Les fascinantes coulisses de la cover de « Deo Favente » de SCH

Le photographe Koria a dévoilé sur son compte Instagram les détails de sa collaboration avec SCH pour la cover de Deo Favente. 

Il est l’un des hommes immanquables du rap français. Derrière son appareil photo, Koria a capturé de nombreuses covers cultes des dernières années. Parmi elles, celle de Deo Favente de SCH, publié en 2017, figure forcément parmi les plus réussies. Dévoilant un artiste bariolé d’une peinture dorée, lauriers dans la main, elle fourmille de références aussi bien métaphoriques qu’esthétiques.

Koria a déjà travaillé plusieurs fois avec SCH, sur ses précédents projets, A7 et Anarchie. Logiquement, il est appelé par le manager de l’artiste pour travailler à nouveau sur ce nouvel opus. «Les seules informations qu’il me donne sont le titre Deo Favente et le fait qu’il faut shooter très rapidement.»

Il retrouve SCH le jour du shooting et lui explique le concept, validé par le manager et le label. Ils n’ont pas pu échanger avant, et Koria se souvient d’un rappeur perplexe. «Je me rappellerai toujours ce moment où je lui applique la peinture et que pour la première fois je le vois douter dans le miroir. Un silence de plomb s’installe dans le studio : « Je ne suis pas convaincu Koria… ». Plus personne ne parle, je me sens seul… 2 solutions : soit je me mets à douter soit j’y crois. Je le rassure et je lui demande de me faire confiance, de toute façon on a pas vraiment d’autre alternative.»

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Après avoir bossé sur A7 et Anarchie, le manager de l’époque de @sch m’appelle pour me parler de son 3ème opus. Les seules infos qu’il me donne sont le titre « Deo Favente » et le fait qu’il faut shooter très rapidement… La pression est grande pour proposer LA bonne idée et continuer sur la lancée des 2 covers précédentes. Je n’ai pas le temps d’échanger avec le S et je me retrouve le jour du shooting à lui expliquer le concept, validé en amont par son manager et le label de l’époque [Capitol]. Je me rappellerai toujours, ce moment où je lui applique la peinture et que pour la 1ère fois je le vois douter dans le miroir, un silence de plomb s’installe dans le studio… « j’suis pas convaincu Koria… ». Plus personne ne parle, je me sens seul… 2 solutions : soit je me mets à douter soit j’y crois. Je le rassure et je lui demande de me faire confiance, de toute façon on a pas vraiment d’autre alternative. Je l’assoit de 3/4 sur cette chaise. Je place mes lumières et entame quelques tests… Tous les gens présents ce jour-là regardent l’écran de retour pour voir les premiers clichés… La première photo apparaît et la magie opère, tout le monde retrouve la parole subitement, le S lâche un « Malade ! ». Je me souviens avoir lâché un grand « ouufff » intérieurement. Me reste à lui donner la couronne de lauriers, qu’il ne porte pas volontairement, je m’explique : Symbole de victoire, de génie et d’immortalité, la couronne de lauriers a toujours récompensé les grands hommes. Les Romains conservèrent ce symbole pour honorer leurs poètes. Par la suite, d’autres Empereurs se représentèrent couronnés de laurier, notamment des Kaisers allemands. En résumé, il est à un moment de sa carrière où il touche quelque chose du doigt mais il doit encore confirmer, même si tout laisse à penser qu’il va réussir, représenté par l’or. C’est une pochette qui m’a clairement fait passer à un autre niveau aux yeux des gens, même si Anarchie reste ma préférée. Deo Favente a 3 ans et avec le recul il est incroyable. Je suis très fier d’avoir collaborer avec cet immense artiste, son 4ème projet « Jvlivs » a pour moi confirmer le fait qu’il pouvait enfin porter cette fameuse couronne de lauriers 😉

Une publication partagée par K O R I A (@koria) le 5 Mai 2020 à 9 :13 PDT

«La couronne de lauriers a toujours récompensé les grands hommes»

SCH suit les instructions de son photographe. Il s’assoit sur la chaise. Koria installe ses lumières et prend les premiers clichés. Ils apparaissent sur l’écran : «Et la magie opère, tout le monde retrouve la parole subitement. Le S lâche un « Malade ! ». Je me souviens avoir lâché un grand « Ouufff » intérieurement.» Le photographe lui donne ensuite les lauriers, qu’il présente comme un «symbole de victoire, de génie et d’immortalité, la couronne de lauriers a toujours récompensé les grands hommes. Les Romains conservèrent ce symbole pour honorer leurs poètes. ».

La signification est profonde, et SCH finit par en déduire une interprétation plus poussée, comme il l’explique aux Inrocks. «En même temps, je ne voulais pas la poser sur ma tête. Le fait de la tenir dans ma main, ça me détache du délire où je suis assis sur un pseudo trône, où je me place en numéro 1… Tout ça c’est débile, il n’y a pas de numéro 1, juste des mecs qui essayent de s’en sortir. L’idée de la pochette c’est juste de dire, et c’est pas de l’orgueil, que je suis un poète nouveau, que tous les rappeurs sont des poètes urbains.»

Dans le reste de l’actualité, finalement, “A7” de SCH n’est pas disque de diamant