Musique
Jazzy Bazz, Columbine, Georgio et Chilla : les 4 clips de la semaine à ne pas rater
C’est une belle semaine pour le rap français. Quatre clips très aboutis sont sortis en seulement quelques jours. On retrouve Chilla avec « Mira », Columbine avec « Borderline », Jazzy Bazz avec « Cinq heures du matin » et enfin Georgio feat. Isha avec « Dans mon élément ».
Chilla – « Mira »
Inspiré des séries américaines telles que Riverdale et Les nouvelles aventures de Sabrina, le clip de « Mira » dépeint une jeune femme (Chilla elle-même), son petit-ami (Gary Neveux – co fondateur de la marque Walk In Paris) et sa meilleure amie (Lou Luttiau vue récemment dans Mektoub my love). Dans une atmosphère brumeuse et presque angoissante, les deux femmes vont piéger le jeune homme en lui faisant commettre une infidélité. Un peu comme des ensorceleuses, des enchanteresses, elles vont jouer avec cet homme en le blessant, puis en le recouvrant d’un sac sur la tête. Les scènes obscures et loufoques interrogent sur cette histoire dans laquelle l’homme a pris la place souvent impuissante des femmes. Incapable de se défendre ou de riposter, il n’a d’autre choix que de laisser les deux vipères s’occuper de lui, presque inconscient.
Plongée le temps d’une chanson dans le rôle d’une actrice, il ne fait aucun doute que ce jeu de rôles rappelant un peu les Teen Horror Movies a séduit Chilla, qui s’investit depuis un moment dans la réalisation de clips de plus en plus achevés. Cette fois, presque comme un court-métrage, cette dernière vient raconter l’histoire de « Mira », entre réalité cauchemardesque et mirage. Une fois encore, elle profite de son statut de femme pour dresser le tableau d’un monde dans lequel les rôles seraient inversés.
Georgio feat. Isha – « Dans mon élément »
Avec le clip « Dans mon élément », Georgio prouve qu’il a pris beaucoup de recul et que son retour avec XX5 s’effectue en toute conscience. Témoins durant ces quatre minutes de la noirceur de leurs vies, les deux rappeurs voient tour à tour leur propre vie défiler sous leurs yeux : Georgio se fait tabasser et les repères d’Isha prennent feu lorsqu’il essaie de brûler le cliché-souvenir de son ancienne petite-amie. Face à cette jeunesse ternie, pour ainsi dire gâchée, Georgio, dans une lutte contre lui-même préférera l’ensevelir sous terre pour ne plus être victime de ces souvenirs qui reviennent sans cesse comme des Boomerangs.
Après s’être débarrassé de ces maux qui lui ont fait du tort durant ses précédents projets, le rappeur se dit être enfin « dans son élément », libéré de son passé parfois paralysant et atrophiant. Réalisé en pleine nature, le clip fait sens à l’identité visuelle de l’opus puisqu’il en reprend certaines thématiques majeurs comme l’enterrement mentionné plus tôt. Entrecoupé sans cesse par des rétrospectives mornes et drôlement teintées, le clip tente tant bien que mal de donner une autre dimension au titre, celle de l’apaisement.
Lujipeka – « Borderline »
Pour Columbine, « Borderline » est le troisième clip issu de leur album Adieu Bientôt. Après le succès du titre éponyme cumulant les 31 millions d’écoutes, le collectif aspire à produire des clips vidéos de plus en plus qualitatifs comme ils nous l’avaient prouvé avec « Cache-cache » puis avec « Adieu Bientôt ». « Borderline » est un clip fidèle à ses paroles et met en scène Lujipeka devant ses démons. Première échappée vidéo en solo pour le rappeur, avec des images représentant avec beaucoup de minutie l’univers psychotique et sans frontière de Columbine. Dès que ce dernier rappe une phrase, celle-ci se déroule sous ses yeux : les chiens aboient, les deux femmes s’embrassent, la peur du noir… Un procédé rarement utilisé par la scène rap et qui fonctionne bien dans cette nouvelle vidéo.
L’enchaînement rapide des différents plans offrent à l’histoire racontée par le clip un certain dynamisme, un dynamisme presque effrayant, à l’image des serpents, lampes torches et autres éléments effarants. Lorsque Lujipeka se fait attraper par une main sortie d’un miroir, on comprend qu’on est confronté à une scène autant surréaliste que délirante. Le groupe qui disait vouloir se détacher de ses anciens préjugés y parvient à merveille dans « Borderline », en révélant une univers bien ficelé et on ne peut plus professionnel. Un moyen pour eux de continuer à reconstruire et déconstruire leur image et de séduire un public plus vaste avec ce clip digne d’un thriller.
Jazzy Bazz – « Cinq heures du matin »
À l’instar de nombreux artistes, l’image compte énormément pour Jazzy Bazz. Le rappeur plutôt réservé quant à sa vie privée est revenu à « 5h du matin » pour la publication de son clip du même nom. Une belle surprise pour les fans qui ont pu découvrir Jazzy Bazz et son alterego, une petite figurine le représentant assez fidèlement. La statuette reproduit chaque fait et geste de l’artiste. On la voit donc évoluer une bouteille de champagne à la main, puis au volant d’une voiture, sur les fesses d’une fille ou sur le dos d’un crocodile. Des clichés illusoires et étourdissants, de par leur dimension abracadabrante.
Avec ces visuels, Jazzy et Dijor Smith créent un univers éclectique dans lequel le mini-moi du rappeur évolue entre rêves et réalité. De quoi perdre les internautes dans le royaume des songes et les laisser divaguer dans cette vérité alternative proposé par les mots de ce titre, dédié à ceux qui jonglent entre sommeil et insomnie, à l’heure où le soleil dort encore.
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