Interviews
Les Flatbush Zombies à l’assaut de la planète Mars
Le 23 septembre, nous étions tous entre chiens et loup pour la nuit 100% hip-hop du festival Marsatac de Marseille. Quelques minutes avant de les voir enflammer la scène, nous avons eu le plaisir de passer quelques minutes avec les Flatbush Zombies.
Erick Arc Elliott, Meechy Darko & Zombie Juice sont nos trois héros du jour. Tout droits sortis de leur Flatbush natal (un quartier de Brooklyn), les Flatbush Zombies ont fait une halte dans la belle cité phocéenne le temps d’un concert, histoire de promouvoir l’album 3001: A Laced Odyssey sorti cette année. Inspiré du chef-d’oeuvre littéraire de Arthur C. Clarke 2001, l’Odyssée de l’espace (adapté au cinéma par le grand Stanley Kubrick), cet album transpire l’egotrip et fait l’apologie des substances illicites. Mais cette formule n’a qu’un seul but et y parvient avec brio : nous transporter aux confins de notre galaxie avec leurs trois flows déjantés. Mais retournons maintenant sur Terre afin de mieux cerner leur univers. Très bavard, c’est Meechy Darko qui fut le plus souvent la voix de ses camardes durant cet entretien.
2HIF : Salut les gars, pour commencer et histoire de vous resituer, vous qui vous connaissez depuis l’école, pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui vous a motivé à vous lancer dans le rap game ?
Meechy Darko : Pour Erick, il avait 14 ou 15 ans. Pour moi et Zombie Juice , on allait sur nos 18 ans. Quand on était jeune, on traînait toujours ensemble. On regardait beaucoup de dessins-animés japonais comme Dragon Ball Z, mais c’est surtout la drogue qui a construit notre univers. On a testé beaucoup de substances psychotropes ensemble (LSD, champignons etc.), ça nous a transformé en zombies. On kiffait la même musique et on voyait les choses de la même façon. On est devenus naturellement les Flatbush Zombies !
Vous êtes donc fans de mangas, mais aussi de comics. Justement, à ce propos, la pochette de votre album (3001: A Laced Odyssey ndlr) a été dessinée par David Nakayama, un artiste qui a travaillé sur Marvel Adventures, Deadpool et bien d’autres. C’était important pour vous de transmettre ce côté fantastique sur votre pochette ?
Meechy Darko : Oui, c’était vraiment primordial pour nous que la pochette soit artistique. Je pense que l’art reste plus longtemps dans les esprits que les simples photos. C’était aussi important que cette pochette nous représente tous les trois ensemble. Tout simplement parce que, ce que vous voyez sur cette pochette exprime nos pensées à tous les trois. Pour être honnête, ça nous a pris une éternité pour trouver la cover parfaite. Cela dit, on est pas les premiers à vouloir retranscrire cela sur une pochette, il y a eu aussi Jimmy Hendrix et Santana. On a choisi le style comics, car il fait partie de notre univers.
Du coup, si vous avez le temps d’en lire, quels comics lisez-vous ?
Erick Arc Elliott : Black Science c’est mon préféré, mais évidemment je lis du Batman. – Les Big Two !
Vous avez lu 12 Reasons to Die de Ghostface ?
Erick Arc Elliott : Non pas encore, c’est sur ma liste !
Pourquoi avoir fait le choix de cette dimension psychédélique dans votre musique ?
On va continuer sur une note un peu moins joyeuse. En tant que noir-américains de Brooklyn, quel est votre ressenti au sujet des récentes bavures policières qui frappent toujours plus les Etats-Unis ?
Meechy Darko : Je suis sûr que vous aussi bien que nous, vous n’aimez pas ce qui se passe chez nous. C’est insupportable et je ne comprends pas comment on a pu en arriver là…
Erick « Arc » Elliott : Mais malheureusement, cela n’a rien de nouveau, c’est juste que personne jusqu’à présent, ne s’est vraiment attaqué au problème. Je veux dire, la haine, le racisme, les bavures policières, l’injustice… toute cette merde n’est pas nouvelle. Ce qui est nouveau en revanche, c’est la façon dont on en parle. Aujourd’hui quand un mec se fait flinguer, les gens prennent des images et les diffusent sur Internet, tu vois ce que je veux dire ? Tout le monde peut voir ce qui se passe. Il n’y a plus aucun moyen de cacher toutes les merdes qui se passent.
Comment vous voyez l’avenir du coup ? Vous êtes pessimistes ?
Meechy Darko : Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis pessimiste. Je suis plutôt un « super optimiste ignorant ». Je ne crois pas du tout en un avenir radieux, mais je l’espère en tout cas. Dans 50 ans peut-être, quand tout le monde sera de la même couleur !
On a un plan pour rendre le monde meilleur : Organiser une orgie géante où tout le monde baisera pour ramener la paix dans le monde !
(Rires) Zombie Juice : C’est exactement ça, t’as tout compris !
Le temps va malheureusement nous manquer, mais dites-nous tout : après ce premier album, quels sont vos prochains objectifs ?
Meechy Darko : En ce moment on est en train de construire notre empire. Un autre album est en préparation, des films aussi, mais on ne peut pas en dire plus. Pour le moment, on se contente de jouer sur scène et de donner des interviews.
Meechy Darko : Plus sérieusement, on veut être le premier groupe de l’histoire à jouer sur Mars ! On est persuadé qu’il y a de la vie là-haut.
Zombie Juice : Pourquoi pas non plus coucher avec des extraterrestres ? Ça pourrait être cool surtout s’ils ont de beaux cheveux longs ! (rires)