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Myth Syzer : «Je voulais que ce soit un projet d’auteur à part entière»

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Myth Syzer : «Je voulais que ce soit un projet d'auteur à part entière»
© @wokuplucid

Longtemps après Bisous Mortels, Myth Syzer revient avec POISON. Rencontre avec l’artiste qui vient conquérir le devant de la scène comme interprète à temps plein.

Quatre ans. Quatre ans qu’on n’avait pas eu droit à un projet de Myth Syzer. Pour son grand retour, l’artiste a vu les choses en grand. Il a laissé de côté sa casquette de beatmaker et a pleinement investi celle d’interprète pour composer son POISON de quinze ingrédients. «Je voulais que ce soit un projet d’auteur à part entière», explique-t-il simplement. Une transition ambitieuse, et qui prend du temps.

«Je n’ai pas vraiment commencé POISON à une date précise. Ça fait quatre ans que je n’ai rien fait, mais je n’ai pas travaillé quatre ans dessus». En réalité, Myth Syzer avait d’abord prévu de revenir en 2020. «Je ne me sentais pas prêt», épilogue l’auteur de Bisous. La période du Covid-19 le touche particulièrement : il ne fait pas de musique, et n’en écoute même plus. «J’étais même plus au courant de ce qui sortait», ajoute-t-il. Alors il en profite pour respirer.

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Recette du POISON : ajouter 1 scooter

La tête dans le guidon depuis toujours, Myth Syzer prend le temps de se poser des questions qu’il n’avait pas encore eu le temps de se poser. «Dans “Smoke”, je dis : “c’est peut-être le dernier projet, profites-en”. Parce que j’étais dans cette mentalité quand j’ai fait cette track-là. Pour moi, c’était peut-être fini – en tant qu’auteur. En tant que beatmaker, je voulais continuer à placer». Mais le propre d’un artiste, et celui d’un homme, c’est de changer d’avis. «On évolue, sourit Myth Syzer. Là, je kiffe. Et tant que je prend du plaisir, je veux le faire».

«Je suis passionné par les sports mécaniques en général»

Cette période lui aura finalement permis de retrouver l’essence-même de son univers. La campagne de sa mère, ses proches, mais surtout : ses motos. «À la base, j’ai une formation de mécanicien, précise l’artiste. Je suis passionné par les sports mécaniques en général. C’est un peu comme la musique, ça m’a piqué depuis tout petit». À priori, aux alentours de ses cinq ou six ans. «J’étais monté derrière sur une 125 CR, se souvient-il. J’étais en sandales. Ça avait touché le pot et ça avait cramé ma sandale. Ça m’avait brûlé et tout. Mais j’avais tellement kiffé. J’étais dans les champs à perte de vue sur une moto qui bombardait. J’étais comme un ouf».

Quoi de mieux alors que d’illustrer son autre vocation par la pochette de POISON ? Un scooter – celui sur lequel Myth Syzer bricole pendant sa pause – tranquillement installé dans le jardin de sa mère, devant son superbe rosier. «C’est réel, fait-il remarquer. Je sors de ma chambre, et ma cover est là». Une symbolique telle que l’auteur de “Cross” veut aller encore plus loin. «Je voudrais faire un contenu où je montre que je répare ce scoot, qu’il démarre et que je m’en sers. Là, il est en mode squelette, il est en cours de construction. Le but, c’est qu’il devienne un peu un mythe».

 

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Myth Syzer, «ce n’est pas que du rose et des fleurs»

Si la cover de ce nouvel opus est d’autant plus authentique, c’est aussi parce qu’elle reste fidèle à un univers bien propre à Myth Syzer et au label Bon Gamin. Un mélange de poésie et de sensualité que ses auditeurs connaissent sur le bout des doigts. «Les gens ont vu la pochette sur Twitter et ont su direct que c’était moi sans voir mon nom, c’est trop bien». Bien sûr, Myth Syzer, «ce n’est pas que du rose et des fleurs», rigole-t-il. «Je suis le yin et le yang». D’ailleurs, fini les toplines et refrains que lui-même qualifie de «simplets». L’écriture a désormais pris une place plus importante, jusqu’à faire de POISON la porte ouverte vers une facette de l’artiste que l’on découvre presque entièrement – et qu’on a encore envie de fouiller.

«À la base, je voulais zéro feat sur le projet»

Pour initier cette nouvelle exploration, Myth Syzer a cette fois choisi de limiter les collaborations. Quand sur Bisous et Bisous Mortels, chaque morceau comprenait au moins un invité, POISON est bien construit comme un projet de rappeur – et non de beatmaker. Mais cela ne veut pas dire que son auteur est resté seul. Même si l’idée lui a traversé l’esprit. «À la base, je voulais zéro feat sur le projet. J’en avais marre d’avoir cette image du mec qui fait que du feat. Et puis j’étais dans un mood où j’étais solo. Je ne voyais personne. Mais même si le faire seul pour le faire seul, c’est un challenge, quand j’écoute un album j’aime bien qu’il y ait d’autres couleurs. Donc je me suis dit que c’était stupide».

Myth Syzer x Feu! Chatterton : «Ma mère a pleuré direct»

Ses fidèles Loveni, Muddy Monk et Ichon l’accompagnent donc toujours dans ce croisement. Ainsi que Realo, dont Myth Syzer avait déjà produit quelques morceaux. La connexion inattendue, c’est Arthur Teboul, de Feu! Chatterton. «C’est ma track préférée du projet, avoue son auteur. Je peux pleurer quand je l’écoute». Et pour cause. La fusion est indéniablement poignante, et résulte d’un concours de circonstances assez amusant. «Feu! Chatterton, que je ne connaissais pas du tout, me suivaient depuis un moment sur les réseaux. Et il s’avère que le père de ma copine est un fan absolu. J’étais un peu en mode : j’ai envie de marquer le coup, de montrer au beau-père que je suis connecté».

Alors Myth Syzer contacte le groupe sur Instagram. «C’est Arthur qui gère les réseaux de Feu! Chatterton si j’ai bien compris. J’avais écouté et j’avais vraiment kiffé. C’était pas mon univers mais je suis très ouvert, j’écoute de tout. On s’est eu au téléphone, on a parlé. Pour moi, les connexions sont très humaines. À chaque fois, limite on ne parle pas vraiment musique». Pendant un bout de temps, les deux artistes se prennent la tête sur le morceau qui deviendra “Distance”. «On s’est écouté, on s’est donné des conseils. À un moment, il chante plus sur le son. C’est des flows qu’il ne prend pas trop dans ses musiques à lui donc il n’était pas du tout habitué à ce style de son, de structure. Tout ce qu’il a fait où c’est un peu poétique, c’est 100% lui, et cette partie où il chante, je l’ai drivé sur les placements, les flows, la mélo. Je pense qu’il a pris du plaisir à le faire».

 

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Résultat, «c’est une des tracks dont je suis le plus fier dans ma vie». Et il paraît que le beau-père lui aussi a kiffé. Mais pas autant que la mère de Myth. «Elle a pleuré direct, sourit-il. J’aimerais beaucoup que “Distance” marche. Ce serait une fierté de ouf. Parfois, ça ne touche que toi parce que l’histoire ne concerne que toi, mais voir que quelqu’un est touché, c’est mission accomplie. C’était pas gagné».

La Fève, Yeat, Green Montana : ses coups de cœur de la nouvelle scène

Un feat, il devait aussi y en avoir un avec La Fève, sur “Loup”. «Au dernier moment, ça ne s’est pas fait». Rien d’étonnant, puisque Myth Syzer n’a jamais caché qu’il était sensible à la nouvelle génération d’artistes qui marche aux côtés de l’auteur de “Mauvais payeur”. C’est d’ailleurs lui qui aurait fait découvrir Khali à Slimka, ainsi qu’à Mehdi Maïzi. Mais avec le temps, «je suis beaucoup moins digger qu’avant», admet-il. «Avant. j’étais un digger de l’extrême. Je voulais découvrir au max du max. Maintenant, j’écoute plus trop de musique en vrai. Et je suis moins traumatisé par ce qui se fait actuellement. Même si j’aime bien, ça ne me met pas des claques. La Fève, j’ai kiffé. Green Montana aussi. Après, c’est plus américain».

Cette forme de désintérêt n’est pas une énigme selon l’auteur de “Voyou”. «Quand t’es petit, t’as un nouveau jouet, tu t’amuses avec pendant quatre ans. Quand tu grandis, c’est plus pareil. Je suis plus dans l’analyse, et je ne devrais pas. Je sais reconnaître que c’est bien mais parfois, on crie trop au génie pour rien. C’est pour ça que j’aime beaucoup Yeat : même si c’est très spécial, c’est novateur. C’est ça que je kiffe dans la musique : les gens qui innovent».

«Il y avait un manque de respect total envers les producteurs à l’époque. C’est chan-mé qu’ils soit mis en avant aujourd’hui»

© @wokuplucid

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En tout cas, la montée en puissance de cette scène toute neuve va aussi de pair avec un phénomène qui – en l’occurrence – plaît beaucoup à Myth Syzer. «Il y avait un manque de respect total envers les producteurs à l’époque. C’est chan-mé qu’ils soit mis en avant aujourd’hui». Depuis toujours, le beatmaker s’est battu rien que pour apparaître dans le titre des sons qu’il plaçait. «À l’époque, il n’y avait pas de cachet. Je prenais zéro euros dans la musique donc je voulais un peu de reconnaissance. Si tu voulais une prod, tu me mettais dans le titre. Il y avait des gens qui plaçaient beaucoup plus que moi, mais on ne connaissait pas leur nom».

Aujourd’hui, tout le monde connaît son nom. Même après quatre ans. «J’espère qu’on va comprendre mon absence», conclut Myth Syzer. Pour l’instant, «je veux travailler mes textes au max, mes flows, être à 100%». «Proposer des choses novatrices comme j’essaie de faire à chaque projet. Continuer dans cette lancée là. M’améliorer en tant qu’interprète, mais garder cette touche où on sait que c’est Myth Syzer. Conserver ça sur le long terme». En attendant, que peut-on lui souhaiter ? «Du succès, de la reconnaissance, et que les gens kiffent la musique».

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