Musique
Avec son EP, Isha a bien préparé le terrain avant son premier album
Isha revient aux affaires avec l’EP « Faites pas chier, j’prépare l’album », sorti il y a un mois. Un projet tout en maitrise de huit morceaux, qui annonce enfin un premier album. Parlons-en.
Isha n’est plus à présenter. Pilier de la scène belge, l’artiste rappe depuis 2008. A l’époque, il jouit alors d’un succès underground dans la capitale belge. En 2016, la nouvelle génération belge finit par exploser : Isha s’accapare aussi son lot de succès. S’il semble n’avoir plus rien à prouver à la communauté rap, le succès commercial, lui, se fait attendre.
Après une série d’EP remarqués, le Bruxellois n’a toujours pas sorti d’album. 2021 semble être le moment idéal pour Isha de passer un nouveau cap. Dans Faites pas chier j’prépare l’album, il revient avec sa voix énergique et son attitude de « Real OG », pour découper les instrus à coup d’images frappantes.
Si Isha sait faire plaisir à sa communauté avec un style de rap sombre, à l’image de la cover inspirée de l’album I don’t like l don’t go outside d’Earl Sweatshirt, il sait aussi montrer une forme de renouveau. « T’es pas le seul », aux sonorités estivales et lumineuses, offre l’occasion pour le belge de montrer une nouvelle facette musicale. Un morceau accessible pour les non-initiés à sa musique, avec un petit côté single.
Alors qu’il a toujours été plutôt éloigné des artistes au succès « populaire », Isha se réinvente avec un featuring surprenant : Hatik, sur le morceau « J’dors bien ». Une ouverture pour le Belge, qui annonce de futures belles collaborations (on l’espère) sur l’album. La majorité de l’EP reste en revanche un projet de pur rap, où Isha découpe de manière lancinante des instrus chargées. A l’image de « Blazi Blaza », « Recharger » ou le violent « Encore et toujours ». S’il maîtrise ces exercices techniques avec brio, Isha n’en reste pas moins un fin lyriciste.
Une écriture visuelle et imagée
Dès le titre, Faites pas chier j’prépare un album, Isha a le mérite d’être honnête : le Belge travaille, contentez-vous de cet EP. Des images fortes, une écriture visuelle, des paroles pleines de second degré, l’artiste démontre une nouvelle fois sa finesse pour l’écriture. On vous en parlait dans un précédent article, autour du magistral morceau « Les magiciens ». La 3e track du projet va une nouvelle fois le prouver: « A l’enterrement d’un voyou ».
Sur une instru mélancolique, Isha propose une écriture presque cinématographique, pour raconter les coulisses de l’enterrement d’un mafieux. Des images si fortes, qui rappellent de nombreuses scènes des Affranchis de Martin Scorcese, notamment cette scène où les mafieux viennent tranquillement manger chez la mère de Tommy après avoir violemment tué un de leur ancien ami. Un paradoxe entre un attachement fort à la famille et une cruauté sanguinaire sans état d’âme, parfaitement illustré par Isha dans le refrain.
« Y a des mecs qui pleurent, dans leurs casiers judiciaires, y a des trafics et des mеurtres
Ça paie des piеrres tombales avec de l’argent sale »« À l’enterrement d’un voyou, y a des gangsters qui craquent
Une daronne réconfortée par des dealers et des macs »
Si l’on pourrait être déçu de ce maigre repas de 8 morceaux, il n’en est rien. Isha offre un projet abouti, cohérent, dans la lignée de ce qu’il proposait sur sa série d’EP « La vie augmente ». Tout en perdurant son sens de la formule et son flow saillant et énergique, Isha se réinvente sur certains titres. L’occasion d’etre encore plus hypé par l’arrivée du tant attendu premier album. En attendant, les amateurs de kickage et de punchlines éclatantes, seront ravis par « Faites pas chier, j’prépare un album ».
Dans le reste de l’actualité: Travis Scott paye les amendes de couvre-feu à ses fans.