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Coyote Jo Bastard : «Les morceaux ont plein de couleurs différentes»
À l’occasion de la sortie du projet CNLPG, on est allés discuter avec Coyote Jo Bastard de voyage, de connexions et de son.
Deux ans après Only Fans, on attendait Coyote Jo Bastard au tournant. Désormais, le rappeur du 17ème arrondissement de Paris dévoile CNLPG. Le titre, qui fait référence à sa fameuse gimmick «C’est Nous Les Plus Gang» annonce la couleur. Le projet est composé de 8 featurings, sur 10 titres. Et le casting est international : Maad, Zamdane, Bhavi, DrefGold, Ria Sean, Poupie, J9ueve et Liim’s.
Autant d’artistes que de sonorités hétéroclites, parfait pour un roadtrip ou un été festif. Une vision neuve délivrée par un premier extrait, le clip de « Tchagala », puis une succession de singles annonçant une tracklist prometteuse. Le résultat est musical, cohérent, et ne laissera pas ses auditeurs de marbre. Interlude est parti à la rencontre de Coyote Jo Bastard pour parler du projet, de voyage et de sa vision de la suite.
Salut Coyote Jo Bastard. Alors dis-moi, c’est quoi CNLPG (C’est Nous Les Plus Gang) ? Et pourquoi cette cover planante ?
De base, c’est une gimmick qui est venue depuis Hoodboy et qui est restée et me correspond parfaitement, je pense. La cover, c’est le truc itinérant, comme un colis. Tu pars d’un point A pour aller à un point B. Tu vois plusieurs endroits, plusieurs pays. Je trouve que les colis représentent bien les voyageurs. Quand tu fais une commande des États-Unis jusqu’en France, il y a un voyage.
En parlant de voyage, t’as choisi de collaborer au maximum à l’internationale sur le projet. Avec Bhavi (Argentine), Madd (Maroc), Drefgold (Italie), ou même Ria Sean (Nigeria).
Comme dirait Tony Montana : «Le monde, chico» *rires*. C’est bien d’être une star dans son pays, mais si tu peux être une star dans le pays des autres, je trouve que c’est tout aussi gratifiant. On te reconnaît à ta valeur parce que tu as fait un bon morceau comme avec Sfera, quand je vais en Italie. Les gens me reconnaissent et ça fait plaisir. Il n’y a pas forcément cette barrière de la langue et c’est juste par rapport au feeling. Si les gens se sentent concernés, même sans comprendre ce que je dis, c’est toujours gratifiant. Les morceaux ont plein de couleurs différentes. À chaque fois, il y a un artiste différent. Il y a plein de retours que je ne comprend même pas. Par exemple, le feat avec Madd, il y a des réactions en marocain que je ne comprend pas. De mon côté, en France, ils ont bien pris le truc.
Ça fait énormément de featurings. Sur 10 sons, t’en as seulement deux en solo. Pourquoi ce choix ?
Parce que C’est Nous Les Plus Gang, c’est au pluriel. Donc fallait beaucoup de feats. Sinon, j’aurais dit c’est moi le plus gang et j’aurais fait 10 sons en solo.
Au-delà des origines des artistes avec qui t’as travaillé, tu disais dans une interview que t’avais fait « Hoodboy » au Canada. Que sortir de ta zone de confort, ça te donnait une nouvelle vibe pour faire du son. T’as bougé pour ce projet ?
Pas forcément. C’est une bonne question, tu m’as pris au piège *rires*. Je ne sais pas si j’ai réellement voyagé… En vrai, le feat avec Madd, on l’a enregistré sur place. En allant au Maroc, je n’avais pas le son. On l’a fait sur place et le lendemain, on l’a clippé. Donc c’est vrai que ça créé un mood qui est particulier. C’est toujours bien.
Comment s’est passé la préparation des autres morceaux ?
Il y avait des sons que j’avais déjà enregistré, que j’ai proposé à d’autres artistes en leur disant «j’te verrais bien sur ce son». Ça s’est beaucoup fait à l’arrache. Mes pauvres attachés de presse, elles ne pouvaient pas communiquer parce qu’elle n’avaient pas forcément tous les sons en temps et en heure. La tracklist a changé au fur et à mesure. C’était vraiment dans le rush, genre allez, nique sa mère.
Coyote Jo Bastard : «Personne ne sera fier à ma place»
Souvent, le public te compare à un américain. T’as des influences dans le paysage musical en général ?
J’écoute vraiment un peu de tout. Et plus le temps passe, plus je grandis, plus en écoutant, j’essaye d’être un simple auditeur et de ne pas être influencé par la musique des autres. Quand t’es jeune, tout ça, tu commences, t’es fasciné. Tu vois des clips, t’as envie de faire comme eux. Plus tu grandis, plus tu te rends compte que c’est un taf. Tu reconnais le taf des autres à sa juste valeur. Sans forcément en être inspiré, mais après, il y aura toujours des trucs qui vont m’inspirer. J’essaye de regarder les autres comme un simple auditeur. Il faut arriver avec un truc nouveau. Si tu t’inspires tout le temps des autres, tu ne pourras pas forcément arriver avec un truc propre à toi. Mais tu peux regarder ce qui se fait, les erreurs des uns, des autres, et à partir des autres, créer ton propre truc. C’est une sorte d’influence, en vrai.
C’est aussi pour ça que tu as insisté sur les feats ? Apporter ton empreinte musicale, et celle d’autres artistes ?
J’adore le partage. Ma maman m’a toujours dit qu’il fallait partager *rires*.
Le feat avec Ria Sean est particulièrement marquant. La connexion est à la fois inattendue et très cohérente quand on l’écoute. Comment s’est-elle faite ?
Les grandes instances. Elle était en séminaire à Paris. Les grandes instances m’ont appelé et m’ont dit que ça serait cool qu’on se connecte. Et tout de suite, ça a matché. Au-delà même de la connexion qui a été faite par les maisons de disque, l’humain a primé. En mode : «Va en studio faire un son avec elle». C’est toujours comme ça, en vrai.
Et avec Zamdane, aussi ? Avec J9ueve ?
Zamdane, c’est un frérot. J9ueve aussi. Avec J9ueve, on a fait plein de sons ensemble, mais de base, la première fois que je lui ai parlé, c’est parce que parmi tous les feats français que j’avais invité, j’avais invité que des gens que j’écoutais en ce moment. J’ai vu que ce qu’il faisait, c’était chaud, et j’ai dit vas-y on fait un son. Le feeling y était. On s’est pas mis de barrières genre «on va faire un son comme ci, comme ça». On est là, dans le studio. De base, on a fait 3 sons avant de mettre celui-là sur le projet. C’était de l’entraînement avant le combat final *rires*.
Sur ton « Booska CNLPG », tu dis : «Brand new life, j’en profite.» Et le changement est un thème qui revient beaucoup dans ta discographie. Tu peux m’en parler ?
Plein de choses se passent dans ta vie, en vrai. T’es là, t’as plein de trucs à faire. Quand tu finis les études et que tu te consacres au rap, franchement, tu galères parfois. Et après, quand tu sors un projet, il y a plein de trucs qui se passent. Par exemple là, je suis en interview avec toi et j’ai des trucs à faire. Alors que j’aurais pu être dans mon canapé à jouer à la playstation, tu vois ce que je veux dire ? Ou rentrer de soirée *rires*. En vrai, c’est tout qui change. À partir du moment où t’évolues dans ta vie, il y a forcément un changement. Qu’il soit négatif ou positif, il y a forcément un changement. Si tu gagnes 3 euros de plus, peut-être que la prochaine fois que t’iras à la boulangerie, tu prendras pas seulement un croissant mais un croissant et un café. C’est un changement. Personne ne sera fier à ma place.
T’as fait le BADABOUM à Paris pour la Release Party de CNLPG. Tu comptes t’aventurer de nouveau sur scène bientôt ?
J’espère bien, c’est trop bien la scène. J’ai découvert qu’au-delà des médias, de tout ce qui peut s’en suivre, le marketing, etc., la scène reste un moyen de promo essentiel. Le bouche-à-oreille, tu peux croire que c’est démodé parce que tu ne le vois pas mais ça existe toujours. Et puis tu marques les gens. Il y a des sons que j’ai plus aimé sur scène, et quand je suis rentré, je me suis dit que ce n’était pas pareil. Et après, j’en ai parlé autour de moi.
À quel type de projet on peut s’attendre maintenant ?
C’est nous les plus guez (nuls). Non, j’rigole. En vrai, on va continuer d’être gang, surtout. Faut rester gang. Rester gang. Et après, une mixtape, pourquoi pas. Un truc plus conséquent, plus abouti. En vrai, il y a plein de sons, de feats que je voulais mettre dans l’EP, que j’ai gardé dans la mixtape d’après. Et c’est nous les plus gang.
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