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L’univers balafré de Zola en 6 punchlines de « Cicatrices »
Ancré dans un monde entre trafic et violence, en avril, Zola a sorti son premier album Cicatrices. Alors voilà six punchlines emblématiques de son univers sombre et torturé.
« L1, L2, R1, R2, haut, bas, gauche, droite, haut, bas, gauche, droite ». Par ces mots, le jeune Zola s’envolait au-dessus de la mêlée. Enfant prodige d’une certaine vague du rap français au cœur de laquelle sont inscrits au fer rouge la rue et le deal, l’auteur du morceau « Extasy » (qui culmine déjà à 8.5 millions de vues) vient de sortir son premier album Cicatrices. Les thématiques centrales tournent autour de cette vie qui semble être la sienne, imprégnée au quotidien de la dureté et de la violence du trafic, adossé à cette volonté de s’élever sans toutefois en oublier ses racines (d’Evry à Kinshasa). Et puis les femmes bien entendu, qu’il n’hésite pas à inviter à rider avec lui sur sa moto.
L’album est puissant. A n’en pas douter. Irait-on jusqu’à dire que le rookie a un réel talent pour l’écriture et le fond, qui supplanterait la forme à l’américaine qui semble avoir fait son succès ? Peut-être pas. Mais récemment titulaire d’un bac littéraire, la plume rugueuse du rappeur semble en avoir tout de même sous la pédale, comme le prouve ces quelques phases et punchlines, assez représentatives de l’univers de son oeuvre.
C’t’été, on s’barre aux îles s’noyer dans l’eau et la papaye, C’t’hiver, je charbonne dur pour faire plus que l’salaire d’papa – (« B.A.L »)
La plus quatre saisons. La mise en parallèle des deux saisons entre les deux phases est bien pensée, alliant la volonté d’ascension sociale de Zola à sa volonté de s’échapper idéalement loin de ce milieu dans lequel il a grandi (quelle que soit l’île).
Oh oui bitchy, j’suis dans l’cartel assez tard le soir, Le crime m’appelle, y’a que lui dans mon répertoire – (« Kinshasa »)
La plus lycamobile. Pas besoin des pages jaunes pour le rappeur. Même pas besoin du numéro de cette bitchy qu’il ne prend même pas le temps de nommer. Besoin de personne. C’est seulement au crime qui est graduellement devenu sa vie qu’il rend des comptes.
Oui l’shit, c’est beaucoup d’papier, C’est tellement d’papiers qu’même Cendrillon peut en perdre ses lacets – (« B.A.L »)
La plus prince charmant de la bicrave. Des lacets à une chaussure en verre ? C’est dans l’absurde que cette punchline trouve tout son sens. Tellement d’argent qui se dégage du trafic qu’une Cendrillon devenue vénale en viendrait à offrir sa fameuse chaussure en verre au premier inconnu capable de la satisfaire financièrement.
J’ai mis plus de cinq cents balles dans une sacoche, la retraite de grand-mère dans mes deux poches – (« Baby Boy »)
La plus petit-fils modèle. L’origine des cinq cent balles dans cette sacoche (accessoire typique du dealeur) ne fait pas de doute, et elle vient démontrer l’injustice d’un monde où l’économie parallèle s’avérera toujours plus lucrative que celle des braves gens (image associée à la grand-mère), qui auront trimé pour une retraite que le rappeur gagne en un instant.
Oh, jamais personne saura c’que j’ai fait pour cette monnaie, gars
Pour cette monnaie, trois trous dans le bonnet
Pour cette monnaie, tatoo japonais – (« Zolabeille »)
La plus « busy as a bee ». Zola ira jusqu’au bout. Zola est prêt à tout. De ces tatouages symboles des yakuzas à cette cagoule qu’il portera pour cacher son visage, l’imagerie du grand banditisme est omniprésente dans les textes du rappeur. Et comme il le dit si bien, personne ne saura trancher dans ses textes entre ce qui est réalité et imagination.
J’veux dix milles pussy, j’suis le docteur octo-pussy – (« Mojo »)
La plus tentaculaire. Doit-on vraiment l’expliquer ?
Et si vous voulez en savoir plus sur le phénomène Zola, il est temps que vous lisiez cet article et que vous écoutiez l’album :