BIG
L’ancien membre du XVBARBAR prolonge sa trajectoire en solo avec BIG, court EP de cinq morceaux. Cheu-B avait collaboré avec SDM et So La Lune, il entoure donc ces deux morceaux de trois inédits en solo. Le rappeur du dix-septième arrondissement fait ce qu’il sait faire de mieux, mêlant ses influences américaines aux tendances actuelles. Et il le fait bien.
Asinine – Demi Moore / Vivement Quoi
Elle risque bien d’être l’une des nombreuses sensations de la deuxième partie de l’année – voire de 2024. Sûrement qu’elle se sait attendu, scrutée par une niche d’auditeurs qui n’en finit plus de grossir. Alors Asinine prend son temps et parsème parfois nos semaines de pièces toujours plus précieuses. Il y a eu le triptyque XIII en février dernier, elle nous offre aujourd’hui le diptyque Demi Moore / Vivement Quoi et son hypnotisante cover. Asinine continue d’y raconter sa vie et ses tourments, avec une sincère sensibilité et une plume toujours plus affinée.
Selug & $enar – Le jour se lève
Avec Éternel retour, Seulg s’était imposé comme un rookie au potentiel intriguant et ce notamment grâce à une alchimie sans pareille avec $enar, son beatmaker. Aujourd’hui, le duo livre le court mais impactant Le jour se lève. En cinq morceaux, chacun prend le temps d’étaler les progrès réalisés depuis l’année dernière. On retrouve d’ailleurs une collaboration réussie avec Wallace Cleaver, venant parfaire un projet moins ambitieux qu’Éternel Retour, mais tout aussi convaincant.
Unfamouslouie – FREE UNFAMOUS
À la rentrée 2021, Unfamouslouie avait livré Forever Unfamous, l’un de nos projets de beatmakers préférés de cette année là. Presque deux ans après, le beatmaker est de retour en son propre nom avec FREE UNFAMOUS. Dix morceaux et sept invités : Leo SVR, AAMO, Aketo (!), Sika Deva, BARA8!, HIBA et Lovarran. Une photographie séduisante du bouillonnement de certaines scènes francophone en ce moment.
Araujo – une larme de +
Avec une larme de +, Araujo livre une sorte de carte de visite XXL de ce qu’il sait faire. Naviguant entre de nombreuses sonorités, – detroit, 2-step ou trap plus classique – il profite d’un éventail de prods remarquable et étale ses skills le temps de onze morceaux et deux collaborations avec Jey Brownie et Sheldon.
Filest – Héros
Filest présente déjà son quatrième projet en deux ans. Toujours exigent techniquement et curieux musicalement, le rappeur parisien livre Héros, un projet guidé par une doctrine : être la meilleure version de soi-même. Comme pour les deux précédents projets, Woosbad produit l’intégralité des morceaux. Et comme pour les deux précédents projets, Filest fait preuve d’une envie de rapper irrépressible.
Vladimir Cauchemar, SCH, Unknown T – “Extendo”
Sur le papier, la collaboration avait véritablement tout pour être explosive. Et ça n’a pas loupé. Vladimir Cauchemar offre à SCH et Unknown T une prod dantesque sur laquelle le marseillais et le londonien propose deux couplets à couper le souffle. La connexion n’est d’ailleurs pas passée inaperçue, beaucoup se réjouissant sur les réseaux sociaux de retrouver un SCH remonté et prêt à en découdre
Dosseh, Josman – “Macabre”
C’est le genre de connexions pour lesquelles on chérit le rap français en 2023. Deux de ses acteurs les plus importants se sont réunis sur “Macabre”, produit par Focus Beatz et Augustin Charnet. Superbement mise en image par Thomas Cadoux, cette collaboration entre Dosseh et Josman est une nouvelle preuve de la richesse du rap francophone aujourd’hui, tant des connexions inédites et inattendues comme celle-là peuvent s’avérer réussies.
Vicky R, Chilla – “YEAH”
Alchimie redoutable et charisme à toute épreuve : Vicky R et Chilla laissent éclater leur flow avec “YEAH” et son superbe clip réalisé par Romain Argento. Rapide et nerveux, le morceau est surtout ultra-efficace grâce à un refrain bourré de gimmicks et à de courts couplets rythmés par les passe passe des deux rappeuses.
Favé – “Vibes”
L’été n’aurait pas pu se dérouler sans Favé. Après un EP de 5 morceaux au tout début de l’année, le jeune rappeur livre aujourd’hui l’ensoleillé “Vibes” et son clip réalisé par Zaven. Si “Urus” avait explosé les charts, Favé a prouvé qu’il n’était pas bon qu’à livrer des tubes sur fond jersey. Et “Vibes” vient forcément appuyer le propos.