Musique
Youssoupha : « Je me demandais si continuer servait à quelque chose »
Quelques jours après la sortie de son cinquième album, Youssoupha se confie sur sa carrière solo dans une interview pour Le Monde.
Trois ans d’absence pour lui, une éternité pour nous. Après son dernier projet NGRTD, Youssoupha s’est fait discret pour nous préparer son cinquième opus solo Polaroïd Expérience. Dans cet album authentique, on retrouve un Youssoupha en pleine forme dévoilant un peu plus son enfance, ses origines ainsi qu’un élément central dans la vie du rappeur : la famille.
Avec sa grande richesse de vocabulaire, l’artiste se prend au jeu et sait manier les mots. Entre poésie et militantisme, sonorités traditionnelles et actuelles, le lyriciste bantou a étalé sa large palette. Mais les choses n’ont pas toujours été aussi simples pour le quarantenaire. Autant de remises en question que de doutes, Youss était sceptique et ne trouvait plus de réelles inspirations. En 18 ans de carrière, une drôle impression d’avoir fait le tour s’est fait ressentir. Il se confie pour Le Monde :
« Tout ce que je voulais faire en tant que passionné de cette musique, je l’ai réalisé : les disques d’or, l’Olympia, les albums qu’on considère comme des classiques… Comme je le dis dans « Devenir vieux » , tout ce qui est atteint est détruit. Je me demandais si ça servait encore à quelque chose de continuer. Tous les thèmes qui me tenaient à coeur comme la négritude, les relations entre la France et l’Afrique, l’intégration, je les avais abordés, traités et retraités sur les quatre précédents albums. »
Du rap conscient au rap puissant
C’est avec un certain regret que Youssoupha affirme de plus que le rap militant, comme il sait si bien faire, n’a plus sa place et procure un effet de saturation dans les consciences collectives. Adepte de grands thèmes sensibles à la plume engagée, l’artiste a petit à petit lâché l’affaire et a consacré une partie de sa carrière à la production. Toutefois, il reconnaît la puissance du rap actuel, bien que celui-ci ne s’exprime plus de la même manière, il n’en est pas moins important :
« Même si, aujourd’hui, les textes disent moins de choses, l’important est que nous avons gagné un combat culturel. Je suis heureux quand MHD joue à Coachella, en Californie, ou quand Soprano remplit le Stade-Vélodrome, à Marseille. Leurs exploits sont aussi militants qu’un album d’Assassin »
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