Musique
Quels sont les meilleurs couplets de Damso ? Notre top 5 des meilleures phases de l’homme fort de 2017
Deux ans après son premier jet sur le titre « Pinocchio », le rappeur bruxellois a déjà marqué de l’empreinte de sa plume le rap francophone.
Dans le paysage rap francophone, l’année 2017 aura incontestablement été celle de Damso. En effet, tout a souri au belge qui a marché sur le game avec le flegme extraordinaire d’un prophète sur l’eau. Avant de l’ouvrir en deux en cette fin d’année, comme dans une réminiscence singulière du passage de la mer rouge, mic’ en guise de bâton. Alors que Batterie Faible était certifié disque de platine en Août dernier, son second album Ipséité connaissait un destin plus glorieux encore en remportant le même succès environ un mois après sa sortie avant d’atteindre la triple certification en Octobre dernier. Sans même évoquer celles obtenues en Belgique.
Par-delà la dictature des chiffres, Damso a également fait parler de lui en ouvrant il y a quelques semaines sa boutique de sapes TheVie au cœur de Bruxelles ainsi qu’un pop-up store à Paris lors de sa tournée, avant d’être choisi pour composer et interpréter l’hymne nationale belge pour la Coupe du monde de football 2018.
En l’espace de 2 ans, le rappeur a su s’imposer comme un lyricist hors-pair. Retour sur les 5 meilleurs couplets de l’homme fort de 2017.
Le premier couplet d’ « Amnésie » pour le story-telling
Le titre « Amnésie » extrait de Batterie Faible est l’un des temps forts de cet album. Ce story-telling sur le thème du suicide qui a marqué les esprits apparaît comme exemplaire à bien des égards. Dès le premier couplet, la douleur liée au souvenir évoqué tout au long du morceau éclate avec une acuité particulière. Autour de celle-ci gravitent des sentiments satellites tout aussi poignants qui la nourrissent et que Damso parvient à retranscrire en profondeur sans jamais les nommer (culpabilité, égoïsme, regrets quant à ses actions et remords quant à son inaction…).
L’auditeur manque lui aussi de se noyer dans ce vertige d’émotions que le rappeur semble avoir du mal à démêler. La correspondance appuyée entre le fond et la forme contribue à mettre en relief le sens du morceau : son flow rapide porté par une voix modulée dans la douceur est autant le reflet de la soudaineté et de la dureté du drame abordé que de la bienveillance dont il aurait aimé faire preuve afin d’éviter de condamner malgré lui. En somme, les démons submergent sa conscience du fait de son impuissance – devenue définitive – à réparer ses erreurs. La force de ce titre réside aussi dans l’universalité du labyrinthe de réflexions dans lequel chacun peut se perdre face à un tel ébranlement. Sa manière d’exprimer celles-ci ne peut que parler à ceux qui ont été confrontés un jour au suicide d’un proche.
Le deuxième couplet de « BruxellesVie » pour l’ego-trip sans concession
« BruxellesVie » se classe parmi les 3 meilleurs morceaux ego-trip de Batterie Faible aux côtés de « Débrouillard » et « Que de la vie ». Damso y représente fièrement sa ville et nous embarque une fois de plus dans son domaine de prédilection, les terres du sale sans concession. Le deuxième couplet dépasse les autres par les images et les références nombreuses qui servent le propos.
Damso a toujours eu à cœur de s’ériger en « génie du sal », cette nouvelle figure propre au rap game qui fait office de repoussoir à l’idée qu’on se fait habituellement du héros dans la société civile. Il déploie sur ce titre et sur ce couplet en particulier un univers où l’on saute de proche en proche d’une image à l’autre, sans nous laisser le temps de respirer. Force est de constater que le procédé est d’une redoutable efficacité puisque l’on finit nous aussi, comme le rap français, « K.O. en un seul feat. ». A ceci près que Damso, seul sur le morceau comme d’ailleurs sur tout l’album, n’a besoin de personne pour atteindre son objectif de nous asphyxier sous la crasse assumée de sa narration.
Les trois couplets de « Mosaïque Solitaire » pour l’introspection à cœur ouvert
Sur le titre « Mosaïque Solitaire », Damso se livre à un bilan de son existence, toujours tiraillé entre plaisirs et douleurs, avant d’envisager sa carrière de rappeur à l’aune du prestige et de la réussite. Après avoir dépeint une certaine vision de l’enfer de sa jeunesse, il s’adresse à sa mère pour la rassurer quant à son avenir dans la musique. L’écriture reste riche et accessible, gorgée d’images, de références et de métaphores comme à l’habitude tandis que le flow parfaitement calé et les modulations de sa voix suivent les changements d’instrus tout au long du morceau sans jamais être pris en défaut. A l’arrivée, ce titre est aussi touchant par l’effort qu’il représente d’ordonner et de traduire en mots le tumulte intérieur qui habite le rappeur que percutant par la lucidité des lyrics qui résultent de ce défi, relevé avec brio.
S’agirait-il là d’un classique instantané du rap francophone ? Il est fort probable que le temps confirme notre impression en ce sens.