Musique
rad cartier : « Dans cette discipline, une vie n’est pas suffisante pour pouvoir tout apprendre »
Une poignée de semaines après la sortie de VISION THERMIQUE on a pu discuter avec rad cartier, un artiste plus qu’unique.
Une barbe rouge, un style remarquable et un charisme débordant. Quand rad cartier rentre dans la pièce, il attire la lumière et les regards. L’Orléanais nous entraîne dans sa Dimension avec VISION THERMIQUE. On a voulu l’y accompagner et essayer d’en apprendre plus sur un artiste singulier, dont l’inventivité débordante semble encore loin de son apogée. Et pourtant, l’esthétique est léchée, les mélodies sont soignées et le potentiel semble infini. Rencontre avec rad cartier.
rad cartier comment tu vas ? Comment tu te sens après la sortie du projet ?
Ça va à fond ! Je me sens super bien ça faisait un moment que je voulais balancer ce projet du coup c’est comme si ça m’avait enlevé un poids des épaules. J’ai eu que des bons retours et je suis vraiment content, ça fait grave plaisir.
VISION THERMIQUE arrive juste après les freestyles « VT ZOOM ». Commencée en 2019, la série s’est achevée en 2021. Il y a le sentiment d’une vraie vision à long terme.
Tout ça c’était pour amorcer ce projet-là. Le but c’était vraiment de faire grandir la famille un peu, et que ce projet soit écouté et accessible par et pour un maximum de personnes. Donc ça fait quelques années qu’on a décidé tout ça. VISION THERMIQUE, ça fait des années que j’y pense, « VT ZOOM » c’est pareil. Tout ça c’était prévu. Après, l’alternative « VT ZOOK » c’est arrivé au début du confinement et on a parfaitement su rebondir avec. Le but global c’était vraiment de démontrer toutes les palettes musicales que je sais faire.
D’ailleurs tu définissais cette série de freestyles comme des «freestyles haut de gamme». Qu’est ce que t’entend par là ?
Dans le sens où c’est pas une série de freestyles lambdas comme ceux que tu peux voir dans le rap. Là c’était vraiment en mode haut de gamme, parce qu’on y mettait quand même un visuel en essayant de faire ressortir aussi la patte Thermique de chaque « VT ZOOM ». Et c’est par rapport à moi aussi, rad cartier et le sens de l’esthétique.
Justement, depuis tes débuts, il y a une vraie culture de la différence, une envie de se démarquer, que ce soit musicalement et esthétiquement. Est-ce que tu dirais que c’est instinctif ?
Ouais c’est un peu instinctif parce que je suis comme ça aussi… Je sais pas trop comment te l’expliquer… Même par rapport aux vêtements déjà, tu vois quand j’ai une veste et que je vois un poto qui a la même ça me fout un peu le seum. J’aime bien avoir mon truc à moi. Après je me creuse la tête que ce soit en studio ou tous les jours. Pour faire des trucs différents, même des trucs nouveaux tu vois. Le plus gros travail se fait dans la tête. C’est une discipline dans laquelle toute une vie n’est pas suffisante pour pouvoir tout apprendre.
À peut-être parfois trop chercher cette différence on peut s’y perdre. Comment tu fais pour que ça ne prenne pas le pas sur ta musique et que l’ensemble reste cohérent ?
J’ai la chance d’être bien entouré. Je suis accompagné de mes gars quand je suis au studio. Ils sont pas tout le temps là mais ils sont de bonnes oreilles. On se dit les choses, on communique bien, ça me permet d’avancer sans que je me perde pas trop. Parce que ça peut m’arriver parfois de partir un peu trop loin (rires).
L’année écoulée semble avoir été l’amorce d’une nouvelle époque dans le rap francophone. On sent que toute une nouvelle générations d’artistes émerge, rappeurs comme beatmakers avec l’envie de se démarquer. C’est des gens avec qui t’es connecté ?
Ouais. Avant d’être connecté avec ces gens là, j’écoutais. Je suis tombé sur le projet de La Fève et Kosei, KOLAF. Et il y a des tracks que j’ai beaucoup saigné. C’est via ça que j’ai connecté avec eux et tout leur entourage et j’ai capté que c’était des gars qui me suivaient aussi. On est en bons termes, on pas encore vraiment bossé ensemble. Mis à part avec Khali avec qui on a commencé à bosser un petit truc. Ça fait plaisir d’entendre de la musique comme ça, vraiment ça change de ce qui se fait habituellement. Et ce qui est encore plus beau c’est qu’on est tous en train de monter en même temps, c’est pour la culture. Un grand changement qui fait du bien. Et il faut tous qu’on se tire vers le haut, comme ils font aux États-Unis un peu. On est vraiment dans une mentalité de partage. C’est pour la musique en vrai. Donc je sais qu’on va bosser ensemble, mais je laisse le temps faire. On va pas se presser.
Quand on pense rad cartier on pense au style, aux sappes et à la mode. C’est un secteur que t’as envie d’explorer aussi ?
Ouais grave. J’ai déjà mes plans depuis longtemps (rires). Ça fait un moment, après je me penche pas trop là dessus en ce moment c’est plus la musique. Mais ça va venir avec le temps, c’est toujours dans ma tête. J’y pense tous les jours.
La première chose qui frappe quand on lance VISION THERMIQUE c’est sa cover. Elle s’érige comme une parfaite porte d’entrée du projet. Est ce que tu peux m’en parler ?
Cette cover a été réalisé par WWWESH STUDIO. C’est ceux avec qui j’ai fait tout mes derniers visuels. Avant de travailler avec eux, c’est surtout des frérots, je les apprécie beaucoup. Donc c’est pour ça que ça fonctionne bien entre nous, ils voient bien où je veux aller dans ma direction artistique. Cette cover elle me représente dans la Dimension, dans ma Vision Thermique. Tu sais pas vraiment ce qu’il s’y passe, tu me vois tomber. C’est mon univers et elle t’invite à y rentrer.
Le premier extrait du projet avait été « CARTIER DIMENSION » et son clip si particulier. Pourquoi avoir choisi ce morceau ?
On avait pu le tester en live et il marchait bien, donc la suite logique était de le sortir. Et puis, c’est un petit coup de coeur aussi avec ce clip en mode Galactik Football 2.0 (rires). C’est ce délire là, parce que je suis un grand fan de football. Donc pour le track avec Antoine Besse le réalisateur, on s’est dit que ça serait cool de faire un truc autour du foot. Le foot dans la Dimension. Dedans je parle un peu de bédave, c’est contradictoire un peu avec le foot (rires). Bon, vu que j’ai pas eu ma carrière de footballeur, je suis là je joue au foot dans mes clips maintenant.
Ta musique parle beaucoup des femmes. Tu dirais que c’est ta principale source d’inspiration ?
Ouais c’est une grande source d’inspiration. Les femmes c’est l’éternel mystère, une éternelle équation, qu’on comprendra peut-être jamais. Elle me font vivre des moments forts.
L’autre chose dont tu parles beaucoup c’est le 45 et Orléans. T’y habites plus aujourd’hui mais il y a lien fort avec cette ville.
Orléans c’est la hometown tu vois, c’est ma ville de coeur. C’est là ou j’ai grandi, c’est là ou j’ai commencé à faire tout les mooves qui m’ont permis d’être là aujourd’hui. C’est toujours un peu là-bas que j’enregistre pour mes projets persos. Mon ingé, Joss est là bas, c’est avec lui que j’ai commencé le son et je continue à bosser avec lui parce qu’il me connaît par coeur. Je préfère bosser dans un environnement et des gens qui me connaissent. J’essaie de représenter ma ville et mon quartier. C’est ma source. Malheureusement, je pense que la ville fait pas assez de mooves pour les jeunes, du coup il y a un truc qui bloque. Pourtant c’est une ville en plein essor, il faudrait juste mettre un peu de lumière dessus et c’est ce qu’on essaie de faire. Parce qu’il y a beaucoup d’artistes à Orléans qui sont talentueux. Et la majorité des gens talentueux finissent par bouger de la ville, mais c’est vraiment un vivier de talent.
T’as passé plus de deux ans sur VISION THERMIQUE. Pourquoi y avoir consacré autant de temps ?
C’est un projet que j’ai bossé en vivant des trucs à côté. Donc ça prend du temps et tout est travaillé au millimètre près. Je voulais vivre des trucs pour faire grandir ma musique, et me faire grandir. Le seul regret que j’ai un peu sur ce projet c’est que j’aurais aimé que mon gars Khali il soit dessus. Il y avait une track sur laquelle il devait poser mais il a pas trop aimé ce qu’il a fait du coup ça s’est pas fait, mais ça sera la prochaine fois.
La tracklist compte huit morceaux. Le format est donc assez court, quelle en est la raison ?
C’est pour ça que ça a pris du temps aussi. À la base on était parti sur un 14/15 tracks mais je le sentais pas. Je me suis dit que j’aimais pas sortir un projet avec trop de tracks. Donc on s’est dit qu’on allait le raccourcir pour garder que huit titres vraiment forts. Ça glissait mieux dans ce format, et comme ça je reste dans cette cohérence.
Tout au long du projet on retrouve énormément S2000 un producteur avec qui t’avais pas beaucoup bossé jusqu’ici. Comment ça s’est fait sur VISION THERMIQUE ?
Tout simplement parce que les prods qu’il m’a envoyé elles sont énervées (rires). Elles me parlent de fou, c’était des coups de coeur à chaque fois. Quand je reçois des prods, si j’ai pas le coup de coeur je pose pas dessus. C’est toujours des trucs qui me donnent envie de m’exprimer et les prods de S2000 m’ont énormément donné cette envie de m’exprimer.
Quel rapport t’as à la scène ? C’est un truc qui te plaît ?
Ouais grave ! C’est vraiment 50% de production musicale et 50% de prestation scénique. Je kiffe parce que c’est vraiment le rendu final, c’est le show. Le fait que ton public soit là, et ça célèbre ensemble. J’ai trop envie de faire une tournée. J’ai hâte.
Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
La santé et la réussite (rires). 2022 il y a pleins de belles choses qui arrivent.
rad cartier – VISION THERMIQUE