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Nekfeu, deuil et Victor Hugo : l’histoire sombre de « Des astres »

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nekfeu feu on verra
© Panamaera

À l’occasion d’une nouvelle vidéo de La voix-offInterlude s’est intéressé à quatre couplets et morceaux cachés dans le rap. Zoom sur celui de Nekfeu : « Des astres ».

«Peu d’hommes sincères, Dieu sait qu’on est seuls». Lors de la première écoute de « Risibles amours », le long silence qui conclut le morceau interpelle. Car après une petite et discrète minute dans un vide profond, s’ouvre la production distordue de « Des astres ». Ce morceau caché, premier imaginé par Nekfeu avant de reproduire le schéma à l’issue de « Saturne », dans Cyborg, semble renfermer un complexe procédé artistique. En somme, il marque une brutale rupture avec la sulfureuse ambiance de « Risibles amours » et déploie une atmosphère angoissante et sombre.

Officiellement intitulé « Des astres », le titre se bâtit autour du jeu de mot incorporé dans son pont : «J’attends la réussite des astres». Une phrase qui, en enlevant ou ajoutant une virgule, permet de manipuler le mot « désastre », qui vient contraster la réussite attendue par Nekfeu. Un « désastre » que le rappeur semble décrire tout au long du titre, où il utilise un champ lexical obscur. Il parle également d’une femme au passé, comme si elle était décédée. Une hypothèse pertinente que l’on retrouve dans la peau «bleutée» décrite par le rappeur.

Nekfeu inspiré par Victor Hugo ?

Cette étrange conclusion a subit un boom de popularité lors du clip de « 7:77 » où elle introduit le morceau. On constate Nekfeu à l’issue d’un crash, le visage ensanglanté, rappant timidement les vers de son morceau. Il semble peu probable que la décision d’incarner en images son titre n’ait pas une symbolique plus profonde. « 7:77 », lui, évoque explicitement la mort d’un proche, par l’intermédiaire d’un clip où l’artiste se souvient d’une femme disparue. «Cette nuit j’ai pas dormi, on m’a appris un décès», raconte Nekfeu lors de la première phrase de son morceau.

Cette manière d’approcher « Des astres » comme un rapport à la mort a mené à une intéressante hypothèse impulsée par une utilisatrice Genius. Selon elle, le long silence qui séparerait « Risibles amours » et sa seconde partie s’inspirerait du fameux « poème vide » de Victor Hugo. En somme, Les Contemplations du poète se scinde en deux parties, Autrefois et Aujourd’hui. Écrit de manière chronologique – bien que Victor Hugo ait brouillé quelques pistes -, le recueil impose une rupture pour séparer ses deux parties : « 4 septembre 1843″. 

© « Les contemplations », Victor Hugo

Ce poème, entièrement vide, n’accouche que d’une feuille blanche. La date correspond, en fait, à la mort tragique de Léopoldine, la fille de Victor Hugo. C’est ce décès qui marque l’opposition entre Autrefois et Aujourd’hui : le poème est une invitation au recueillement, une manière de proposer au lecteur une réflexion sur la mort. Une pause qui pourrait avoir inspiré Nekfeu lors de son diptyque. Très inspiré par la littérature – Risibles amours est elle-même tirée d’un recueil de Milan Kundera -, l’hypothèse que Nekfeu se soit inspiré de Les Contemplations n’a rien d’impossible. L’interprétation, aussi farfelue soit-elle, donne toutefois une âme d’autant plus puissante à l’album Feu, qui regorge de subtilités. 

Découvrez l’intégralité de notre vidéo dédié à 4 couplets et morceaux cachés dans des morceaux de rap. 

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