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Les Grammy Awards sont-ils réellement objectifs en matière de hip-hop ? Les Grammy Awards sont-ils réellement objectifs en matière de hip-hop ?

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Les Grammy Awards sont-ils réellement objectifs en matière de hip-hop ?

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Les Grammy Awards ont beau être l’ultime consécration dans le milieu musical, après 60 ans d’exercice, une telle question se pose encore.

Hier en fin de journée, la liste des nominés pour la 60 eme édition de la plus prestigieuse cérémonie de récompenses du monde de la musique, les Grammy Awards sont tombées. Et comme il est malheureusement coutume depuis de nombreuses années, l’événement est encore pointé du doigt par certains artistes pour son manque d’impartialité, d’abord dans ses nominations, mais aussi bien évidemment à terme, dans ses délibérations.

Toujours plus de controverses

Il n’y a qu’à regarder les controverses les plus récentes. En 2014, lorsque Macklemore et Ryan Lewis remportaient le Grammy du meilleur album rap au nez et à la barbe de Kendrick Lamar et de son classique Good Kid M.a.a.D City, le monde de la musique s’insurgeait d’un verdict qui en tous points s’opposait à tous les pronostics objectifs. Il n’aura bien sûr pas fallu longtemps pour que soit dénoncé une discrimination dissimulée des juges à l’égard des artistes noirs. Une corne au cahier qui ne date évidemment pas d’hier.

L’Histoire l’a montré à maintes reprises, le jury des Grammy a déjà de nombreuses fois été mis en cause pour son manque de considération envers les artistes hip-hop. En effet, rayonnant depuis la fin des années 80, début 90, il faudra pourtant attendre 1999 pour qu’un artiste issu de la culture hip-hop soit lauréat de l’album de l’année, ce titre revenant à Lauryn Hill et à son premier album studio devenu intemporel, The Miseducation of Lauryn Hill. Concernant le suivant, il s’agira de Speakerboxxx/The Love Below, l’incroyable double album d’Outkast en 2004. A part ces quelques exceptions, aucun autre disque de rap n’a obtenu ce Saint Graal Étrange pour un genre musical qui est pourtant aujourd’hui le plus écouté au monde.

Le rap au second plan

Il est clair que le rap a dû batailler ferme pour obtenir ses lettres de noblesse auprès du grand public. Les exemples d’échecs incompréhensibles ne manquent pas. Les plus probants restent quand l’album Come Away with Me de Norah Jones remportait en 2003, la statuette de l’album de l’année alors que celui de NellyNellyville ou encore The Eminem Show, la pièce maîtresse d’Eminem concourait dans la même catégorie. Vous voulez d’autres preuves ? L’album d’Outkast Stankonia, aussi bon soit-il a été éclipsé l’année précédente par a bande originale du film O Brother Where Art Thou portée par T-Bone Burnett, l’un des musiciens historique de Bob Dylan. Bien entendu, en soixante ans, ces cas sont loin d’êtres uniques.

Se sentir floué est une chose, être carrément oublié en est une autre. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Illmatic de Nas, The Blueprint de Jay-Z, 2001 de Dr. Dre, ou encore Life After Death de Biggie n’ont jamais été nominées dans quelle catégorie que ce soit. Impensable quand on connaît l’influence de ces projets dans la musique et l’impact qu’ils ont eu à leur sortie. Un prestige dont ils jouissent d’ailleurs encore aujourd’hui.

Les Grammy Awards trop mainstream ?

L’an dernier, Chance The Rapper entrait dans l’Histoire des Grammy’s : il devenait le premier rappeur à voir une de ses mixtapes couronnée « album de l’année » avec Coloring Book. Mais en dépit de cette nouvelle ouverture sur le rap, le plus grand reproche fait depuis des lustres à l’institution subsiste : les Grammy’s auraient un penchant à privilégier les artistes dit « mainstream » au détriment du talent réel des artistes.

Pour aller plus loin, on remarque même que les coqueluches des Grammy’s se rassemblent quasi-systématiquement en deux catégories : les icônes générationnelles d’hier (Ray Charles, Santana, Bob Dylan ou Robert Plant) et les poules aux œufs d’or de l’industrie actuelle (Norah Jones, Taylor Swift ou Adele). Il n’est bien sûr pas question de remettre en cause la qualité du travail de tous ces artistes, ni leur légitimité, mais force est de constater que bon nombre de rappeurs mériteraient tout autant de reconnaissance et d’exposition que leur homologues issus d’autres styles musicaux plus accessibles.

Un espoir pour 2018 ?

Au moment ou un bon nombre de personnes critique de façon virulente le manque de considération des Grammy’s pour le rap et ses artistes, en cette édition 2018, le vent du changement pourrait bien souffler. En effet, en premier genre musical mondial, le hip-hop se veut très bien représenté, et même de plus en plus d’année en année.

De plus, tous ses représentants pour cette 60 eme cérémonie sont des artistes noirs (Jay-Z, Kendrick Lamar, Migos, Childish Gambino pour ne citer que les plus importants). Prise de conscience du jury ou bien réelle sélection objective ? La question reste entière, mais la réalité des faits se doit d’être soulignée. Reste maintenant à voir si un MC réussira à obtenir la précieuse statuette de l’album de l’année, face aux porte-étendards 2018 de la pop que sont Lorde et Bruno Mars.

Il n’empêche qu’au vu du nombre hallucinant et toujours plus grand de sorties musicales (surtout dans le rap), la question d’élargir le nombre de catégories et de nominés pourrait éventuellement se poser pour les prochaines années. A raison qu’il existe encore énormément d’oubliés, qui pourtant livrent chaque année, quelques-uns des projets les plus réussis et les plus acclamés par la critique. Des artistes lésés dont certains n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement et leur raz-le-bol sur les réseaux sociaux.

La colère des oubliés

L’un des derniers à s’être insurgé d’un manque de reconnaissance, c’est Vince Staples. Il y a quelques jours, le rappeur prenait la parole en déplorant que son album Big Fish Theory, un projet applaudi par les critiques spécialisées, méritait amplement une statuette. Que l’on soit d’accord ou non avec cette prise de position audacieuse, celui-ci n’a dans les faits, pas été retenu parmi les prétendants aux différents titres. De quoi mettre en lumière le fameux manque de représentativité de certaines branches du hip-hop actuelles dans les grandes cérémonies de récompenses.

Concernant, les vieux de la vielle, c’est Q-Tip du mythique groupe A Tribe Called Quest qui porte leur voix. Pour rappel, le crew sortait fin 2016, We Got it From Here… Thank You 4 Your Service. Un ultime album après dix-huit ans d’absence, qui en plus de ça, donnait une place importante au regretté Phife Dawg, décédé le 22 mars 2016. Aussi puissant et symbolique soit cet opus, il n’a lui non plus pas été nominé pour l’édition 2018 des Grammy Awards. En réaction à cela, le leader du groupe new-yorkais a poussé un coup de gueule. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en a gros sur le cœur.

Pourquoi aucun rappeur ne dis rien ? Putain de merde, je pète un plomb. Le dernier album de Tribe est sorti et on est même pas nominés ? Normalement, en décembre au Kennedy Center, on est censé honorer les meilleurs artistes pour les récompenser de leur travail. C’est vrai que je ne vois pas ce qu’on irait foutre là-bas. Fuck les Grammy’s ! On est le groupe le plus authentique, c’est toute une culture que nous défendons, que nous représentons. Ce putain d’album est sorti, le dernier album de Tribe. J’en ai marre de ces putain de Grammy ! L’année dernière, vous nous faites venir pour performer en clôture nous n’obtenons même pas une putain de nomination ? C’est n’importe quoi !

Que l’on partage ou non les valeurs des Grammy’s, souvenons-nous qu’aussi prestigieuse soit-elle, ce n’est pas une cérémonie de récompenses qui va dicter à elle seule nos goûts musicaux, mais bien nos sentiments et nos émotions. N’est-ce pas justement cela la véritable force de la musique, et de surcroît d’un genre comme le hip-hop ? Plus qu’un simple produit de consommation culturelle, la musique nous parle et nous fait grandir, évoluer. Parfois même, elle nous permet de franchir des épreuves et de faire face à l’adversité du quotidien. Un pouvoir extraordinaire et galvanisant qui a sans doute bien plus de valeur que n’importe quelle statuette dorée.

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