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BB Jacques : ce qu’on a aimé, ou non, dans “NEW BLUES, OLD WINE”
Après Poésie d’une pulsion 1 et 2, BB Jacques épure sa toile avec “NEW BLUES, OLD WINE”. Sans se travestir, l’artiste propose de plonger dans un univers nébuleux, et subtil, comme un 12 ans d’âge.
Sa fièvre n’a pas diminué, mais ça y est : BB Jacques l’a domptée. L’année 2022 était une course sans escales, toutes voiles déployées. Après Poésie d’une pulsion, puis Poésie d’une pulsion, part. II, NEW BLUES, OLD WINE prend l’allure d’une accalmie, mais fait l’effet d’une tornade. «La fin d’un album qui marque le début d’un autre», certes. Sont à saluer les nombreuses prises de risque et l’expression sans filtre de son univers. Et donc la prédiction d’un avenir radieux où, quand le moment sera venu, l’artiste pourra entreprendre encore davantage. Mais surtout, un accomplissement, puisqu’avec NBOW, l’auteur de La nuit sera calme édifie alors son opus le plus harmonieux.
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Traversée sonore, sous un ciel bleu extatique
En témoigne au premier abord la direction artistique, d’une finesse exemplaire et plongeant ses auditeurs dans l’océan “BLEU PÉTROLE”, dès l’introduction. NBOW est élégant et mélancolique, sans tomber dans la démesure sentimentale. BB Jacques se «jette dans mer salée» (“SPORT DE RICHE”) «sous un ciel bleu extatique» (“PARDON”), celui des plages de Zandvoort, en Hollande, où il cherche son inspiration. Le rappeur nous le montre, d’ailleurs, dans un court-métrage faisant le récit de la construction de l’album. Il finit ce dernier en faisant le tour de l’Europe. Mais NBOW garde une belle couleur parisienne. Du 19 au 6, dans le “MÉTRO” ou devant l’Arc de Triomphe, BB Jacques est «du-per dans l’cœur d’Lutèce» (“FUCK LA FAME”).
Pour éclairer cette balade en 17 titres, l’artiste trouve la lumière chez ses compositeurs. La liste est longue, mais d’une justesse précieuse : Johnny Ola, Pibé, Le Chroniqueur Sale, OB, Léonie Barbot, Pulsatile, Paul Dumas, Vladimir Pariente, Diabi, Truckthomas, Fensh, Guizmo, Rainy, G Siffre, Pandrezz, DST, BBP et Quentin Mosimann. Sans oublier le talentueux Sofiane Pamart, et Twinsmatic, dont la prodigieuse performance pourrait signer l’un des meilleurs titres de la carrière de B.B. Jacques, “NDSM”. Au mix, KX et Pulsatile. Au master, Giobbe Scratcher. L’auteur de NEW BLUES, OLD WINE laisse peut-être «mourir quelque chose pour que vivent des prods» (“BIJOUTIER”). Mais le choix d’ériger ces mêmes prods – empreintes d’une fascinante couleur électro – piliers majeurs du projet était sans aucun doute le meilleur des paris.
«Hey kho, fais toi plais’, achète des streams. En attendant, j’laisse mourir quelque chose pour que vivent des prods» – BB Jacques, “BIJOUTIER”
BB Jacques sans filtre
Ces nombreuses connexions paraissent également le reflet d’une “HARMONIE” que BB Jacques trouve auprès de ceux qui l’entourent. «On a oublié d’dire à nos reufs qu’on est fiers d’eux», écrit-il. On rencontre son escouade dans NEW BLUES OLD WINE, LE FILM, de son manager à son directeur artistique, Éros, en passant par son styliste, Jay. Mais si «l’équipe grandit», le rappeur se sent «toujours aussi seul» (“PARDON”). Alors il dépeint son identité, l’assume sans détour. «J’me torche le cul avec vos avis sur ma façon de poser» rappelle-t-il (“SPORT DE RICHE”), ouvrant sa porte à une certaine émancipation. «C’est d’l’art, est-ce vraiment du rap ?» s’interroge-t-il (“PARDON”). «J’veux ni faire le poète ni faire l’cain-ri» (“HARMONIE”). Avec son label éponyme, B.B. Jacques veut investir son propre terrain, et le pérenniser. «NBOW expansif, emprise totale» (“SPORT DE RICHE”). À noter que la première signature du label est Dylan Ratzimbanafy, un créateur de mode. Navire tout terrain.
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NEW BLUES, OLD WINE, «je le rêve depuis que je suis ado»
S’il est évident que NEW BLUES, OLD WINE se pare d’une cohérence bouleversante et d’une construction irréprochable, faisant de lui un superbe no skip, on peut peut-être lui reprocher l’écueil de sa longueur, un sentiment qui naît entre la douzième et la treizième track. «J’aurais pu faire un dix titres, reconnaît BB Jacques. Il y a l’fond, il y a l’attitude, j’étais dans le fond d’la salle. Je mourrais d’lassitude, on faisait le tour d’la city. À l’heure où les lumières d’la ville s’éteignent. Troisième album, pourquoi je m’étale ?» (“ALEX ADLER”). On l’explique en partie par le temps qu’a pris la création de cet opus ambitieux. Pour le promouvoir, le rappeur a distribué ses propres bouteilles à la mer, contenant un mot qui précisait que NBOW était prévu pour 2016, sans que personne n’y croit alors. «Cet album, je le rêve depuis que je suis ado, explique BB Jacques dans la première partie de son documentaire. Depuis le début. Et je n’avais pas les moyens de le faire dès le début».
«Rendez-vous au terminal, juste après c’t’album interminable, dors jusqu’au terminus» – BB Jacques, “NO LOVE”
On regrettera aussi la version studio de “RAINBOW”, morceau découvert par une version COLORS à laquelle on s’est trop attaché. Mais il est de bon ton de saluer les nombreuses prises de risques et leur forte précision, de “NDSM” à “CINCINNATI” en passant par “NO LOVE”. Finalement, l’auteur de Poésie d’une pulsion avait escompté ce retour. «Un bum-al c’est comme la gue-dro. Prend c’que t’as à prendre, et embrouille pas celui qui t’la vend» (“ALEX ADLER”). NEW BLUES OLD WINE est un récit. Celui, à la fois intime et froid, d’un artiste qui emporte sa course avec la placidité d’un bateau de croisière. Le “BB BUZZ” ne fait que commencer.
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