Musique
Ces morceaux qui ont 10 ans en 2021
2011, 10 ans en arrière, une autre époque. Aux États-Unis, Drake et Kendrick Lamar sont les visages du futur pour le rap, tandis que Kanye West et Jay-Z retournent la scène hip-hop mondiale avec leur album commun Watch The Trone. En France, 2011 marque une année de transition entre deux décennies…
Une année de transition donc, marquée par de francs succès, des morceaux iconiques, et des petits jeunes qui commencent à faire beaucoup de bruit. Retour sur 2011 en dix morceaux qui vont souffler leur dixième bougie avec 1995, Nekfeu, ou encore Orelsan.
On ne pouvait pas passer à coté
Sexion d’Assaut fut le phénomène de l’année. Sur la lancée de L’école des Points Vitaux, et l’énorme tube « Désolé », le collectif parisien sortira En attendant l’Apogée, les chroniques du 75. C’était un projet attendu et il ne décevra pas. On retient alors « Qui t’a dit », l’un des singles qui aura porté l’album. Un refrain entraînant, et trois couplets où l’on peut tour à tour entendre Maître Gims, Lefa et Black M. Les trois rappeurs, qui seront par la suite, les membres du groupe négociant de la meilleure façon une carrière solo. On attend toujours Le Retour des Rois. Le clin d’œil serait beau, à l’occasion des 10 ans d’un album qui aura définitivement propulsé la Sexion dans une autre dimension.
La Fouine vs Laouni, ou la bipolarité d’un rappeur, oscillant entre la rue et la famille, partagé entre la haine et l’amour. Le rappeur de Trappes arrivera à nous faire aimer ses deux facettes, dans un double album s’ouvrant sur « Veni, Vidi, Vici ». Une introduction puissante, où La Fouine nous raconte son parcours dans la rue, et ce qui a façonné son personnage de rappeur. Un refrain efficace qui rentre vite dans la tête. Des phases marquantes, notamment une faisant référence à Jena Lee (vraiment une autre époque). « Veni, Vidi, Vici » aura marqué son temps, à l’image de la barbichette de son interprète.
Marseille et le rap. Une longue histoire d’amour à travers les années. En 2011 le principal représentant de la ville phocéenne s’appelle Soprano. La Colombe et Le Corbeau (décidément les double albums étaient à la mode) marque le début d’un virage dans la musique de son auteur. L’artiste marseillais s’est toujours érigé en défenseur de causes humaines et sociétales. « Regarde-Moi » s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Il nous raconte l’histoire de trois personnes dont les destins sont liés. Un exercice d’écriture captivant, et un morceau important dans sa discographie.
Des morceaux iconiques
2011 marque aussi la fin d’une époque. C’est alors l’année du dernier album de Sefyu (avant un retour remarqué en 2019). L’artiste, venu retourner le rap français entre 2006 et 2011, à coups de gimmicks énergiques, dévoile alors Oui je le suis. L’album fait suite à Suis-je le gardien de mon frère sorti deux ans auparavant. On y retrouve en son sein le morceau « Turbo » où Sefyu enchaîne les phases à une vitesse incroyable. Un morceau marquant, et comptant parmi les plus gros de son auteur.
Entre Lunatic et Futur, Booba dévoilera Autopsie Vol.4. On y retrouve notamment Shay ou encore Kaaris. Néanmoins, c’est « Scarface » qui retiendra toutes les attentions. Un morceau où Booba joue alors le rôle de lover, faisant tout ce qu’il peut pour séduire la gente féminine. Malgré une phase sur le code PIN qu’on à toujours du mal à comprendre, le morceau fonctionne. C’est un son que l’on peut encore entendre en club ou en soirée de nos jours.
Médine est un habitué des featurings à rallonge. Récemment, on pense aux « Grand Paris », où les générations se mélangent, et où les invités se comptent sur plus d’une main. Ceci dit, déjà 10 ans plus tôt, Médine s’adonnait à l’exercice. « Téléphone Arabe » et ses 7 invités est un morceau long de 10 minutes où l’on retrouve de nombreux rappeurs de générations différentes. Tour à tour Salif, Tunisiano, Mac Tyer, Ol’ Kainry, La Fouine, Rim’K, Keny Arkana et enfin Médine se passe le micro. Un casting 5 étoiles, qui dessert parfaitement le propos du morceau. A la manière d’un téléphone arabe, les rappeurs se passent un message, déformant peu à peu le propos initial. Le résultat est original et donne l’un des meilleurs sons au casting hors-normes.
Des jeunes prometteurs
2011 marque aussi le début d’une nouvelle époque, dont un collectif en est le symbole. 1995 balance alors son premier EP La Source. Le morceau éponyme sera un immense succès, lancant alors la carrière de certains rappeurs reconnus. Nekfeu, Alpha Wann ou encore Sneazzy sont des membres à part entière du groupe. Sur « La Source », ils se portent garant d’une musique souhaitant rendre hommage à l’Age d’or du rap français, à travers des samples iconiques, et des schémas de rimes complexes et travaillés. En d’autres termes, ils prennent alors le rap à sa source et s’en servent pour façonner leur musique.
Dans le sillage de 1995 et plus globalement l’Entourage, certaines têtes émergent. C’est le cas de Guizmo, à l’époque membre du collectif et pratiquant sensiblement le même style de rap. Le morceau « Normal », issu de l’album du même nom, est particulièrement représentatif de la personnalité complexe du rappeur. Le nom du morceau et son refrain sont des références directes aux Rap Contenders. Guizmo avait répondu à une phase se moquant de son problème d’alcool par un « Normaaaal » qui avait beaucoup plu au public. Auto-dérision et insolence, deux adjectifs correspondant bien au rappeur parisien.
Nekfeu et Alpha Wann. Le duo qui déchaine aujourd’hui toutes les passions, à l’idée d’un possible projet commun, fait ses classes dans le rap depuis déjà 10 ans. En 2011 sortait l’EP commun En Sous-Marin. « Monsieur Sable » était alors l’un des 3 clips du projet. Le morceau tire son nom du son samplé pour en créer la prod : « Mr Sandman ». C’était alors les prémices de deux rappeurs s’apprêtant à marquer de leur empreinte la scène parisienne et leurs époques. Les multiples références et les enchainements d’assonances rythment un morceau aux allures old-school. Quand on entend leur alchimie naissante, qui sera ensuite développée au cours des années, on n’a plus qu’une seule question en tête. A quand le futur projet commun ?
Un univers à part
Orelsan et Gringe. En 2011 les deux compères lâchent « Ils sont cools », un passe passe survitaminé accompagné d’un clip cartoonesque, tout droit sorti d’un manga. Le propos détonne et le visuel est accrocheur. Ce sont là les prémices des Casseurs Flowteurs. « Ils sont cools » figure sur Le Chant des Sirènes deuxième album du rappeur de Caen. A l’époque, le projet est unanimement applaudi, propulsant alors Orelsan comme une tête d’affiche du rap français, appelé à faire une carrière brillante. Propos unique, références originales et musicalité novatrice Orelsan débarque alors comme un raz de marée dans le paysage musical français. A l’image de « Ils sont cools » et de l’énergie que ce morceau dégage.
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