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IAM, parce que « Rêvolution » rime avec « Passion »
Le légendaire groupe marseillais revient avec un huitième album studio passionné et sans artifice.
« IAM a fait du IAM ». C’est ce qui semble ressortir de manière générale des médias après l’écoute de Rêvolution. Un huitième album peut-être de trop diront certains, toujours autant attendu selon d’autres. « IAM a fait du IAM ». Oui c’est vrai, mais force est de constater que même 20 ans après, le micro d’argent n’affiche toujours pas la moindre trace de rouille. Que les thèmes abordés sont toujours pertinents et à des années lumières du rap bling-bling et capitaliste qu’on nous force à ingurgiter. « IAM a fait du IAM ». Mais c’est là toute l’essence d’une identité qui traverse les époques. Le collectif marseillais a un style emblématique, à mi-chemin entre du rap conscient qui transpire les ’90 et une passion incontrôlable de l’écriture. « IAM a fait du IAM ». Mais au fait, qu’est-ce que ça veut dire ? Positif ou négatif ? Est-ce du réchauffé inutile ou un nouveau classique ? Bref. Humblement, ma réponse sera que « Rêvolution » ne marquera certainement pas l’histoire du rap français, mais qu’il s’inscrit dans une lignée cohérente d’une discographie déjà ornée d’or.
La culture du hip-hop
Heureusement qu’IAM prend le temps, une fois de temps en temps, de nous rappeler ce que sont les valeurs du rap. L’humilité, la franchise et surtout, la poésie. Dans un opus truffé de bonne volonté et très bien fourni (19 morceaux), le collectif caresse une couleur underground et fier de l’être. Seuls quelques titres osent un contact avec un style plus « 2017 », avec réussite. C’est le cas des deux tracks clippés par exemple, « Monnaie de Singe » et « Grands rêves, grandes boîtes » dont l’aspect mélodique et instrumentale offrent un contenu plutôt moderne et abouti. Evidemment, niveau flow, Shurik’n et IAM restent incorrigibles… mais peut-on réellement leur en vouloir ?
Pour ce qui est des featurings, Rêvolution reste très sobre. Cinq invités, la plupart méconnus mais non moins pertinents, et seul un Lino toujours aussi grandiose pour sublimer « Fiya ». Les productions sont toujours aussi bonnes et après 28 ans à travailler ensemble, on veut bien le comprendre. La seule fausse note se trouve peut-être dans la longueur de l’album qu’on pourrait juger trop long. Dix-neuf morceaux de, quasiment, tous quatre minutes, c’est long. C’est même parfois beaucoup trop long. Mais encore une fois, et quitte à me faire accuser d’avocat du diable, on sent que c’est la passion qui inspire l’album, et non pas l’argent comme certains s’en amusent. IAM ne fait pas de la trap ou de l’afro-trap : IAM respire par sa passion. Et sa passion, c’est le rap brut.
Une passion interminable
Alors oui, Rêvolution n’est ni fédérateur, ni pionnier d’un mouvement hip-hop qui tend à émerger. Cependant, l’album porte des valeurs pertinentes et s’écoute, et ce malgré les longueurs, sans trop d’appréhension. Puis de toute manière, on demande pas à IAM de bousculer le rap français et de faire de la trap autotunée. Non, on souhaite qu’IAM fasse du IAM, qu’ils soient capable d’alimenter cette petite flamme nostalgique et mélancolique qui anime une génération déjà marquée par ses classiques. Rêvolution est un bon opus, agréable à écouter, sans extravagance. Point. Une petite piqûre de rappel des vrais valeurs du rap dans un contexte moderne sans queue, ni tête. Et comme la boucle tend à se boucler, « IAM a fait du IAM » et c’est sûrement mieux comme ça.