Musique
Homosexualité, angoisses et religion : Lomepal sans filtre pour Libération
Lomepal, artiste torturé et sensible, s’est dévoilé corps et âme sur des thèmes parfois tabous.
Réputé pour briser les codes du rap avec son ouverture d’esprit très poussée allant même jusqu’à se travestir pour sa pochette d’album, Lomepal aime également évoquer des sujets douloureux dans ses morceaux tels que la solitude, les angoisses de la vie ou encore l’envie de tout quitter. Artiste torturé ayant une vie tourmentée, il n’hésite pas à se confier librement pour Libération sur son adolescence difficile, ses peurs, ses questionnements sur la religion et même sur sa sexualité.
L’adolescence, passage de l’enfance à l’âge adulte n’est pas une période évidente pour tout le monde et Lomepal le confirme. Vivant avec sa mère et sa soeur, sans son père, le jeune rappeur n’a pas toujours eu la vie facile et s’est pendant longtemps senti incontestablement seul. Cette angoisse de la solitude, le jeune rappeur a mis du temps à s’en débarrasser et garde toujours au fond de lui cette peur enfouie. Cette anxiété peut être dangereuse en poussant subtilement l’homme à la dépression. Mais ça ne s’arrête pas là. A l’adolescence, les questionnements sur la sexualité sont pratiquement inévitables, et l’artiste en garde un souvenir assez douloureux.
« Vers 19 ans j’ai eu super peur d’être homosexuel. C’est pas grave d’être homo, mais ça m’a perturbé complètement. Ça m’a duré un an et je te jure, je voulais mourir à ce moment-là »
Sur ce, Lomepal a beaucoup médité à ce sujet afin d’y faire face. Il confie avoir tellement réfléchi qu’il a compris de lui-même l’inutilité de se torturer l’esprit :
« À force j’ai compris qu’il ne fallait pas chercher à ne pas être angoissé, juste accepter de ne pas avoir la réponse, de ne pas contrôler »
La spiritualité et le rap : ce qui a sauvé Lomepal
Le jeune parisien se confie également sur ses croyances religieuses dont il se dit déiste, autrement dit croire à l’existence d’un Dieu, comme un être spirituel propre à chacune des religions sans pratique de cultes et de rituels. Toutefois il précise dans une ancienne interview accordée à Alowanews ne pas être religieux, seulement avoir un rapport très manichéen à la religion, c’est pourquoi bon nombre de ses morceaux évoquent tout autant le paradis que l’enfer. Ces chansons sont également pour lui un moyen d’échappatoire, de s’évader tout en exprimant ses peines, ses douleurs et ses angoisses. Le rap a été un excellent moyen pour lui de se faire écouter :
« Un pote rappait devant moi en soirée, tout le monde l’écoutait. J’avais envie qu’on m’écoute. Je me suis dit ‘c’est simple, j’ai juste besoin d’un stylo, d’une instru’ puis j’ai écrit pendant un an et demi. »
Très lucide, Lomepal relativise sur la complexité d’être un artiste aujourd’hui en évoquant le côté éphémère de cette gloire :
« Ça veut rien dire être un artiste. Tout à coup tu vas sortir un truc trop bien et c’est juste un cadeau qu’on te fait. Du jour au lendemain tu peux devenir inintéressant et la seule qualité que tu peux avoir, c’est de t’en rendre compte »
De retour en décembre pour un nouvel album, on attend avec impatience la très attendue suite de Flip.