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On a classé les morceaux de « Dans la légende », du moins bon au meilleur
Pour le troisième anniversaire de Dans la légende de PNL, on s’est lancé un défi légèrement compliqué.
Rangez vos armes, nous venons en paix. Mais voilà : pour les trois ans de Dans la légende, la rédaction s’est enfermée pendant des heures dans une obscure pièce pour tenter de dresser le classement des seize morceaux de cet album iconique. Une création qui se veut objective le plus possible, mais évidemment teintée d’une certaine subjectivité (c’est toujours le cas lorsqu’on s’amuse à faire des listes à la con, mais on adore). Car derrière la superbe structure du troisième album de PNL se cache des titres intrinsèques aux valeurs disparates.
Plusieurs critères ont permis d’élaborer ce classement : leur caractère légendaire, leur pertinence dans l’album, leur originalité, parfois même leur prise de risque. Évidemment, l’intégralité de l’opus est entré dans une dimension incroyable dans l’univers rap. Tout de même, cette analyse, track by track, objectivement subjective, permet d’ouvrir un débat sur les sensibilités et les approches. Chacun est libre de relever nos éventuelles abominations ou autres anomalies. Let’s go.
16. « Mira »
Lent et nonchalant, « Mira » profite d’un peu de douceur après l’exceptionnelle ouverture de Dans la légende. Déployant la gimmick du «petit pélican», les deux frères offrent un titre voluptueux et spatial.
15. « Bambina »
Comme « Mira », « Bambina » offre un souffle langoureux, presque sensuel au cœur de l’opus. Disposé à la douzième position, le morceau referme une parenthèse lente de trois morceaux avant d’ouvrir sur « Bené ». Il s’agit du deuxième plus long titre de l’album, derrière « Jusqu’au dernier gramme ». Ademo, décontracté, ouvre le track, avant que N.O.S., précis et efficace, livre un couplet nostalgique qui propose une certaine couleur au morceau. Le refrain, où les deux frères se répondent, avec la gimmick du « Shut up, shut up, shut up » offrent de la profondeur au titre. Lequel, finalement assez similaire à « Mira », est l’un des moins pertinents de l’opus.
14. « Uranus »
« Uranus » est le 14e titre de l’opus, placé entre « Bené » et « Onizuka ». Le morceau prend en volume lors de l’arrivée d’Ademo, qui ose un rythme plus effréné et des schémas de rimes plus denses que son frère, un brin facile. Le refrain, planant, semble arrêter le temps, comme lors d’un voyage spatial, façon PNL. D’ailleurs, l’aura du morceau, lente et lunaire, est l’archétype de ce qu’est Dans la légende, comme l’allégorie d’une vision du monde vue de haut, d’une capsule dans le futur.
13. « Luz de luna »
« Luz de luna » ouvre la voie à la longue série des titres de PNL à la couleur gitane, où l’instrumentale danse au son d’une guitare. Dans un style particulier, Ademo s’interroge dans un premier couplet introspectif, où il ressasse ses propres problèmes. N.O.S. se veut plus mélodique. Au final, le titre narre l’ambiance d’un clair de lune, où seules les cordes d’une guitare accompagnent la douce nostalgie du duo.
12. « Humain »
Onzième track , « Humain » est l’une des discrètes réussites de Dans la légende. Toujours dans cette vibe planante, le morceau est surplombé d’une brume inquiétante qui enveloppe un superbe couplet d’Ademo dessinant l’idéologie autarcique de PNL. « En fait le truc c’est qu’j’suis plus fuck le monde », annonce-t-il en ouverture. Sur une rythmique sobre et pesante, il livre ensuite des rimes poétiques qui ouvrent vers un refrain powerful et efficace. N.O.S. est plus tendre dans son approche, mais toujours aussi ambitieux : « J’veux le monde, j’veux ma part ». Ce rapport à l’humanité, ici clairement explicitée, traverse l’intégralité de l’opus et illustre cette volonté de recul face à un monde que les deux frères cherchent à rejeter.
11. « Kratos »
L’image de Kratos, protagoniste de Gof of war, est infiniment pertinente dans l’univers de PNL. D’abord, elle dévoile leur amour pour la pop-culture et le monde du jeu vidéo. Ensuite, l’image de Kratos, lancé dans une quête de vengeance après la mort de sa femme et de sa fille, éclaire la haine brutale énoncée par le groupe. N.O.S. se charge de l’ouverture, avec une délicieuse référence aux cafards, punchline iconique de « Sur paname » pour refermer son couplet. Ademo se veut plus sauvage, comme emmitouflé dans la peau du personnage. La rime « 50 nuances de haine, 50 nuances d’ta mère la pute » s’avère particulièrement efficace pour illustrer cette aura de rancœur qui entoure le morceau.
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10. « Tu sais pas »
Comme « Humain », « Tu sais pas » est étrangement oublié à l’énoncé de la tracklist de Dans la légende. La puissance du morceau manque d’une claire reconnaissance. Pourtant, souverain, le duo fait état d’une certaine lucidité quant à son parcours. Les couplets sont écrits de sorte à faire ressortir l’ascension fulgurante des deux frères, éparpillant tout au long des 3:30 des pics à leurs détracteurs. PNL envoie dans la gueule des auditeurs leur nouvelle position dans le game, laissant également quelques plumes à la sphère médiatique : « Fuck vos interviews, j’aurais pu passer dans vos reportages de chiens ». Ça pique.
9. « Dans la légende »
Contrairement à la quasi-intégralité du projet ressassant mélancolie et haine, « Dans la légende » se veut plus doux, plus voluptueux. Le titre expose l’identité du groupe, entre paix et réussite, développant en douceur cette ambition de conquête du monde. Ironiquement, la position du morceau, juste derrière « DA » et « Naha », deux des plus gros singles de l’album, accentue la facette iconique de l’opus. Sur Genius, l’utilisateur AntoineMrn évoque un « disque performatif, un disque qui à la fois s’appelle “dans la légende”, et qui fait rentrer effectivement le groupe “dans la légende” ». Ce titre éponyme caractérise avec brio cet aspect.
8. « Sheita »
« Sheita » aurait pu occuper la première position du classement, juste pour la douceur du sifflement au cœur du couplet d’Ademo. D’ailleurs, le morceau emploie une figure de style courante dans la musique du groupe : la personnification. « Sheita » fait référence à la diablesse en arabe, ici illustrant la cruauté de la vie. Le duo exprime son rapport à la drogue et à la rue. « Perdu dans le benda, j’aime sa gueule de Sheita », soulève Ademo dans le refrain, expliquant que la drogue l’attire, en ayant une parfaite conscience de ses diaboliques conséquences. Mélodieux et planant, « Sheita » est l’apogée du blues du dealeur, si cher à PNL.
7. « La vie est belle »
Beau, ce morceau est beau. Tant par son clip, que son esthétique, emprunt à quelques fulgurances électroniques. « La vie est belle » est le début de toute l’aventure, là où la légende a commencé, en mars 2016. Avec du recul, le morceau et ses plans en Namibie offrent une lecture différente à l’album. « Oh, la vie est belle », énonce le duo sur le refrain, agrémenté d’une voix déstructurée. Sur la forme, le mixage du titre renvoie au côté ultra perfectionniste et avant-gardiste du duo que les auditeurs découvrent avec plus de profondeur dans Dans la légende. Sur le fond, le message optimiste derrière le titre propose une alternative à la nostalgie haineuse qui plane au-dessus de l’album. Un paradoxe éblouissant.
6. « J’suis QLF »
Tube de l’été balancé au cœur du mois d’août, « J’suis QLF » caresse une esthétique plus mainstream, en conservant l’authenticité du duo. Et ce, jusque dans le titre, où le « Que la famille » impose son identité. Planant, estival et subjuguant, PNL trouve la recette du hit, jusqu’au Mexique pour un clip ensoleillé. Conscient de sa hype grossissante quelques semaines avant la sortie de Dans la légende, le groupe livre quelques messages explicites et bien sentis, à l’image de N.O.S. : « Suce-moi, merci d’avoir douté de moi ». Une prise de conscience quant à un nouveau statut qui en impose.
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5. « Bené »
Au milieu d’un album lent, planant et lunaire, PNL a posé ses valises à Rio pour « Bené ». Prise de risque casse-gueule compte-tenu de son esthétique de l’époque, le groupe a plus qu’assuré. Propulsés par les chants des tropiques, Ademo et N.O.S. ont transformé leur blues en reggaeton festif. Légèrement clivant, par son audacieuse ambiance, le morceau illustre la troisième partie de leur série, diffusée sur YouTube, ce qui renforce considérablement son impact au coeur de la légende. Aussi, les deux artistes élargissent leurs palettes de flow, avec efficacité.
4. « Naha »
Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit sur « Naha » ? Le 15 septembre 2016, PNL dévoile le clip du second track de l’album, la veille de sa sortie. Un court-métrage de huit minutes accompagne le morceau. Voilà, la légende a commencé. Tout est parfait : la douceur de N.O.S., la brutalité d‘Ademo et l’ambiance globale d’un titre énigmatique, devenu légendaire dès les premières secondes teasées à la fin du clip de « DA ». Et personne ne peut mieux décrire l’atmosphère du morceau que BBP, derrière la production : « Pour ce son, je voulais produire quelque chose d’assez puissant et d’original, avec des sonorités inédites » explique t-il sur Genius. Il ne suffisait plus que la magie du duo pour envoyer « Naha » dans l’espace.
3. « Onizuka »
Se servant de leur influence nippone et du protagoniste du manga GTO, PNL fait voyager l’auditeur à travers un voyage inquiétant et explosif. « Onizuka » est la définition même de l’instant classic. Des arpèges lunaires pour débuter le morceau, auquel se supplante la puissance d’Ademo dans un premier couplet où production et rimes ne forment qu’un majestueux et unique corps mélodieux. Pour le refrain : même débat. L’artiste ose une envolée lyrique avant d’ouvrir la voie à son frère pour un second couplet terrible. Un petit bijou, coup de cœur et concentré de rap brut.
2. « Jusqu’au dernier gramme »
Outro de l’album, « Jusqu’au dernier gramme » est un chef d’oeuvre. Ce titre, mélancolique et sincère envoie définitivement valser l’album dans les étoiles. Derrière ses ouvertures classiques, le titre se découpe en deux parties respectives, où chacun des deux frères déverse sur la production sa plus profonde introspection. Il renferme également l’explosion de N.O.S.. Souvent masqué par les performances de son frère, l’artiste déploie un couplet unique éblouissant, incontestablement jusqu’alors son meilleur en carrière. Tout a été construit pour faire de « Jusqu’au dernier gramme » une conclusion prestigieuse à Dans la légende, jusqu’à des concerts frissonnant, où le public, en cœur, se charge d’écrire la légende.
1. « DA »
La première place peut être débattue, c’est un fait, mais PNL ne serait pas PNL sans « DA ». La légende, telle qu’elle est narrée, jusqu’à Deux frères, a débuté avec « DA ». Le single prônant un disque d’or, les deux frères impérieux dans leur cité : le titre est l’un des plus gros classiques du rap français de cette décennie. Incontestablement. Intrinsèquement, il est vrai, cette place de leader peut être contestée, mais dans la représentation et la prestance du morceau, « DA » est le tube de PNL. Celui qui cumule le plus de vues et qui caractérise, au mieux, la fantastique légende de PNL.
Vous êtes d’accord, ou non, avec notre classement : le débat est ouvert.
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