Musique
Alpha Wann : 5 anecdotes sur “UMLA”, qui fête ses 5 ans
Le premier album d’Alpha Wann, sorti le 21 septembre 2018, fête ses 5 ans. Pour l’occasion, on vous raconte autant d’histoires sur UMLA.
Une main lave l’autre est comme un bon vin. Certifié disque de platine près de quatre ans après sa sortie, le premier album d’Alpha Wann a pris – les années passant – la robe et la saveur, l’apparence et le calibre qui lui revenaient de droit. Aujourd’hui, il fête ses cinq ans. L’occasion de revenir sur cinq anecdotes entourant UMLA, sa sortie et sa tracklist.
À lire aussi : Alpha Wann s’est incrusté sur un titre de Nekfeu : «Il a pété sa tête sur le morceau»
1. Pourquoi y’a-t-il un “remix” dans “CASCADE REMIX” ?
Comme son nom l’indique, “CASCADE REMIX” ne devait pas ressembler au morceau que l’on connaît aujourd’hui. Lors d’un entretien avec l’Abcdr du Son en 2019, Diabi est revenu sur l’histoire de ce titre et ce qu’il signifiait réellement. «Ce morceau est parti d’une erreur, confiait le producteur. Ils m’avaient demandé d’arranger un morceau, de rajouter deux ou trois trucs, j’avais un acapella qui était le couplet, et j’ai tout réarrangé. Sans m’en rendre compte j’avais changé toute la prod et c’est pour ça que c’est devenu un remix».
Et ce n’est pas tout. “CASCADE REMIX” n’a pas vraiment été mis en avant par Alpha Wann à la sortie de UMLA. Tout simplement parce qu’il s’agit du morceau qu’il aime le moins sur UMLA, selon ses propres dires. Il aura droit à son (superbe) clip pas moins de 155 jours après sa sortie, un sabordage en bonne et due forme mettant à mal toute aspiration commerciale. Pourtant, “CASCADE REMIX” est aujourd’hui certifié single d’or avec 15 000 000 équivalents streams.
2. Diabi ne devait pas poser sur “FUGEES”
Collaborateur régulier de l’artiste, c’est également Diabi qui a produit “FUGEES”. Plus que ça, il a même laissé glisser sa voix sur le refrain, «pour la blague» comme il le racontait auprès de L’Abcdr du Son. En effet, Diabi n’était pas destiné à poser, mais il s’est laissé emporter par l’énergie du morceau. «J’ai fait la mélodie, Alpha a écrit le texte, on a screwé le truc, on a trouvé ça marrant. Il devait re-poser, mais finalement non. Donc il m’a mis en feat : j’allais être sur un album dans les bacs, j’avais jamais fait».
Le titre est l’un des morceaux les plus calmes d’UMLA : un air de saxophone et des batteries en down-tempo, on ne peut qu’être séduit par la beauté et la douceur de “FUGEES”. Et celle-ci passe en grande partie par son refrain. Alors merci Diabi.
3. La pochette, résultat d’un shooting à 300 photos
C’est le talentueux Rægular qui a créé la pochette de Une main lave l’autre. Un artwork aux couleurs vives et éclatantes, qui a rendu la direction artistique de l’opus encore plus mémorable. Le rappeur y cache son visage à l’aide de ses mains, pour faire écho au nom du projet. La direction artistique de la pochette était initialement conduite par un Alpha Wann de dos. Mais : A$AP Ferg et sa mixtape Still Striving ont devancé l’idée du tandem. «C’était notre idée de départ, le concept était limite validé… Puis Ferg a sorti sa mixtape et on a dû partir sur autre chose», raconte Raegular à L’Abcdr du son.
Est ainsi venue l’idée d’un shooting devant un coucher de soleil. «J’ai organisé un shooting chez mes beaux-parents en été, je savais qu’on allait avoir des couchers de soleil de fou. À peu près trois cents photos ont été faites. Douze ou treize sont ressorties», reprend l’artiste. Sur toutes les photos conservées, jamais le visage d’Alpha Wann n’apparaît clairement. On le retrouve de dos, ou alors flouté à travers de l’eau. Un travail somptueux.
4. «Une main lave l’autre mais elles se joignent pour laver l’visage»
Il s’agit là de l’histoire du titre même de l’album. L’adage Une main lave l’autre semble être directement tiré du latin. Précisément du proverbe manus manum lavat : techniquement, il s’agirait de la traduction latine d’un verset du poète grec Épicharme, attribué à Sénèque. Le proverbe illustre le fait qu’un service en vaut un autre. Un fonctionnement donnant-donnant. D’ailleurs, Alpha Wann a explicité sa version, proche de celle du proverbe, dans une interview pour Yard : «Une main lave l’autre et elles se joignent pour laver le visage», comme il le dit dans le morceau éponyme.
Mais on le sait, Alpha Wann est un bousillé de rap, français comme américain. Et il n’est pas le premier à utiliser le proverbe dans sa musique. Jadakiss en 2004, dans son album Kiss of Death avait ainsi placé le proverbe, dans le morceau éponyme. Une référence pointue, mais dont on peut se douter qu’Alpha Wann connaît l’existence. C’est d’ailleurs Nicolas Rogès qui l’avait relevé.
5. Nekfeu écarté, miroir d’une promo déconcertante
La sortie d’UMLA a bouleversé. En deux jours, les grands noms du rap se sont agenouillés devant l’homme qui a osé ce que personne n’avait voulu faire jusque-là : ce qu’il voulait. De la conception de l’album à sa promotion, l’artiste n’aura suivi qu’une seule ligne directrice : la sienne. Et peu importe le reste. Un choix qui l’a conduit à prendre des décisions improbables : retirer Joke et Nekfeu du disque en est le plus bel exemple.
La théorie du sabotage, détaillée dans un épisode du Règlement, relate qu’Alpha Wann s’est enfermé dans une bulle pour créer sans intégrer dans son équation nul vecteur économique, financier ou marketing. Résultat : des clips balancés à la fosse aux lions, aucune interview (exceptée une pour YARD) et… fin. Selon les faibles explications données, Nekfeu «n’était pas dans le thème». Beaucoup ont jugé ça comme une sorte de saut dans le vide. Mais le détachement d’Alpha Wann à une quelconque stratégie promotionnelle n’a fait que corroborer que l’album n’était qu’une démonstration de rap brut, forgée pour ceux qui l’aiment comme ça. Et ça marche : cinq ans plus tard, tout le monde se rappelle de Une main lave l’autre.
Dans le reste de l’actualité, Nekfeu : “Les étoiles vagabondes” signe un nouvel exploit, quatre ans plus tard.
