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Avec « Omerta », Dadinho brise le silence

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Dadinho continue sa progression. Le rappeur de 25 ans a prséenté son premier album Omerta, le 11 juin. Pour l’occasion, le Marseillais s’est confié sur sa vie à Marseille, la conceptualisation de son album, son entourage… tout est passé au crible.

Le rap marseillais monte en puissance ces dernières années, notamment grâce à de nouveaux visages talentueux, et Dadinho est l’un des nombreux artisans de ce succès. Etape par étape, l’artiste originaire de la Castellane se fait un nom. D’ailleurs en parlant de nom, vous savez d’où vient le sien ? « Dadinho »  fait référence au film brésilien La Cité de Dieu. Vous savez le surnom donné à Zé Pequeno plus jeune. En même temps il y’avait quelques similitudes : «Je faisais un peu n’importe quoi quand j’étais petit. Un de mes cousins m’a comparé tout de suite à lui. Puis ça a été mes proches, et il me disaient tous « Tu fais comme Dadinho ». Dans le film il avait deux bosses (sur la tête), quand je tombais j’avais des bosses aussi. Tout le monde l’a repris après, et je l’ai gardé.» Un nom de scène qu’il porte depuis ses débuts.

Son premier album Omerta

Après son EP Métamorphose, sa mixtape La Cité des Hommes, il dévoile son premier album Omerta. Ce nom n’est pas choisi au hasard. C’est même un symbole et l’une des lois mafieuses les plus célèbres : « Le silence c’est le plus important dans la vie pour moi. Si tu n’as pas le silence, tu n’as pas d’honneur. Tu n’as rien même. Dans la musique je prends la parole donc je brise le silence d’une certaine manière. Mais je ne dis pas tout ! » Ne vous en faites pas, sur sa vie, sa carrière et son projet, Dadinho devrait se livrer davantage.

Sur cet opus sorti le 11 juin, le rappeur de 25 ans prend la parole et nous éclaire sur la conceptualisation de son album. Il réunit pour l’occasion un casting XXL : Ninho, Gazo, Leto ou encore Elams l’accompagnent dans cette sombre aventure, qui reste toutefois lumineuse par moment. « J’adore les sonorités, le rythmes et les mouvements de la drill, je n’en faisais pas avant. Puis on a fait le son avec Gazo et ça a tout de suite marché. » C’est outre-Manche, à Londres, que Dadinho puise ses premières inspirations, même s’il admet que dans d’autres pays, ll y beaucoup de talents. L’éternel Pop Smoke aux Etats-Unis ou encore Freeze Corleone en France sont notamment cités.

Une bonne partie de son projet est consacrée aux productions drill. L’artiste ne veut pas se cantonner à un seul et unique univers, surtout quand on connait son éclectisme : « J’ai voulu aller sur le terrain de Ninho ou Leto parce que je kiffe tout faire, je ne me limite pas. » Il apprécie donc le registre de ses compères franciliens, puis on constate même que les connexions entre les artistes de Paris et Marseille se répandent un peu plus. Pour Dadinho les collaborations se sont faites naturellement : « Si je ne connais pas l’artiste personnellement, c’est quelqu’un de mon entourage qui le connait. Souvent c’est mon frère. »

Depuis le début de son aventure musicale, Dadinho peut compter sur un entourage omniprésent et soucieux de sa réussite. Son grand frère a toujours eu un rôle fédérateur, et l’accompagne sur tous ses projets : «Je ne pourrais même pas dire qu’il est manager. Il fait bien plus, sur tout. Il gère tout.». Et même si le jeune Zepek est la tête d’affiche, pas question pour lui de reconnaitre que son frère est son bras droit. Bien au contraire, son respect est trop grand pour celui qui lui donne tout au quotidien : «Je suis le petit frère. Je suis son bras droit.» Comme dans les films, les acteurs de l’ombre sont souvent les plus importants.

Son attachement à la cité

Dans le tableau de Dadinho, les références au grand banditisme sont à l’honneur. Quand ce n’est pas Mendoza, c’est Gomorra. Si ce n’est pas la série italienne, on file au Brésil pour les favélas et le film La Cité de Dieu. Et tous ces clins d’oeil ont évidemment un sens : ça lui rappelle sa cité. Mais contre toute attente, la série Caïd, tournée non loin de ses terres, ne l’inspire pas énormément : «Ca ne se passe vraiment comme ça en vrai. Puis Martigues ce n’est pas Marseille. On ne peut pas comparer

L’ambiance et la richesse culturelle, c’est une autre histoire dans son quartier. L’artiste confirme les propos de Leto dans le morceau « Rêve africain » : «La rue c’est attachant». Marié et père de famille, aujourd’hui Dadinho ne vit plus dans sa cité, mais s’est installé non loin pour rester au contact de sa famille et ses amis d’enfance. Sa carrière grandit, ses ambitions aussi, alors son « rêve africain » se rapproche un peu plus chaque jour… à quelques détails près : «Il me faut un jet privé, la limousine. Il me manque encore quelques trucs.» Mais dans La Cité de Dieu, le petit Dadinho devient l’insatiable Zé Pequeno, et ce n’est pas le destin qu’il souhaite, admet-il en rigolant : « Je ne veux pas me rapprocher de Zé Pequeno. Il meurt, et en plus à 28 ans. Donc non, il ne faut pas m’associer à Zepek

La montée en puissance du rap marseillais

Le collectif 13 Organisé est le symbole de l’unité. Sur cette compilation, on retrouve le gratin du rap marseillais, toutes générations confondues. Puis entre tous, la connexion est fluide et naturelle. De Jul à Keny Arkana, en passant par Le Rat Luciano, Alonzo ou encore Akhenaton et SCH, ce succès n’est finalement pas une surprise. Parmi la cinquantaine d’artistes présents sur ce projet, on retrouve notre acteur du jour, Dadinho. Et entre eux, pas d’hypocrisie ou d’égo. Tout le monde se connait, tout le monde se croise, tout le monde se respecte : «On n’a aucune raison de se mettre des bâtons dans les roues, comme on peut voir ailleurs. Paris c’est énorme, certains aiment faire les malins, et ils peuvent se cacher. A Marseille tu ne pourras pas, c’est plus petit

Et quand on lui demande ce qui les différencie des autres villes, mais avant tout de Paris, la réponse est sans équivoque. Même si son rire aurait pu le piéger : «On est toujours meilleurs que les Parisiens ça c’est sûr. Le monde ne l’avait pas encore vu c’est tout. A jamais les premiers.» Pour Interlude, Dadinho a brisé le silence sur son album Omerta. Son premier projet respire le sud, et vient naturellement se greffer au tableau des albums à écouter cet été. Surtout si vous êtes dans autour de Marseille les amis.

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