Interviews
Hache-P : «Je sais où je vais»
Après deux projets solo, Hache-P est passé à la vitesse supérieure avec Le Big, sorti cette année. Rencontre.
Qu’elle parait loin l’époque de la MZ. Depuis la séparation du groupe du 13ème arrondissement, Hache-P s’est lancé en solo. Alors que Before et Rock’n’Roll ont connu des succès contrastés, le rappeur a pris son temps, avant de revenir plein d’ambition cette année avec une mixtape de dix titres intitulée Le Big. Simple artiste au départ, Hache-P s’est mué en véritable touche à tout, créant son propre label, Chap Chap Records, ayant notamment produit Chily. Désormais la tête à l’artistique, on l’a vu opérer un retour en force aux côtés de Gazo, présent sur Le Big, ou encore 2zer et Aladin 135. On a pu aborder ces derniers mois avec lui, avant de voir plus loin, notamment aux côtés de certains noms que l’on connait bien.
Hache-P, on sort toujours de Le Big, sorti le 15 octobre dernier. Ça semblait être un projet important. T’as mis du temps à le travailler ?
J’ai mis quelques mois. Je devais sortir des trucs avant, mais au final on a décidé de sortir une mixtape 10 titres. On voulait même sortir un truc en commun avec Dehmo.
Ça s’est pas fait finalement ?
Ça ne s’est pas fait mais ça va se faire. C’est bouclé et ça arrive.
«Maintenant, je peux me concentrer sur ma carrière»
Pour en revenir à Le Big, est ce que t’es content du projet ? De sa réception ?
Ouais de ouf ! On a mis un peu de temps à le bosser mais bon, au final on est content du contenu. Et les gens ont kiffé, ma fan-base continue de s’agrandir. Par rapport au tout début de ma carrière solo, ça continue de grossir.
Le Big arrive après deux ans d’absence. Pourquoi s’est-il écoulé autant de temps depuis la sortie de Rock’N’Roll ?
Il y a eu la création de mon label, Chap Chap Records, sur lequel on a notamment produit Chily. Il y a aussi eu H-Lo et Ib Gaing, tout ça prend du temps. Avant on faisait tout nous même,-maintenant on arrive à déléguer, on a une vraie équipe, ce qui fait que maintenant je peux me concentrer sur ma carrière. Et t’as pu voir que cette année j’étais un peu partout, dans le projet de Gazo, Aladin 135, 2zer. Ça tue, c’est lourd.
Donc ce recul c’était surtout pour gérer le label et maintenant que tout ça est en place t’es à 100% dans ta musique ?
Exactement. Les équipes sont prêtes et maintenant on va faire le boulot. Et puis il y a la vraie vie aussi (rires). Ça dépend des humeurs. Le matin, t’es énervé, ça te parle d’aller au studio tu te dis : « Vas-y je dois régler ça d’abord ». C’est comme tout le monde, mais on s’accroche et on fait le truc.
Avant les débuts en solo t’as bien sûr fait partie de la MZ. Comment t’es passé d’une dynamique de groupe à devoir travailler seul ?
Déjà faut savoir qu’avec la MZ, on était en maison de disques. Et puis quand je me suis lancé en solo je me suis retrouvé en indépendant, mais 100% indé. Je viens juste de signer avec une maison de disques, mais tout ce qui a été fait jusqu’ici, je l’ai fait en indépendant, avec mon argent, mes moyens. Et en groupe forcément t’as moins de tâches. On est trois donc il y a moins de trucs à faire et ça va plus vite. Alors qu’en solo ça prend forcément plus de temps.
Comment tu t’es adapté à ça ?
Je sais faire de la musique, c’est mon truc. J’en fais pas depuis avant-hier, je fais de la musique depuis les années 2000, depuis l’époque des MySpace et des Skyblog (rires). Donc j’arrive à gérer le truc, c’est naturel et ça se fait au feeling. Avant je devais écrire qu’un couplet, maintenant c’est un, deux, trois couplets et des refrains. Mais c’est pas un problème parce que le truc on l’a, je pense que je l’ai et que je sais comment faire. Et je me donne la possibilité de faire les choses et je charbonne.
Est ce que le fait de partir en solo après des années avec la MZ t’as donné l’impression d’une sorte de retour à la case départ ?
Ouais mais exactement. Franchement pour moi ça a été retour à la case départ parce que ça a été de suite plus compliqué. Que ce soit par rapport aux médias, derrière toi il faut une grosse équipe, une maison de disque. Les gens ne jouent plus le jeu comme auparavant. Faut refaire le truc pour que les gens veulent de nouveau jouer le jeu. Faut limite refaire un nouveau jeu (rires). Tu sais pas forcément comment tout ça se passe et donc tu dois l’apprendre sur le tas.
Est-ce que c’est aussi pour ça que t’as voulu créer ton propre label ?
Ouais et j’ai été très têtu sur ce truc. Je voulais tout faire tout seul, alors que dans la musique il y a beaucoup de paramètres en fait. Mais c’est bien au final parce que j’apprends de mes erreurs et c’est comme ça que j’ai appris sur le tas. Donc tout ça a pris du temps mais maintenant j’ai mon équipe, je sais où je vais et j’ai beaucoup plus la tête à l’artistique.
Avec du recul et au-delà de la simple exposition qu’est ce que t’ont apporté tes années avec la MZ ?
Tout. J’ai tout fait avec la MZ. Mes premières tournées, mes premiers voyages. C’était lourd et je cracherai jamais sur la MZ. Ça m’a trop apporté dans ma vie. Je viens du 13ème et je sortais pas beaucoup de mon quartier, je partais en vacances à Grenoble parce que j’y suis né, je partais au bled et c’est tout. Et la MZ ça nous a vraiment sortis de ce quotidien.
Dans ce projet, Le Big, t’as négocié le virage de la drill avec réussite. De quel oeil t’as vu ce nouveau mouvement et comment tu te prends la drill au départ ?
Un soir j’étais avec Alpha Wann et c’est lui qui m’a montré des clips de drill anglaise. Et je me suis direct dit que ça tuait. Donc j’ai commencé à m’y intéresser. Et tu vois comme je te disais, je suis un rappeur des années 2000. Et si t’es un mec qui sait rapper, si t’as une instru drill c’est sur que tu vas la découper. Parce que comme je suis de l’ancienne école, qui était une école portée sur la technique, les placements, j’ai testé et j’ai kiffé.
On sent aussi que t’avais envie de faire danser, d’être festif dans ta musique à l’image du morceau avec Gazo.
Il y a eu le Covid, d’autres galères, donc j’avais vraiment envie de fêter. J’avais besoin de ça, de m’amuser. De danser au studio, m’enjailler avec mes gars. Donc ouais on avait envie de faire de la drill festive à l’opposé de ce qu’on avait pu faire sur son projet. Et en parlant de ça, ce dont je suis très fier c’est d’être dans le meilleur album de drill français. Pour moi DRILL FR c’est le meilleur album de drill qu’un rappeur français ait pu faire. Après il y a Ziak qui est bon ! Mais pour moi la drill en France c’est Gazo.
Et du coup comment elles se sont faite les connexions avec Gazo ?
Je le connais depuis des années. C’est Paris, on a des gens en commun depuis très longtemps donc on s’est attrapés. En fait c’est après avoir écouté « DRILL FR 1 », que j’avais kiffé qu’on s’est attrapés. On a fait « CACHE COU » qui à la base devait être le « DRILL FR 5 », au final il y a eu Hamza. On s’est donc dit que c’était peut-être mieux de mettre le morceau dans l’album. Et entre-temps on avait fait un deuxième son qui s’appelait « Ballon » au début. Au final on l’a appelé « Canon » et je l’ai mis sur Le Big. Gazo c’est vraiment un bon, je m’entend super bien avec lui, on se voit souvent. Et je suis super fier de ce qu’il a fait, de son parcours, parce que j’ai vu son évolution depuis le début, il revient de loin et ça tue. Je suis content pour lui.
En plus de Gazo on t’a donc vu aux côtés d’Aladin 135, 2zer…
2zer il était au collège et lycée avec moi ! On faisait des gros freestyles dans la cour de récré (rires). On se connait depuis très très très longtemps, depuis nos 14-15 ans. Et Aladin c’est le 13ème, c’est le petit reuf. J’ai fait VillaBanks aussi, un artiste italien, une vraie superstar en Italie. Il connaissait la MZ d’ailleurs, il kiffait la MZ.
Et du coup le fait de se montrer un peu plus en feat, c’était une manière de préparer le terrain avant la sortie du projet ? Il y a aussi eu quelques singles. On sent une sorte de déclic, une envie d’être beaucoup plus présent.
Exactement ! Après c’était pas calculé tu vois, c’est des trucs qui se sont fait au feeling. Mais j’ai compris qu’il fallait être là, un peu partout. Avant j’étais plus en mode la flemme.
Qu’est ce qui a créé ce déclic ?
En vrai ce déclic, c’est grâce à Chily. Quand on a fait « San Pellegrino », ça a tellement pété. On est partis en tournée, en showcase, on a fait des dates. Ça m’a rappelé un peu la MZ à l’époque. Ça m’a vraiment refait kiffer le truc mais pour de vrai. Avant je kiffais mais sans plus. Et c’est lourd que ça soit un petit jeune comme ça qui m’ait motivé.
«Mes objectifs à moi, c’est de gagner un Grammy Award !»
En tout cas Le Big semble vraiment être l’ouverture d’un nouveau chapitre dans ta carrière. Ça y est Hache-P est là, il a envie de faire de la musique et ça va envoyer.
Clairement ! On va envoyer d’autres volets. Comme je te disais il y a le projet avec Dehmo qui va sortir, après on sort un autre volet. Ensuite on verra pour un album, si ça se passe bien. Mais d’abord il y aura cette mixtape en commun avec Dehmo, qui je pense va être très chaude. On prend du plaisir, on s’amuse en studio.
Plus récemment on t’a vu sur Classico Oragnisé. Qu’est ce que t’as pensé du projet ?
C’est lourd, super fédérateur. Après il y a beaucoup de sons. Je te cache pas sur les 30 j’ai du en retenir que sept ou huit. Mais c’est un bon gros projet, avec du monde. Ça tue. Et ça fait forcément plaisir qu’on pense à toi et d’être appelé pour ce genre d’initiative. En plus j’ai découpé (rires).
Où est-ce que t’as envie d’aller avec ta musique ? Quels sont les objectifs d’Hache-P pour le futur ?
Si je te dis mes objectifs à moi, c’est de gagner un Grammy Award (rires). Ah ouais mon frère ! Et faire une tournée et une date au Madison Square Garden. Je suis un fou moi. Après plus sérieusement, partager ma musique, partir en tournée et en vivre toujours mieux. Et faire kiffer les gens, développer le label. C’est tout le mal que vous pouvez me souhaiter.