Musique
Dans les coulisses du dernier clip de Soolking et SCH avec Félicity Ben Rejeb Price
Pour son clip « Maryline », en collaboration avec SCH, Soolking a plongé Felicity Ben Rejeb Price dans l’ambiance des fifties, avec armes, drogue et décor vintage.
Béret sur la tête, cartes de poker sur la table, colt accroché à la ceinture : bienvenue dans les années 50. Avec son titre « Maryline », Soolking a ouvert la porte d’un bar sculpté façon rétro hollywoodien, où se mêlent fumée des cigares en intérieur et lunettes de soleil triangulaires (et légèrement anachroniques) de SCH. Aux manettes, comme pour le génial clip de « Bâtiment » de Niska, la talentueuse réalisatrice Felicity Ben Rejeb Price a dressé toute une esthétique poétique et cinématographique, inspirée par le texte de l’artiste.
Maryline et sa double vie de dealeuse
Car la robe blanche de la Maryline de Soolking jouée par Nicole Sobek renferme la métaphore de la cocaïne. Et c’est à travers cette figure de style très imagée que s’est engouffrée la réalisatrice. «Je pense que lorsque Soolking a écrit la musique et qu’il a fait le parallèle entre les deux , il avait déjà la trame. Il voulait aussi que lui et SCH, à la fin, se fassent arrêter. raconte-t-elle. Et j’ai écrit une histoire à partir de là.»
Elle a alors façonné sa propre et mystérieuse Maryline, qui cache, derrière sa fragilité et sa blancheur, une double vie de dealeuse qui finit par avoir raison des deux artistes. «Au fil du clip, on comprend que deux policiers étaient là tout le long en attendant la transaction. À ce moment, on se rend compte qu’elle a échangé les deux sacs, qu’elle est partie avec la drogue, que la dealeuse c’est elle et lorsqu’elle pose une fleur sur une table, il y a de la drogue au milieu». Toute une image, chargée d’offrir un rebondissement inattendu à la fin du visuel. Et d’ajouter en souriant : «Et évidemment, c’est toujours cool de se dire que c’est le personnage qui semble innocent et fragile qui gagne à la fin».
Pour bâtir cette atmosphère, Felicity Ben Rejeb Price a rejoint Soolking et SCH au bord de la Méditerranée, à Marseille, dans un lieu qui reprend l’ambiance rétro du clip. «C’est un restaurant, assez connu, qui a été conçu comme un établissement à l’ancienne, poursuit-elle. On dirait vraiment quelque chose d’époque et ils voulaient tourner dans ce lieu-là.» Et ce lieu singulier, couplé aux nombreux acteurs locaux, a permis de fondre les deux artistes au coeur d’une ambiance digne du Parrain.
Un clip tourné… en avril 2019
Une structure audacieuse qui permet de se détacher du triptyque stéréotypé du rap : flingue, drogue et argent. «Le fait d’inclure cette Maryline rend une image d’époque, cinématographique, justifie-t-elle. C’est une atmosphère différente, avec une histoire presque poétique derrière.» Une nécessité pour la réalisatrice. «Quand je sens que je n’ai pas la possibilité d’apporter quelque chose de différent et qu’on me demande de faire quelque chose de plus commun, ça ne m’intéresse pas plus que ça.»
Ah, et détail qui a son importance : «le clip a été tourné en avril 2019», s’amuse-t-elle. Oui, soit près d’un an avant sa sortie officielle. En fait, en réalisant « Maryline » avec SCH, Soolking anticipait déjà son prochain album, alors même qu’il était encore en pleine promotion de son opus précédent, Fruit du démon. «Il savait déjà qu’il n’allait pas le sortir tout de suite, reprend Felicity Ben Rejeb Price. C’était un secret total, le son n’était pas sorti, il a été annoncé il y a une semaine. Tous les gens qui étaient sur le set étaient dans la confidence.»
Ce n’est qu’au bout d’un an, et en attente de la promotion de son album Vintage, que Soolking a publié ce nouveau visuel. Porté par la rencontre originale de deux artistes aux esthétiques très prononcées, il a cumulé près de 6 millions de vues en cinq petits jours. De quoi conforter la position de Soolking sur la nouvelle scène urbaine francophone. Et de profiter de la notoriété grandissante de Felicity qui placarde désormais les visages de Soolking et SCH à son tableau de chasse déjà bien garni.
Crédits photos : T. K.