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DA Uzi écroué pour détention de stupéfiants et d’armes DA Uzi écroué pour détention de stupéfiants et d’armes

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Il est temps qu’on parle de DA Uzi

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Ce vendredi marquait la sortie de Mexico, la première de DA Uzi. Et après sa semaine réussie dans Planète Rap, il était grand temps d’évoquer longuement la relève du 93.

Le rappeur avait teasé son premier projet avec quatre singles à succès qui ont fait de lui un de ces artistes prometteurs attendus au tournant. Mais qu’en est-il vraiment après la sortie de Mexico ? DA Uzi est-il à la hauteur de la hype entretenue autour de lui ? En tout cas, ce dernier a su obtenir les grâces de certaines des figures incontestables du rap français parmi lesquelles Kaaris, Ninho et Sadek, qui ont tous trois un featuring dans l’album. Mais ces privilèges, le rappeur ne les a pas eu d’office, et a dû faire ses preuves depuis 2017, avec ses freestyles « La D en personne », qui lui ont permis d’obtenir la notoriété qu’on lui connaît aujourd’hui.

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Originaire de la cité des Trois Tours, lieu mythique de Sevran, évoqué notamment dans les morceaux de Kalash Criminel, DA Uzi a grandi dans cet univers où le rap avait l’effet d’un placebo. Seul remède face à la précarité de la célèbre banlieue parisienne, ce moyen d’expression a fini par le servir lui aussi, après ses passages en prison de 2014 à 2016. C’est donc plus prêt que jamais que le rappeur a décidé de poser son pied dans le rap game, une bonne fois pour toute, avec sa première mixtape Mexico, grâce à laquelle il pourra enfin achever une reconnaissance d’une plus grande ampleur.

« Mexico » ou Sevran magnifié comme capitale de criminalité

À mi-chemin entre solitude exacerbée, distanciation d’un entourage toxique et amour du biff’, on tient peut-être entre nos mains la clé qui permettra à DA Uzi de s’ancrer dans le paysage urbain. L’artiste n’a en effet eu aucun mal à relever avec brio les attentes placées en lui, et ce depuis la sortie du clip du titre éponyme en début de semaine. Le vocabulaire sombre et brutal est de rigueur.

En peignant le portrait de sa cité, il s’applique fidèlement à détailler la noirceur des quartiers dans lesquels il a grandi petit, alors qu’il découvrait seulement le rap avec Rim’K. Et ce portrait, dressé à contre-courant de ceux qui affirment que la rue les a rendu plus fort, fait écho à une génération de jeunes, pour qui les mots de DA Uzi ne paraîtront pas dénués de sens. Au contraire, sans pour autant tomber sur des instrus peu rythmées et trop nostalgiques, celui qu’on appelle le « Libanais » parvient à montrer sa réalité, sa vision de la vraie vie. Une image qui parle aux Sevranais, mais aussi à toute une poignée d’individus qui n’ont pas connu la vie aisée. Et c’est sur cette capacité à parler à ceux qui l’écoutent et à faire intelligence dans les esprits, que DA Uzi trouve sa place dans le milieu. Parfois même, ceux qui ne sont guère familiers aux situations décrites pas l’artiste éprouveront compassion et émotion, notamment dans les titres « Les ténèbres » ou « Vrai 2 vrai ».

La surprise dans ce projet honnête et bien ficelé demeure ainsi dans la manière avec laquelle le rappeur démontre qu’il n’est pas seulement bon pour kicker sale et rapper vite, comme il le faisait à l’époque, mais qu’il peut aussi faire preuve d’une réflexion poussée sur les malaises de sa banlieue. À l’étonnement général, certains refrains sont parfois même plus chantés, comme c’est le cas dans « Dernier Samouraï » qui plaît par son côté intime et personnel.

Regrets et remords : « Mexico », le projet confidence

On repère également dans cette première approche du rappeur, quelques hésitations et contradictions, qui viennent finalement renforcer la sincérité de la mixtape, plus complexe qu’elle en a l’air. Perdu entre optimisme et désillusions, DA Uzi ne semble pas certain de son avenir qu’il voit tantôt radieux, tantôt noirci par des erreurs du passé. Car il ne le cache pas, remords et regrets font partie intégrante de son quotidien, consumé par ces choses qu’il aurait souhaité faire, et d’autres pour lesquels il aurait aujourd’hui préféré s’abstenir. C’est donc avec un grand recul et un flow acéré que le rappeur vient poser ses rimes sur Mexico, avec cette introspection franche qu’on retrouve davantage dans « Mal aimé » et « Hier ».

Il n’appuie non pas seulement la criminalité à laquelle il était confronté, mais aussi son rapport à des amis peu dignes de confiance, comme dans « Revanche ». Des problèmes qu’il arrive souvent à replacer dans un ton plus général, les rendant plus accessibles aux yeux d’un public plus large. Pas refroidi à l’idée de se montrer tel qu’il est, DA Uzi n’a donc pas peur de dire aux yeux de tous qu’il est un « gangsta » dans le titre « Bonita » mais aussi qu’il est plus que conscient des manquements du monde dans lequel il vit ainsi que des siens, qu’il raconte dans « Cicatrices ».

Enfin, c’est sûrement la richesse du projet qui en fait un bon premier bagage pour DA Uzi, qui réalise un album street aux notes autobiographiques. Alternant trap, morceaux posés et égotrip, le rappeur tente d’apporter sur un plateau d’argent, l’ensemble de son savoir-faire en l’espace de 18 morceaux. Un défi réussi, témoignant d’une première mise-en-bouche d’une rare diversité, que l’artiste devra cependant continuer de cuisiner au cours des prochains moins, afin de faire de cette entrée fracassante dans le rap français, une véritable réussite. Les arrières du rappeur sont assurés, il ne lui reste donc plus qu’à les entretenir sur scène et dans les interviews à venir. Tout n’est pas joué d’avance, mais on peut affirmer avec certitude que avec Mexico, DA Uzi a tout à gagner.

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