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Okou Gnakouri, entre violence poétique et production audacieuse
Le 11 novembre dernier, Kaaris remettait la note avec son troisième album studio, Okou Gnakouri. Un projet dans lequel il n’hésite pas à explorer de nouveaux horizons.
Efficace après chaque rime, profond dans la poétique violente et salace, robuste dans l’ambiance mélancolique, Kaaris poursuit son ascension au sommet du rap game avec Okou Gnakouri, son troisième album. Auteur de cinq projets en trois ans, le rappeur de Sevran continue de se renouveler dans un opus complet tant par ses punchlines aiguisées que par sa production hybride.
« Ils veulent des « J’aime », ils veulent être adulés, moi je vais les enculer la lumière allumée »
Dans un univers propre, Kaaris mise une nouvelle fois sur sa marque de fabrique : des phases taillées au millimètre capables de faire plisser les yeux de l’auditeur à chaque morceau. Autour de son fil conducteur hardcore se construit une esthétique particulière selon le track. Le thème, le flow et la production s’adaptent selon l’ambiance, offrant un contenu de quinze sons avec chacun sa propre identité. Derrière un ego-trip prononcé se dissimule parfois même des messages : cette idée de sortir de la misère, à l’image de l’excellent « Poussière ».
« D’origine africaine, français, noir, je suis fier de ma couleur de peau »
Après quatre opus entièrement – ou presque – produits par Therapy, Kaaris opte pour une diversification en terme de production avec au total huit producteurs (seulement trois sons sur quinze pour Therapy). Ce choix permet d’éviter un éventuel essoufflement tout en marquant un besoin de renouvellement. Avec des sonorités afrotrap – sur « Poussière« – ou des prods plus lentes aux puissantes basses – avec « Blow », le rappeur du 93 jongle avec plusieurs facettes. S’enchaînent ainsi flow à contretemps et mélodies plus ou moins autotunées, une véritable polyvalence en terme de contenu, tout en restant cohérent. Toujours sobre en terme de featurings, seuls deux invités figurent sur la tracklist ; Gucci Mane, l’un des cadors de la scène d’Atlanta dans le single « 2. 7 Zéro, 10 . 17 » et Kalash Criminel, la nouvelle relève du 9.3.
« On est prêts, on va vous niquer vos mères les putains, en effet, flow extraterrestre, je viens de Vulcain »
Conséquent tout en restant homogène, Kaaris poursuit son sans faute depuis 3 ans avec Okou Gnakouri. Mieux, il ose même du changement et se risque à quelques univers qu’on ne lui connaissait pas. Si Le bruit de mon âme admettait un parfum de confirmation, ce troisième opus prouve le statut de Kaaris parmi les patrons du rap français. Zongo le Dozo.